SANGARE ABOU DRAHAMANE AUX IVOIRIENS : L'HEURE DE LA RECONQUÊTE DU POUVOIR ÉTAT POUR L’EXERCER SONNE...

Par Ivoirebusiness - SANGARE ABOU DRAHAMANE AUX IVOIRIENS. L'HEURE DE LA RECONQUÊTE DU POUVOIR D’ÉTAT POUR L’EXERCER SONNE...

Sangaré Aboudramane, Président du front populaire ivoirien (FPI), à la fête de la liberté à Gagnoa les 28 et 29 avril 2018.

La Côte d’Ivoire va mal, très mal dans un monde qui s’effondre. Le péril atomique guette le monde avec l’apocalypse promise par les puissances nucléaires. L’incapacité à trouver un compromis responsable et raisonnable menace de conduire à une guerre nucléaire.
Des anciens présidents de la République sont poursuivis par la justice, comme pour dire à ceux qui nous gouvernent que la roue tourne, tourne et que nul n’est omniscient ni omnipotent. Souvenons-nous de ce mardi noir du 18 février 1992, sous la houlette d’un certain Alassane Dramane Ouattara, alors Premier ministre, en mission contre la démocratie naissante et les propos prophétiques de Laurent Gbagbo :
«Ne pleurez pas chers amis, mes frères ivoiriens, on peut sortir de la prison pour être à la présidence et vice-versa». Ces propos ont été tenus de retour en prison après sa condamnation par le tribunal de première instance. Il évoquait la carrière de Nelson Mandela.
Karl Marx aurait eu 200 ans en mai 2018. A l’heure de ce bicentenaire, toute une actualité éditoriale et événementielle revient sur la vie et l’œuvre du philosophe, aujourd’hui unanimement reconnu comme un auteur majeur, et sans doute le meilleur penseur du capitalisme. Karl Marx qui inspira les révolutions socialistes du XXe siècle, a encore des disciples, trente ans après la chute du rideau de fer.
Contre toute attente, ils ont 20 ans et ils sont américains !
Alors que le qualificatif de ˝socialiste˝ effrayait leurs ainés, qui le jugeaient indissociable des régimes totalitaires du XXe siècle, une nouvelle génération n’hésite plus à se définir comme tel, et à revendiquer une lecture ˝marxiste˝ des événements.
«Quand j’avais 20 ans (il en a 35), se déclarer socialiste relevait de l’excentricité. Aujourd’hui, c’est le qualificatif que de nombreux jeunes assument.» Seth Ackerman, rédacteur en chef de la revue de gauche radicale Jacobin.
La Corée du Nord et la Corée du Sud marchent résolument vers la paix.
La Côte d’Ivoire, elle, émerge difficilement de sa convalescence d’après-guerre. La guerre contre la Démocratie a laissé des plaies qui ne sont pas cautérisées. Aujourd’hui, les ivoiriens ont l’impression qu’il n’y a pas d’issue et que tout est devenu trop complexe, qu’il est impossible de comprendre quelque chose.
Le mythe de l’émergence donne à penser que la Côte d’Ivoire se redresse. Il n’en est rien.
En effet, comment peut-on parler d’émergence à l’horizon 2020 sans la réconciliation qui va ramener la paix, la confiance et la cohésion en Côte d’Ivoire ?
Comment parler d’émergence quand celui qui s’autoproclame ˝président de tous les Ivoiriens˝ exclut, distingue, divise ?
Comment parler d’émergence quand il y a une coupure, une vraie césure entre deux Côte d’Ivoire, celle qui vote et l’autre qui s’abstient ? La Côte d’Ivoire qui s’abstient devient de plus en plus nombreuse, notamment dans les quartiers populaires.
Comment parler d’émergence quand la liberté de la presse qui est au fondement du système démocratique régresse dangereusement ?
Comment parler d’émergence quand les contre-valeurs triomphent des valeurs ?
Comment parler d’émergence quand la croissance tant vantée ne ruisselle que sur une caste d’initiés et non sur le plus grand nombre ? Quand l’eau, source de vie, fait cruellement défaut dans certains endroits ?
Comment parler d’émergence quand l’affairisme s’installe au sommet de l’Etat et que l’on gagne l’argent en vitesse, au mépris de toutes les règles de transparence, générant ainsi des conflits d’intérêts et des délits d’initiés ?
Comment parler d’émergence quand l’Etat de Côte d’Ivoire est au banc des accusés de faux et usage de faux avec les fraudes récurrentes à la Constitution et le discrédit jeté sur les décisions de justice ? Et la justice ivoirienne reste curieusement aphone, inaudible.
Comment parler d’émergence quand l’on décrie l’incivisme d’une certaine catégorie de personnes et que l’on fait de petits arrangements avec les textes, quand on ne respecte pas les règles qu’on a soi-même fixées ?
Quand Monsieur Ouattara fait voter une loi, c’est pour se donner le plaisir de la violer lui-même, en premier.
Comme pour nous dire : «C’est moi le gouvernement, j’ai tous les droits.»
Comment parler d’émergence quand on associe la République et ses symboles à une affaire entre groupements privés ? C’est vrai : Monsieur Ouattara est coutumier du genre.
Comment parler d’émergence quand on pourfend le principe de continuité de l’Etat, ce principe républicain, en s’attribuant avantageusement toutes les réalisations passées, présentes et futures de la Côte d’Ivoire ?
Comment parler d’émergence quand la justice ne rassure pas les investisseurs, les opérateurs économiques, les justiciables, parce qu’elle est aux ordres du régime Ouattara ?
Comment parler d’émergence avec une armée non républicaine dont on ignore l’effectif et la composition ?
Comment parler d’émergence lorsque la corruption gangrène le milieu des examens et concours où l’on peut continuer à s’inscrire et à composer alors que les résultats sont déjà connus ? «Quand on passe concours, on attend résultat, résultat attend nom : Fofana, Coulibaly, Bakayoko» (Yodé et Siro).
Comment parler d’émergence quand la jeunesse perd ses repères et va se chercher ? Sur le chemin, les jeunes rencontrent l’esclavage, ou au pire des cas, la mort dans les eaux glacées des océans qui leur servent de linceul ? Trop de pression. Trop de stress. Les jeunes sont devenus vieux parce qu’ils payent le prix de la précarité sociale.
Comment parler d’émergence quand les préfets et sous-préfets, ces représentants du chef de l’Etat, étalent dans le public leurs difficultés d’ordre sécuritaire et social, et que le gouvernement tarde à les rencontrer pour en débattre ? Alors que dans le même temps, les mutins qui ne connaissent que le langage des armes, sont immédiatement reçus et récompensés grassement sur les deniers de l’Etat alimentés par le contribuable ivoirien.
Comment parler d’émergence dans une société qui enlève et assassine les enfants, ces anges de la pureté et de l’innocence, dans des conditions démoniaques ?
Pour faire court, disons seulement comment peut-on être émergent à l’horizon 2020 quand la Côte d’Ivoire elle-même est en profonde immersion, quand la Côte d’Ivoire coule à pic, à l’image du Titanic ?
Pour conserver le pouvoir, Monsieur Ouattara a décidé de noyer les contre-pouvoirs tels que l’Assemblée nationale, et plus largement, toute forme d’expression électorale qui pourrait le léser. Il développe consciemment la conviction que le pouvoir ne se définit que par la violence au service de la violence, et que la fin justifie les moyens. Monsieur Ouattara est un abonné aux chemins raccourcis, par la force. Il a piétiné tous les principes éthiques et moraux qui sont au fondement du vivre ensemble. Il déroge à tous les termes de notre devise : ˝Union – Discipline – Travail˝. Au lieu de faire vivre ensemble, ce slogan de campagne du candidat Ouattara, le régime fédère un sentiment partisan, clanique. Ils aiment vivre ensemble chez les autres mais pas chez eux.
Pendant que la Côte d’Ivoire coule à pic et que les ivoiriens mènent une vie à crédit, pendant que Monsieur Ouattara a bel et bien abusé de tout le monde, y compris ses alliés extérieurs, il continue de bénéficier de l’assurance tous risques des dominants de ce monde. Comme pour dire : «Le peuple ne veut pas de Ouattara, c’est donc Ouattara qui nous convient». Tout simplement parce que Monsieur Ouattara fonctionne comme eux et veille jalousement sur leur immense butin amassé en Côte d’Ivoire. Tout simplement parce que le désordre en Côte d’Ivoire fait recette chez eux. Tout simplement parce que pour la France, Monsieur Ouattara incarne la continuité.
Il faut donc sauver le soldat Ouattara en maintenant loin, en détention, le Président Laurent Gbagbo qui, avec son retour va damer le pion à leur champion.
Pendant que la Côte d’Ivoire coule à pic et que le régime Ouattara ne se sent nullement concerné par les conditions de vie et d’existence des populations, l’actualité nationale est braquée sur les tribulations internes au Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).
De cette actualité-là, des enseignements sont à tirer :
1°) A l’initiative du Président Jacques Chirac, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) est né le 18 mai 2005, en France et a grandi dans sa haine viscérale pour le Président Laurent Gbagbo. Adepte de la fin justifie les moyens même les plus détestables, le RHDP, a fini par chasser l’impénitent Laurent Gbagbo du pouvoir. Pour le bonheur de l’Occident qui a ses intérêts bien au chaud, le Président Laurent Gbagbo, sous le déluge des bombes françaises et onusiennes, a été arrêté et livré comme un coffret-cadeau aux rebelles de Monsieur Ouattara, conduit de façon humiliante au Golf hôtel, quartier général de Monsieur Ouattara et du RHDP, transféré à Korhogo, enlevé de Korhogo et déporté ensuite à La Haye, à la CPI.
Le ciment de l’unité n’étant plus là, le socle déjà se désagrégeait. A l’épreuve du pouvoir, l’appétit venant en mangeant, la haine a changé de camp, s’est infiltrée et a fini par s’incruster dans le ménage qui n’était pas aussi parfait que cela puisque c’était un mariage de raison et non d’amour.
Les vieux démons et les vieilles querelles des années 1990 ressurgissent. Souvenirs, Souvenirs… Avec l’évolution favorable du dossier du Président Laurent Gbagbo à la CPI, vont-ils à nouveau se rabibocher pour faire front à l’adversaire commun qui, selon leur analyse, a profité de la querelle des héritiers d’Houphouët-Boigny pour usurper le pouvoir en 2000, ou peut-on considérer que la coupe est pleine et bien pleine ? L’un des camps va-t-il répondre à l’appel de la mère-patrie ? Attendons donc de voir.
2°) L’accord qui est au fondement de l’Appel de Daoukro semble, tout comme l’énigme du Sphinx, difficile à trouver, donc difficile à expliquer et à comprendre. Le pouvoir d’Etat fait l’objet d’un deal avec des promesses inconsidérées, loin du regard de l’opposition, loin du regard du peuple, le détenteur exclusif de la souveraineté et du suffrage. Au gré des positionnements et des ambitions, l’on se lèche, se lâche, se lynche. Et la guerre de succession, une guerre au long cours et aux longs couteaux, fait rage. Chacun y va de son commentaire, de son analyse et les révélations fusent de toutes parts. Et tout le monde rêve d’être Khalife à la place du Khalife, sans vouloir en payer le prix. Chaque camp fourbit ses armes, pousse ses pions. Chacun veut ruser avec l’autre. Personne n’est dupe dans ce poker menteur.
Malheur aux perdants ! Sommes-nous en train de vivre le psychodrame d’un régime finissant et d’un autre commençant ? Et la Côte d’Ivoire, que devient-elle ? Elle continue de danser sur un volcan dont l’éruption peut nous emporter tous autant que nous sommes.
3°) - De façon prémonitoire, le Président Laurent Gbagbo a tiré le grand enseignement de cette guerre fratricide : ˝Celui qui te fait roi a toujours un droit sur ton siège.˝
4°) – Ceux qui invoquent le nom du Président Félix Houphouët-Boigny de façon incantatoire et à des fins démagogiques et politiciennes, sont en train de le faire retourner dans sa tombe, de lui donner une nouvelle mort.
5°) - Un autre enseignement ? Nous sommes en droit de craindre le retour d’un parti-Etat avec le parti unifié RHDP qui devient une institution d’Etat. Messieurs Ouattara et Bédié se comportent comme si l’opposition n’existait pas, comme si la Côte d’Ivoire a renoué avec le parti unique. Cette nostalgie du parti unique est aussi dangereuse pour la démocratie que pour la République.
Il faut être conscient que les temps ont changé et que le parti unique a disparu depuis 1990 en Côte d’ Ivoire et que la majorité de la population a moins de 30 ans. Et que ces jeunes n’ont pas connu l’époque ˝flamboyante˝ du parti unique. Le temps n’est donc plus de recycler les recettes du parti unique mais d’insuffler dans la société des idées novatrices, pragmatiques et concrètes à même de répondre aux aspirations de chaque citoyen.
6°) - Un autre et dernier enseignement est qu’aujourd’hui, ceux qui nous gouvernent ont cassé la politique. On ne parle plus de projet, de valeurs, de vision. Chacun pense à manger en vitesse, de façon gloutonne. Ils parlent de partage du butin comme s’ils venaient de braquer la Côte d’Ivoire. Le casse du siècle. Où sont donc les débats d’intérêt national qui aborderaient les intérêts vitaux de la Côte d’Ivoire ? Oui, que devient la Côte d’Ivoire, notre patrimoine commun ? L’appétit du gain suscite l’euphorie. Il n’est pas gratifiant pour la politique et la République.
Pendant que la Côte d’Ivoire coule à pic, nous n’entendons plus ces sages, ces hommes politiques, ces visiteurs du soir, naguère si prompts à se rendre chez le Président Laurent Gbagbo pour ˝éteindre le feu˝.
Où sont-ils passés ? Pourquoi sont-ils devenus brusquement aphones, inaudibles ? Pourquoi ce silence coupable ? Sont-ils de ceux qui disent NON à l’ombre ? Martin Luther King : « Nos vies commencent à se terminer le jour où nous devenons silencieux à propos des choses qui comptent. » Il n’y a pas de honte à reconnaître ses propres limites dans un combat.
Pour notre part, au FPI, malgré les indicateurs qui sont au rouge, nous continuons à professer l’optimisme. Nous ressentons dans le pays, malgré tout, une forte envie de tourner la page, de vivre, de revivre, une volonté de bousculer les obstacles et de relever les défis qui s’imposent à nous. Les ivoiriens portent des lunettes virtuelles pour entrer dans une autre Côte d’Ivoire, celle de la Côte d’Ivoire renaissante. Par la voie de l’alternance qui est au fondement du système démocratique et qui est un atout démocratique majeur. Le FPI est cet outil qui doit répondre à l’appel des populations. Tel est donc l’enjeu de la reconquête du pouvoir d’Etat pour l’exercer par notre parti. «Il existe quelque chose de plus fort que toutes les armées du monde, c’est l’idée dont l’heure a sonné» (Victor Hugo dans les « Misérables). Oui, pour le FPI, l’heure de la reconquête du pouvoir d’Etat pour l’exercer a sonné.
La lutte continue et demain sera forcément meilleur avec Laurent GBAGBO président

Sangaré Abou Drahamane
Président par intérim du Fpi