Mort de Naomi Musenga : l’opératrice du Samu «suspendue», enquête préliminaire ouverte

Par Le Parisien - Mort de Naomi Musenga. L’opératrice du Samu «suspendue», enquête préliminaire ouverte.

Mort de Naomi Musenga. L’opératrice du Samu «suspendue», enquête préliminaire ouverte.

La direction des hôpitaux de Strasbourg a annoncé que la personne qui avait reçu l’appel de Naomi, 22 ans, avait été suspendue.
L’enquête ne fait que commencer après la mort de Naomi Musenga, 22 ans, décédée quelques heures après avoir été mal reçue lors d’un appel au Samu. Le point sur une affaire qui secoue le Samu.

L’opératrice suspendue
Devant le retentissement de l’affaire, l’opératrice qui avait géré l’appel de détresse de la jeune femme « a été suspendue à titre conservatoire », a annoncé la direction de l’hôpital.

« Une première analyse laisse à penser que les conditions de traitement de l’appel n’ont pas été conformes aux bonnes pratiques, mais seule l’enquête pourra le déterminer », a expliqué le directeur de l’établissement. Dans le même temps, le parquet de Strasbourg a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « non-assistance à personne en péril ». Naomi avait dû appeler SOS médecins qui avait finalement… appelé le Samu. Elle est décédée à l’hôpital quelques heures plus tard d’une défaillance multiviscérale sur choc hémorragique.

« Il fallait que tout le monde sache »
La famille de Naomi explique ses interrogations et sa démarche auprès de France 3. « On a demandé l’enregistrement parce que l’on ne comprenait pourquoi Naomi a dû attendre si longtemps pour être prise en charge », explique Louange Musenga, sa grande sœur.

« L’enregistrement nous a choqués. On ne s’attendait pas à ça, poursuit-elle. Dans l’appel, il y a des personnes qui rigolent entre elles, elles font semblant de ne pas comprendre le nom […]. On se demande comment une personne humaine peut poser ce genre de question à une personne qui est en train de mourir. Il fallait que tout le monde sache ».

Le père de Naomi, lui, s’interroge sur la formation des personnes qui reçoivent les appels du Samu. La famille a demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire, en plus de l’enquête administrative.

Musenga était la mère d’une petite fille qui a maintenant 22 mois.

Les pompiers disent avoir « respecté » la procédure
Les pompiers du Bas-Rhin ont assuré dans un communiqué que leur procédure avait « bien été respectée » lors de l’appel de Naomi Musenga aux services de secours le 29 décembre, quelques heures avant sa mort.

« Le service a procédé à un contrôle en interne : la procédure en vigueur a bien été respectée », déclare le Service départemental d’incendie et de secours du Bas-Rhin (SDIS 67), assurant qu’il « demeure évidemment à la disposition des enquêteurs ».

Notant qu’il avait « été cité dans plusieurs médias et sur les réseaux sociaux dans le cadre de la prise en charge de l’appel de Madame Naomi Musenga », le SDIS 67 confirme qu’une opératrice des pompiers « a bien réceptionné l’appel de Madame Musenga, transmis par les services de police ».

« L’appel a ensuite été transféré au SAMU conformément aux dispositions conventionnelles SDIS - SAMU », détaille-t-il.

Agnès Buzyn va recevoir les urgentistes
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a indiqué sur RTL qu’elle recevrait les médecins urgentistes « la semaine prochaine ».

« Je recevrai tous les médecins urgentistes dès la semaine prochaine pour faire le point une fois que j’aurai éclairci les différents problèmes qui se sont succédé autour de cette prise en charge », a-t-elle dit, évoquant la date de « lundi ».

Retranscription de l’échange avec le Samu
Le 29 décembre dernier, Naomi Musenga appelle le Samu en disant « aidez-moi ».

-Si vous ne me dites pas ce qui se passe, je raccroche », explique l’opératrice.

-Madame j’ai très mal, répond Naomi

-Oui ben, vous appelez un médecin, hein, d’accord ? Voilà, vous appelez SOS médecins

- Je peux pas

- Vous pouvez pas ? Ah non, vous pouvez appelez les pompiers, mais vous ne pouvez pas…

- Je vais mourir.

- Oui, vous allez mourir, certainement, un jour, comme tout le monde.

- Vous appelez SOS médecins, c’est 03 88 75 75 75, d’accord ?

- S’il vous plaît, aidez-moi madame…

- Je peux pas vous aider, je ne sais pas ce que vous avez.

- J’ai très mal, j’ai très très mal.

- Et où ?

- J’ai très mal au ventre […] et mal partout.

- Oui, ben, vous appelez SOS médecins au 03 88 75 75 75, voilà, ça je ne peux pas le faire à votre place. 03 88 75 75 75. Qu’un médecin vous voie, ou sinon vous appelez votre médecin traitant, d’accord ?

- D’accord (dit dans un murmure).

- Au revoir.
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