Municipales et régionales/ Le discours du Président Sangaré depuis Gagnoa: « 2018 doit être l’année de notre année ».« Nous devons être prêts car nous ne pouvons pas accepter...» (Texte intégral)

Par IvoireBusiness - Municipales et régionales/ Le président Sangaré Aboudramane depuis Gagnoa « 2018 doit être l’année de notre année ».« Nous devons être prêts car nous ne pouvons pas accepter ces élections là ».

Sangaré Aboudramane, Président du front populaire ivoirien (FPI), lors du lancement de la Fête de la Liberté 2018 à Gagnoa.

Discours du Président du FPI à Gagnoa lors du lancement de la fête de la Liberté

«…La Côte d’Ivoire est une et indivisible. Je suis à Babré, où Laurent Gbagbo est né. Où Laurent Gbagbo a sa sève nourricière. À Garahio où tout à commencer et aussi bien à Babré. C’est à cinq ans que Laurent Gbagbo est parti à Mama. C’est vous qui l’avez fait.
C’est pourquoi je dis, si Gagnoa tient, Laurent Gbagbo tient. Si Babré, Garahio tiennent, Laurent Gbagbo tient.
Laurent Gbagbo est le saumon qui remonte les courants inverses. En 1971, Laurent Gbagbo a été arrêté et envoyé au commandement au camp militaire à Séguéla et à Bouaké. C’est à Séguéla qu’il a formé son premier gouvernement et c’était un gouvernement d’anciens prisonniers.
Il est parti à Bouaké et c’est là-bas, où il a croisé le Général Guéi, qu’il a compris le sens du commandement, la discipline militaire. On pensait lui faire mal mais il a rebondi. En 1982, il part en exil France sous François Mitterrand.
On pensait qu’il était fini mais il a su rebondir. Il a écrit des livres «Propositions pour gouverner», «Alternative démocratique», et il a mis en place le Fpi. Il a rebondi en ayant sa carte de réfugié, après le discours de menace d’Houphouët-Boigny.
Il est revenu en Côte d’Ivoire en 1988 pour le Congrès constitutif et beaucoup disait qu’il a été acheté par Houphouët-Boigny. En 1990, il a tenu tête à Houphouët-Boigny. Il a été candidat contre Houphouët-Boigny en 1990 et les bulletins ont été dépouillés en 2000 où il a été Président. Il a été candidat en 1990 et il a fait du Fpi, le premier parti d’opposition de Côte d’Ivoire.
En 2000, dans des conditions calamiteuses, quand il est arrivé à la présidence, il n’a pas eu de repos, et c’est dans sa chambre qu’il a nommé le Premier ministre parce que la situation était difficile. Et là, Laurent Gbagbo a rebondi encore une fois.
En 2004, souvenez-vous de ces chars français près de la résidence présidentielle. Ils avaient même déjà un président dans leur char. Mais ils n’ont pu rien faire grâce à votre mobilisation. Et en 2010 vous avez vu ce qui s’est passé.
C’est pour vous dire qu’avec Gbagbo, on pense que tout est fini or c’est maintenant que tout commence. Et tout est train de commencer à la Cpi (ndlr Cour pénale internationale) (…) Tous les Présidents qui ont conspiré ont eu leur sort (…) Je prends l’engagement devant vous, que Laurent Gbagbo viendra plus tôt qu’on ne le pense.
Ce ne sont pas des mots pour me faire acclamer, car le sujet est trop sérieux pour vous tromper. Je ne sais ni le jour, ni l’heure, mais je ne peux pas vous mentir (…) Je suis heureux de voir mes parents du Nord ici. C’est de cette Côte d’Ivoire que Laurent Gbagbo rêve.
Le rassemblement de tous les Ivoiriens et pour la Côte d’Ivoire, il a fait le sacrifice. Nous étions à la résidence au moment des bombardements français. Ils ont proposé à Gbagbo un exil doré aux États-Unis avec un travail d’enseignant d’histoire.
Mais Gbagbo leur a dit pour la Côte d’Ivoire, je ne vais jamais fuir et je vais rester pour mon peuple. Donc quand vous chantez et dansez Gbagbo, restez dans la joie. Ce qui fait le Fpi aujourd’hui est que nous sommes dans la joie parce que l’avenir nous appartient.
Les lignes bougent. Gbagbo est parti tristement un soir, mais il nous reviendra en habit de gouverneur, dans la lumière (…) En 2011, la sonnerie aux morts a retenti. Il n’y a même pas eu de couronne pour enterrer le Fpi. Mais nous avons ressurgi grâce au président Miaka(…) Aujourd’hui, malgré les emprisonnements, le Fpi sera toujours là (…) On peut nous arrêter et nous emprisonner, mais le Fpi sera toujours là, car c’est une valeur et un symbole.
Vous avez donc raison d’honorer cette valeur et ce symbole qui est Laurent Gbagbo qui nous permet d’être là. Qui dit Laurent Gbagbo dit la première dame Simon Ehivet Gbagbo. C’est l’œuf et la poule. On ne sait pas qui a fait l’œuf et qui a fait la poule. Mais il y a longtemps qu’ils sont ensemble et ils seront toujours ensemble.
Sachez que là où Simone Gbagbo est, elle est fière, digne et solide. Rien ne peut l’ébranler. Vous avez raison de suivre les deux parce que ce sont des modèles d’honnêteté et d’intégrité.
Nous sommes ici pour lancer la fête de la Liberté. Nous n’oublions pas Akouré. Merci à Akouré, village digne, village fier. Akouré nous a appelés pour mettre fin à un mensonge d’Etat. On a dit que Laurent Gbagbo a brûlé une mosquée et un imam à l’intérieur. Mais nous sommes partis à Akouré et nous n’avons vu, ni mosquée, ni d’imam.
Et le village s’est battu et la fête a eu lieu. Les 28 et 29 avril 2018, Akouré sera en première ligne et va ouvrir le défilé pour passer le flambeau à Onibabré (…) Aujourd’hui, l’environnement est hostile. Et curieusement, M. Ouattara veut organiser les élections municipales qui étaient prévues pour 2021, sont brusquement ramenées à 2018. Pourquoi cela ? Face à tout ça, camarades, 2020 commence aujourd’hui. 2018 prépare et annonce 2020 (…) Si nous dormons en 2018, les dégâts pour 2020, c’est consommé. Comme on dit dans les mariages, si vous vous taisez en 2018, taisez-vous à jamais.
Donc, 2018 doit être l’année de notre année. De façon polie, nous avons lancé un appel à discuter. Mais comme je le dis, qui prépare la discussion, prépare la non-discussion. Sur la discussion, le Fpi a des dossiers. Sur la non-discussion aussi, le Fpi saura faire pour que les élections soient justes et transparentes. Pour vous dire que le temps n’est pas au doute et à l’hésitation. On ne nous pas demandé un combat, mais on nous impose un combat (…) Dites à M. Ouattara, nous ne voulons pas Youssouf Bakayoko à la tête de la Cei. Ceux qui peuvent le lui dire ça amicalement qu’ils le fassent. Youssouf Bakayoko, c’est celui par lequel le scandale est arrivé. Nous ne pouvons pas accepter cela.
Quand on est l’homme par qui le scandale arrive, il faut s’effacer. Le bourreau ne peut se conduire avec l’épandage de l’innocent. Celui qui a fraudé aux élections ne peut pas être président d’une commission électorale indépendante. Donc nous voulons un président choisi de façon consensuelle. Un président qui a des critères d’honnêteté, d’intégrité, de connaissance du processus électoral et de gestion des hommes.
Nous voulons aussi une composition de la Cei équilibrée. Parce qu’aujourd’hui avant tout combat, le pouvoir a déjà ses hommes. Nous voulons une composition équilibrée et le Fpi a des propositions. La liste électorale doit être fiable. Il faut que le découpage électoral réponde à des critères objectifs. Il faut aussi des conditions qui tiennent à l’environnement sécuritaire (…) Et sachez que le Fpi ne va pas une élection pour témoigner, quand le Fpi va une élection, c’est pour gagner et toute élection est politique.
Comme je vous l’ai dit, les élections locales préparent la présidentielle de 2020. (…) la Cour africaine des droits de l’Homme (…) a ordonné à la Côte d’Ivoire de reformer la Cei parce qu’elle n’est pas juste. Comment M. Ouattara qui été a mis en place par les institutions internationales peut leur tourner aujourd’hui le dos. Quand la Cour européenne des droits impose des sanctions, les pays concernés s’exécutent. Pourquoi M. Ouattara veut faire autrement ? Pour l’heure, le passage en force lui a réussi.
Il est assis sur ses carnets de chèques et d’adresse, il bénéficie de l’assurance tout risque des dominants de ce monde, alors il pense que tout est possible et il doit pousser son avantage jusqu’au bout. À un moment donné, quand c’est Non, l’homme dit Non.
Et aujourd’hui, pour la Côte d’Ivoire, le Fpi dit Non au passage en force. Pour la Côte d’Ivoire, prenons le temps de s’asseoir et de discuter (…) Mais pendant que nous les appelons à s’asseoir à discuter, nous n’allons pas les attendre tout le temps. Nous devons être prêts, car pour la Côte d’Ivoire, nous ne pouvons pas accepter ces élections là."

Sangaré Aboudramane
Président du FPI

Propos recueillis
Par Marcel Dezogno
Envoyé spécial à Gagnoa