Scandale/ CEI : Le gouvernement tente un passage en force en fixant les sénatoriales au 24 mars

Par IvoireBusiness - Scandale/ CEI. Le gouvernement tente un passage en force en fixant les sénatoriales au 24 mars.

Le gouvernement ivoirien en conseil des Ministres. Image d'archives.

Selon le communiqué de la séance hebdomadaire du Conseil des ministres qui s’est tenue hier mercredi, la date de l’élection des Sénateurs a été fixée au samedi 24 mars 2018, « sur proposition de la CEI ».

En vertu d’une récente ordonnance numéro 2018-143 du 14 février 2018 relative à l’élection des sénateurs, en son article 6, les sénateurs sont élus dans chaque District Autonome et Région par un collège électoral composé des députés, des conseillers de District Autonome élus, des conseillers régionaux, des conseillers municipaux, à l’exception de ceux figurant sur une liste de conseillers de district Autonome élus.
Pour cette première élection sénatoriale au suffrage universel indirect et au scrutin de liste majoritaire à un tour, sans vote préférentiel ni panachage, il est créé, par décret pris hier en conseil des ministres, 33 lieux de vote et 35 bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire.
La fixation de la date de cette élection intervient dans un contexte de tension entre d’une part le pouvoir ivoirien et de l’autre l’opposition soutenue par la communauté internationale et la société civile.
Les divergences portent sur la réforme en profondeur de la Commission électorale indépendante (Cei), décriée dans sa composition aussi bien par l’opposition que par la société civile et la communauté internationale.
Son actuel président, Youssouf Bakayoko, cadre du Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, membre de la coalition Rhdp au pouvoir), est depuis 2011 au centre de polémiques pour son rôle dans la crise postélectorale : proclamation solitaire – la Cei se prononce en formation – de résultats hors délai constitutionnel et non consolidés, au QG de campagne du candidat Alassane Ouattara.
Après les recommendations de l’Onuci sur cette question, la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a condamné l’Etat de Côte d’Ivoire à modifier, dans un délai de douze (12) mois à compter du 18 novembre 2016, la loi n°2014-335 du 18 juin 2014 relative à la Commission Electorale Indépendante (Cei), pour la rendre conforme aux standards internationaux et à la Constitution ivoirienne.
De retour d’un séjour qu’il a effectué en Côte d’Ivoire du 22 janvier au 26 janvier derniers, le député de La France Insoumise, Michel Larive, a estimé, au cours d’une conférence de presse, que « la légitimité de la CEI – la Commission Electorale Indépendante ivoirienne est discutable. » ajoutant que « la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples a condamné le Gouvernement ivoirien et lui a clairement demandé dans un arrêt du 18 novembre 2016 de modifier la commission électorale. Elle reconnait que l’Etat “a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial, prévu par l’article 17 de la Charte africaine sur la démocratie”.
Pour l’élu de la nation, « cette condamnation par la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples met en relief un nouveau barrage à l’amélioration de la situation ivoirienne. Il faut, pour que négociation et réconciliation aient lieu, que l’Etat ivoirien accède aux demandes de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples, rapidement. »
Le FPI tendance Sangaré a récemment rédigé une mémorandum incluant la question de la Cei et un membre de l’opposition ivoirienne interrogé a estimé que « ce ballon d’essai est un mauvais signe pour la nécessaire décrispation. L’actuelle Cei est le symbole visible de la crise postélectorale de 2011. »

Da Sylla Benoit Dohao
Source: Direct225.com