Pr Georges Armand Ouégnin de retour en Côte d’Ivoire: «Nous allons remporter toutes les élections de 2020»

Par Le Temps - Pr Georges Armand Ouégnin, président de la Coalition EDS de retour en Côte d’Ivoire «Nous allons remporter toutes les élections de 2020».

Pr Georges-Armand Ouégnin, président de la Coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds), lors de son séjour à La Haye chez le Président Laurent Gbagbo.

Pr Georges-Armand Ouégnin, président de Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds), arrivé fraîchement de La Haye, donne les nouvelles du Président Laurent Gbagbo. Avant de dire ce que prépare Eds pour le combat.

Vous arrivez fraîchement de La Haye où vous avez été reçu en audience par le Président Laurent Gbagbo. Peut-on savoir comment va le Président ?

Je voudrai très sincèrement vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez de donner les nouvelles du Président Laurent Gbagbo. J’ai gardé le silence depuis mon retour parce que j’estime que la primeur de ces informations devait être réservée à la conférence des présidents de Eds qui vient de se terminer. Je voudrais associer à ces remerciements, nos frères et sœurs de la diaspora qui se sont mobilisés autour de la Plate-forme et ont massivement adhéré à la cause que nous défendons. Je remercie les vice-présidents de Eds que sont le ministre Kahé Eric (président de l’Aird), le président Stéphane Kipré de l’Ung, le docteur Boga Sako Gervais (président de Gradd afrique) et madame Adé Hortense, la représentante du Fpi en France. Avec toutes ces personnalités j’ai eu des échanges constructifs. Il y a aussi monsieur Bouablé Joseph Mamadou dit Jo Mamadou, monsieur Bernard Hourdin et bien d’autres personnalités qui nous ont apporté un soutien inestimable durant notre séjour. Eds a même enregistré deux nouvelles adhésions de partis politiques : il s’agit du Rpci-AC de M. Christian Vabé et le Npr de M. Pascal Logbo. A toutes ces personnalités, j’adresse toute la reconnaissance d’Eds…
Pouvez-vous revenir à la question ?

Pour en revenir à votre question, sachez que je suis, en effet, parti en France, le 02 août dernier, dans le cadre des rencontres scientifiques de haut niveau d’urologie. J’ai été invité par mes confrères français. En marge de ces travaux, j’ai rendu une visite fraternelle au Président Laurent Gbagbo qui m’a fait l’honneur de me recevoir le vendredi 04 août de 13h à 16h45 (heure locale) au pénitencier de Scheveningen où il est injustement incarcéré depuis novembre 2011. Nous sommes donc restés ensemble pendant près de quatre heures. Je dois dire que j’ai trouvé, à ma grande satisfaction, un homme en pleine possession de ses facultés mentale, morale et intellectuelle. J’ai trouvé un Laurent Gbagbo, souriant, serein, confiant, décontracté avec ses tapes et blagues amicales qu’on lui connait. Mais j’ai surtout rencontré un homme lucide et très préoccupé par l’avenir de la Côte d’Ivoire. J’ai eu aussi l’occasion de saluer et d’échanger quelques mots avec mon jeune frère, le ministre Charles Blé Goudé.
Justement, parlant de la Côte d’Ivoire, quels sont les sujets qui ont meublé vos échanges ?

Je vous rappelle que le Président Laurent Gbagbo est le référent politique de la plate-forme Eds que je dirige. C’était donc un devoir pour moi de lui rendre cette visite à l’occasion de mon séjour européen. Ensuite c’est un frère ivoirien qui, du fait d’une injustice manifeste, est en difficulté et qui a besoin de notre solidarité, enfin le Président Laurent Gbagbo est mon patron, parce que j’ai été son collaborateur dans son dernier gouvernement; et je suis un de ses farouches partisans qui épousent son combat politique pour la démocratie, la liberté et la justice en Côte d’Ivoire. Vous comprenez dès lors que nos échanges ne pouvaient porter essentiellement que sur des sujets qui touchent à la vie des Ivoiriens dont il a eu la charge et à la Côte d’Ivoire qu’il a dirigée avec grandeur et dignité. Le Président Laurent Gbagbo est préoccupé par la paix dans son pays, la cohésion et la réconciliation entre les ivoiriens. Nous en avons longuement débattu et il m’a instruit d’œuvrer inlassablement dans ce sens. Il nous recommandé avec insistance de faire de notre mouvement politique un instrument de rassemblement de tous les Ivoiriens au-delà des clivages politiques, religieux et ethniques. Il a souhaité qu’Eds fasse toujours preuve d’ouverture et surtout de tolérance. Le Président Laurent Gbagbo estime, à juste titre, que c’est dans la réconciliation et dans la paix que la Côte d’Ivoire va amorcer son décollage. Car comme vous pouvez en être convaincu, rien de grand, de solide et de durable ne peut se bâtir sans la paix qui est le préalable au développement harmonieux de notre cher pays. Il y va non seulement de notre intérêt, mais aussi et surtout de celui des générations futures. Le Président Laurent Gbagbo attache beaucoup de prix à la paix... c’est vraiment un artisan de paix. C’est quand même étonnant de la part d’une personne qui, comme vous le dites, est victime d’une injustice manifeste… Cela ne l’est pas, en réalité pour moi ni, j’en suis persuadé, pour la majorité des ivoiriens qui connaissent bien le Président Laurent Gbagbo. Ce n’est pas la première injustice qui lui est faite. Sa vie même est parsemée d’épreuves et d’injustices. Souvenez-vous de toutes les prisons qu’il a faites à cause de ses opinions, des événements de 2002 et leurs graves conséquences pendant dix longues années sur sa vie, sur celle de ses proches, sur la vie des Ivoiriens en général et sur sa gouvernance. Malgré tous ces torts que certains acteurs politiques actuels n’auraient jamais tolérés, le Président Laurent Gbagbo est resté fidèle à sa philosophie politique du «Asseyons nous et discutons », seule solution pour le règlement durable de tous les conflits sur cette terre des hommes. Durant sa gouvernance, le Président Laurent Gbagbo n’a jamais eu de posture de rancune et de revanche; bien au contraire, il a gouverné avec ses adversaires avant la rébellion de 2002 et après la survenue de cette rébellion. Souvenons nous que les accords politiques de Ouagadougou en 2007, sont de son initiative. La liste des actes qu’il a posée serait trop longue à énumérer. C’est cette même posture de tolérance, de réconciliation et de pardon qu’il adopte aujourd’hui encore, malgré sa détention injuste et arbitraire à La Haye. C’est pourquoi nous sommes convaincus à Eds que le Président Laurent Gbagbo est incontournable dans tout processus de réconciliation. Oui, je le dis avec conviction : aucune réconciliation vraie n’est possible en Côte d’Ivoire sans le Président Laurent Gbagbo ; il faut donc le libérer pour qu’il vienne jouer le rôle qui est le sien, à savoir mobiliser les ivoiriens et tous ceux qui vivent sur cette terre de Côte d’Ivoire, terre bénie de Dieu, autour de la problématique de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.

Quelle est votre schéma de la réconciliation à Eds ?

Le Président Laurent Gbagbo est réellement dans une disposition d’esprit où il n’en veut vraiment à personne, il n’y a vraiment aucun esprit de vengeance, aucune haine dans son cœur de chair. Je le dis avec certitude, il est sans rancune envers qui que ce soit. Seul compte pour lui, l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Je suis persuadé que le Président Laurent Gbagbo, de retour au pays, tendra la main à ses adversaires politiques et ensemble ils parleront de la Côte d’Ivoire, car c’est de cela qu’il s’agit. C’est le premier niveau du schéma dont vous parlez. En d’autres termes, pour Eds, cela veut dire qu’il faut d’abord vouloir sincèrement la réconciliation pour les ivoiriens. Or notre référent politique l’a veut et il est sincère. Ensuite, il faut libérer tous les prisonniers politiques qui sont injustement maintenus dans les liens de la détention depuis cinq ans pour certains et plus de cinq ans pour d’autres, sans jugement parfois. Enfin il faut organiser le retour de tous les exilés sur la terre de leurs ancêtres. Quand ces actes forts, courageux et responsables seront posés, par les tenants actuels du pouvoir, il faudra alors organiser un dialogue vrai et constructif entre tous les acteurs clés de la vie sociopolitique, exiger le repenti et accorder le pardon de la Nation à tous ceux qui d’une façon ou d’une autre, ont causé des torts à leurs frères et sœurs et demander à ces victimes d’accepter le pardon, bien entendu, avec réparation et réhabilitation. Le Président Laurent Gbagbo soutenu par Eds est prêt à jouer sa partition avec toute la bonne foi qu’on lui connait. N’est ce pas lui, Laurent Gbagbo, alors que rien ne l’y obligeait, qui a organisé dans ce pays le Forum national de la réconciliation ? A cette occasion, il a favorisé le retour au pays de tous ses adversaires politiques qui avaient été contraints à l’exil et qui ont pris une part active à ce forum. Pourquoi ne serait-on pas prêts aujourd’hui à rendre à Gbagbo ce que celui-ci a donné hier ? Pour notre part, nous voulons nous approprier toutes ces valeurs de paix, de pardon de réconciliation et de cohésion prônées par le Président Laurent Gbagbo pour rassembler les Ivoiriens de quelque bord politique qu’ils soient.

Est-ce dans ce schéma que veut rentrer le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro qui parle de demander pardon y compris au Président Laurent Gbagbo qu’il veut rencontrer à la Haye ?

J’avoue très franchement et très honnêtement que je ne saurai vous répondre dans la mesure où ce sujet n’a pas été abordé au cours de nos échanges. Cependant, personnellement je pense que toute initiative allant dans le sens de la paix et de la réconciliation entre les Ivoiriens doit être louée et encouragée, à la seule condition qu’elle soit placée sous le sceau de la sincérité et surtout de la vérité.

La réconciliation passe aussi par l’unité au sein du Fpi, parti fondé par Laurent Gbagbo. Qu’en pense t-il ?

Le Président Laurent Gbagbo ne m’a à aucun moment, parlé d’une quelconque division au sein de son parti, le Fpi. Il m’a en revanche longuement fait l’historique de son parti, de la clandestinité jusqu’à ce jour, du combat qu’il a toujours mené pour les libertés, la souveraineté et la démocratie avec ses compagnons notamment le président Abou Drahamane Sangaré qu’il appelle affectueusement «mon frère jumeau» à qui il voue une amitié et une confiance sans bornes et qui, dit-il, assure son intérim en Côte d’Ivoire. Il m’a d’ailleurs fortement recommandé de toujours me référer à son «frère jumeau» en cas de besoin, dans la gestion de la Plate-forme Eds sur laquelle il fonde beaucoup d’espoir.

Le Président Gbagbo n’ignore tout de même pas le dossier Affi Nguessan...

Je vous rappelle que je suis le président d’Eds. J’ai rencontré le Président Laurent Gbagbo en cette qualité pour avoir son onction, dans la mesure où il est le référent politique de notre Plate-forme. Nous avons eu des échanges très fructueux sur tout ce qui peut faire avancer notre cause et j’avoue que j’ai été suffisamment enrichi de ses conseils avisés. Le Président ne m’a aucunement parlé de ce dossier, pour reprendre vos termes. Il m’a assuré de son soutien et de sa confiance en Eds dont est membre influent son parti, le Fpi. Il nous a encouragé à toujours œuvrer pour la réconciliation nationale dans l’intérêt supérieur du peuple de Côte d’Ivoire.

Que pense le Président Laurent Gbagbo d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara ?

En grand homme d’Etat avisé qu’il est, le Président Laurent Gbagbo comme je vous l’avais dit tantôt, n’est animé d’aucun sentiment de rancune, mais il est beaucoup plus préoccupé par le quotidien de plus en plus difficile des Ivoiriens, par la paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire. Il nous a exhorté à être constamment proche du peuple, à travailler et à lutter pour la libération de tous les prisonniers politiques et au retour sécurisé des exilés. Nous nous sentons donc investi d’une noble et grande mission que nous comptons conduire avec détermination et engagement pour le changement qualitatif en Côte d’Ivoire sur le plan de la démocratie, des libertés et de l’Etat de droit…

Comment comptez vous y parvenir si vous n’envisagez pas de participer aux différentes compétitions électorales, c'est-à-dire vous engager dans la conquête du pouvoir d’Etat ?
Personne ne vous a encore dit que les partis politiques qui composent Eds ne s’engageront pas dans les compétitions électorales à venir. Nous serons à toutes les élections de 2020. C’est pourquoi, soyez en certains, nous allons nous donner les moyens pour que ces élections soient justes, libres, démocratiques, consensuelles et transparentes. Vous connaissez les conditions d’un scrutin transparent : il s’agit, entre autres, d’une liste électorale consensuelle, d’un découpage électoral équitable à partir de critères objectifs, d’une commission électorale véritablement indépendante, etc. Croyez-moi, ces conditions doivent être réunies et elles le seront … nous y veillerons. Ces élections ne se dérouleront pas dans les mêmes conditions que les précédentes. Non, cela ne sera plus possible. Il faudra désormais compter avec Eds qui se présente sur l’échiquier politique comme une alternative crédible pour le bonheur du vaillant peuple Ivoirien. Je voudrai vous faire partager ma profonde conviction en la victoire de Eds à toutes les échéances électorales de 2020.

Votre Plate-forme a été mise sur les fonts baptismaux le 20 avril dernier; et depuis, plus rien. Eds ne risque t-il pas d’être…

(Sourire)… Je vous vois venir. Mais tranquillisez-vous. Eds n’est pas une structure mort née. Nous avons effectivement procédé au lancement de notre organisation le 20 avril 2017. Il y a donc quatre mois de cela. Mais sachez qu’une organisation politique comme la notre qui se veut pérenne, une fois créée, a besoin de bien se structurer, de prendre des contacts nécessaires avec des partenaires qui existent et créer d’autres partenariats qui n’existent pas encore, de se doter d’un programme d’activités, etc. Cela demande du temps et du travail. Nous nous sommes consacrés à cela et nous avons bien avancé. Nous sommes partis à la rencontre de notre référent politique pour lui présenter officiellement l’organisation et avoir son onction. Toutes ces choses étant faites, il ne reste plus qu’à dérouler sur le terrain, notre programme d’activités. Et c’est à cela que nous allons nous atteler dans les semaines à venir. Nous sommes bien conscients de l’étendue de notre champ d’action et de l’espoir suscité par Eds au sein de la population, ici comme dans la diaspora ; c’est pourquoi, il était bon qu’on s’y prépare convenablement. Nous ne décevrons pas nos très nombreux partisans. L’heure du terrain a sonné et nous allons occuper ce terrain le plus rapidement possible. Vous êtes membre fondateur et étiez le premier vice-président du Rassemblement pour le Progrès et le Partage (Rpp).

Votre parti a organisé récemment un congrès et vous n’étiez pas à ces assises. Pourquoi ?

(Sourire) Je comprends la pertinence de votre question. Mais permettez que je n’y réponde pas sur la place publique. Tous les partis politiques connaissent à un moment donné de leur histoire des périodes de turbulence. Le Rpp, mon parti, en fait aujourd’hui l’expérience. Mais croyez moi, tout se règlera en interne.

Entretien réalisé par Yacouba Gbané yacou06336510@yahoo.fr