Procès du putsch manqué au Burkina : Le Général Diendéré fait de graves aveux sur les dirigeants ivoiriens: « J’ai bénéficié du soutien moral de Soro et financier de Vagondo»

Par Linfodrome - Procès du putsch manqué au Burkina. Le Général Diendéré fait de graves aveux sur les dirigeants ivoiriens: « J’ai bénéficié du soutien moral de Soro et financier de Vagondo».

Procès du putsch manqué au Burkina. Le Général Diendéré fait de graves aveux sur les dirigeants ivoiriens: « J’ai bénéficié du soutien moral de Soro et financier de Vagondo».

On est à l’heure des grands déballages dans le procès du putsch manqué qui a cours en ce moment au Burkina Faso. Avant les véritables débats de fonds qui s’annoncent dans les jours et semaines à venir, la lecture des auditions préliminaires des mis en cause révèlent gravement une main de hautes autorités ivoiriennes derrière ce coup foirée menée par des éléments du défunt Régiment de sécurité présidentielle (Rsp). Des hommes restés fidèles au président déchu, Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire.

Dans le document de 196 pages que le bureau de l’instruction a rendu public, en attendant d’engager les rixes verbales entre Accusation et Défense, le Gal Gilbert Diendéré, ex-chef d’Etat-major particulier de Compaoré et patron du Rsp, fait de graves aveux sur sa collision avec des dirigeants ivoiriens. Il s’agit du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, dont le nom est cité dans l’affaire des écoutes téléphoniques, mais aussi d’un très proche collaborateur du président ivoirien, Alassane Ouattara, en l’occurrence son chef d’Etat-major particulier, le Gal Vagondo Diomandé. « Les commanditaires du putsch étaient le noyau dur du Rsp. J’ai été contacté pour prendre les choses en main. J’ai bénéficié du soutien moral de Soro (chef du Parlement ivoirien, ndlr) et du soutien financier de Vagondo. (…). J’ai eu 84 millions de F Cfa de Vagondo et du matériel militaire pour le maintien de l’ordre. Cet appui a été convoyé par la gendarmerie ivoirienne à la frontière de Ouangolo », a révélé dans les auditions préliminaires, l’ancien chef de la Sécurité de Blaise Compaoré, qui aurait même ajouté : « J’ai été contacté par Soro pour soutenir Zida (l’ex-chef de l’Etat après la chute de Compaoré puis ex-Premier ministre de la Transition, ndlr) et je n’ai pas donné suite à l’affaire».

Sur la question des écoutes téléphoniques, les informations livrées par le bureau de l’instruction a été au cœur d’un nouveau point d'achoppement entre les parties au procès. Celle-ci tend à lever tout doute sur l’authenticité de la bande soumis à analyse à un expert allemand. Cette analyse acoustique, a présenté le greffe de la chambre de jugement de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou, ne révèle « aucun trucage ». Une conclusion que rejette la Défense des accusés, qui suspecte une manipulation de la pièce à conviction citée et remet en cause sa validité du travail de l’expert allemant. Ce dernier, soutiennent les avocats des Généraux Diendéré et Djibril Bassolé, ayant « démissionné avant de reprendre l’expertise ». Ce qui suppose pourrait laisser croire que les pièces ont été manipulées. Au demeurant, pour les avocats, ce document est frappé d’illégalité dès l’instant où les écoutes effectuées l’ont été « en violation de la vie privée » des mis en cause.

Ces révélations et le csour normal du procès vont être interrompus par une opposition des avocats des accusés, qui réclament, comme ils l’ont fait le mardi dernier, la comparution de ceux qu’ils qualifient comme étant les « grands témoins ». A savoir le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, le président ivoirien et quatre autres chefs d’Etat, en plus du Moro Naba. Cette requête rejetée par le juge, Seydou Ouédraogo, ils ont à nouveau quitté la salle. Malgré tout, l’audience du jour s’est poursuivie, et la journée de ce samedi 31 mars 2018 s’annonce décisive, car le Gal Diendéré est prévu à la barre pour reconnaître ou non les charges retenues contre lui et les faits à lui allégués dans le compte-rendu d’audition du Bureau de l’instruction.

F.D.BONY

Infos : Traoré Tié, Envoyé spécial