Scandale au Ministère de l’Intérieur : Hamed Bakayoko noyé jusqu’au cou

Par Aujourd'hui - Scandale au Ministère de l’Intérieur. Hamed Bakayoko noyé jusqu’au cou.

Asalfo et Hamed Bakayoko au cabinet du Ministre de l'Interieur.

Le mercredi 23 décembre, Alassane Dramane Ouattara a signé trois décrets donnant le statut d’utilité publique à trois associations dont Mayama fondation. Détail important, son promoteur n’est autre que le ministre de l’intérieur qui est lui-même l’initiateur du projet de décret. Or, selon le porteparole du gouvernement Koné Nabagné, ces trois décrets confèrent désormais une légitimité particulière à ces associations qui ont ainsi le droit d’être subventionnées par l’Etat, par exemple, ou encore de bénéficier d’une fiscalité zéro sur toutes leurs importations diverses. Le ministre de l’intérieur s’offre ainsi un petit scandale sur fond de délit d’initié.
C’était l’information du mercredi 23décembr e qu’il ne fallait pas rater. Très peu d’Ivoiriens y ont pourtant fait attention. Après tout, dans un pays où les cadeaux aux amis politiques sont plutôt
monnaie courante, chercher à comprendre le passage réussi de Mayama fondation, partie d’un statut de parfaite anonyme à celui d’utilité publique, qui plus est en une seule année, c’est avant tout comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Surtout quand le scandale lui-même prend la forme d’un parfait délit d’initié.
En effet, ce mercredi-là, Mayama fondation n’est pas la seule association ainsi promue. Deux autres décrets érigent la fondation du footballeur international Didier Drogba et celle du groupe Magic system en associations d’utilité publique. On est donc loin du passage en force d’avril ou mars 2011 où AlassaneDramane Ouattara, parvenu au pouvoir, prend d’autorité un décret pour proclamer Children of Africa, l’ONG de son épouse, et Servir, celle de Bédié son allié du RHDP, associations d’utilité publique. Cette fois-ci, l’action semble désintéressée
a priori puisque les promoteurs concernés semblent loin du premier cercle des amis politiques. Sauf lorsque l’on découvre le fondateur de Mayama. De nombreux biens appartenant en effet au ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko portent ce patronyme qui serait celui de sa grand-mère. On a ainsi Mayama Editions, détentrice d’une roto d’imprimerie et du journal « Le Patriote », très proche du rassemblement des républicains mais avant tout propriété du ministre.
Selon le site de la fondation, en construction, Mayama fondation serait née en 2014. On ne lui connait pas d’acte de générosité particulière puisque le site n’en fait pas cas. D’ailleurs, vu le rang et les possibilités du promoteur, on peut croire que la mention « site en construction » dissimule des faits peu catholiques. Par exemple, sur la naissance de la fondation, en 2014, et probablement antidatée. Il est en effet établi qu’une association d’une telle ampleur ne peut pas mettre plus d’un an à se construire un site. Surtout lorsqu’elle vise, à terme, à devenir une association d’utilité publique comme depuis mercredi.
Mayama fondation n’a pas non plus de siège connu. Donc pas d’employés. Ce qui pourrait aisément expliquer pourquoi elle n’a pas de site.
Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Selon un journaliste de Déclic qui connait bien Magic System, c’est maintenant que le groupe va songer à construire un siège pour la fondation Magic System.
En attendant, le patron des magiciens reçoit dans les bureaux de sa boîte de nuit de Cocody et organise quelques dons après des spectacles à la promotion desquels il promet de reverser les bénéfices.
Ce qu’on peut difficilement vérifier chaque année.
Alors question, comment des associations qui n’ont pas de siège et de notoriété particulière peuventelles être déclarées associations d’utilité publique ?
C’est le principal enjeu de ce nouveau tour de passe-passe auquel le régime est coutumier lorsqu’il veut faire plaisir à ses amis.
La déclaration d’utilité publique a pourtant des conséquences juridiques assez précises. Une association déclarée telle peut en effet bénéficier de la subvention de l’Etat et obtenir des abattements fiscaux allant jusqu’à une fiscalité zeéro. C’est pourquoi il revient à l’assemblée nationale de déclarer une association d’utilité publique
après vérification de ses missions, de ses actions ainsi que de sa notoriété.
Parce que l’argent dont elles vont ainsi disposer est avant tout celui du contribuable.
Or, à part la fondation Didier Drogba qui a son siège à Cocody-les-II plateaux, les deux autres fondations ne sont pas aussi bien loties. Si Drogba a construit un hôpital pour enfants dans la commune d’Attécoubé, il n’en est pas de même des autres. Surtout de Mayama fondation dont le promoteur profite ainsi de sa position de ministre de l’intérieur, responsable de la gestion des associations pour s’octroyer des financements de l’Etat et bénéficier en sus d’abattements fiscaux indus.
Guerre impitoyable. Mais au-delà, cette déclaration d’utilité publique reconnue à Mayama fondation relève également d’une guerre de
succession ouverte entre Hamed Bakayoko, chouchou du gouvernement, et Guillaume Soro le président de l’Assemblée nationale.
Ce dernier a également créé sa propre fondation dénommée GKS fondation. Mais Soro n’a pas bénéficié des mêmes largesses de
Ouattara. Sans doute parce que celui qui est aux mannettes n’est pas celui qui peut lui faire les faveurs comme celles qui ont été
faites aux trois nouvelles associations devenues d’utilité publique et à Mayama fondation en particulier

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