Lutte contre l’injustice internationale: Alain Cappeau livre les clefs de la libération du Président Gbagbo.

Par Le Nouveau Courrier - Lutte contre l’injustice internationale. Alain Cappeau livre les clefs de la libération du Président Gbagbo.

Une du journal Le Nouveau Courrier du 24 août 2016.

La libération du président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé préoccupent les démocrates ivoiriens,
africains voire du monde entier. Mais quelle stratégie adopter pour atteindre cet objectif ? Le conseiller
spéciale du président Gbagbo, Alain Cappeau livre ici, dans cette tribune initialement intitulée «Les clefs
de Scheveningen» des pistes de réflexions, notamment sur la pétition, pour gagner en efficacité.

Un procès politique est un étouffoir duquel il faut s’extraire par des moyens souvent peu conventionnels. Il existe pour cela des clefs dont certaines sont imaginaires, d’autres truquées et
d’autres réelles. Pour ouvrir les portes du pénitencier de Scheveningen nous en avons déjà utilisé un certain nombre, mais en vain. Alors essayons de comprendre pourquoi ces portes ne s’ouvrent pas, tout en étant convaincu que dans un procès politique, il n’y a souvent, malheureusement qu’une clef, celle que possède l’accusation.
Un de mes anciens étudiants me disait dernièrement : «Ce n’est pas du droit qu’il faut faire à la CPI pour libérer Laurent Gbagbo de ses chaînes, c’est de la médecine psychiatrique,
car attaqué par un psychopathe, puis déporté (…) et détenu par une brigade de névrotique, à l’évidence le chemin du droit nous conduit directement dans un cul de sac». Confronté à ce bon
sens, je compris très vite, ce que mon subconscient savait déjà, à savoir que juger le raisonnement des autres, quand ce raisonnement porte sur un sujet imposé par un
postulat, est une aberration mentale qui retourne du domaine de l’irrationnel.
En d’autres termes, vouloir culpabiliser Laurent Gbagbo pour des faits dont il n’est aucunement responsable, sans lui laisser prouver qu’il a bien gagné les élections de 2010 et qu’il a, de fait en tant que chef d’Etat, chef des armées, défendu son pays dans le cadre d’une légitime défense, relève d’une manipulation mentale que l’on pourrait qualifier de névrose obsessionnelle
qui assiègerait l’esprit des juges de la CPI. Et si, de surcroit, on qualifie de délires, les jugements, perceptions et sentiments erronés
de l’accusation qui altèrent le sens de la réalité, nous aurons alors fait le tour de l’hypothèse médicale évoquée par notre ancien étudiant.

Malheureusement cette «clef pathologique» nous est inaccessible… car elle ne fait l’objet d’aucun alinéa dans les statuts de Rome !
Foin de médecine, revenons à des considérations plus probantes. Que peut faire une Union Africaine drapée
dans ses grandes vertus éthicomorales, pour aider à la libération anticipée de son fils Laurent Gbagbo des serres de la CPI !
Malheureusement rien, sauf à vociférer avec emphase contre le grand Satan blanc qui rit sardoniquement sachant les liens de subordination et d’obéissance que celle-ci lui doit.
Sous les vertus se cachent souvent les vices, disait La Rochefoucauld.
En effet il y a un intérêt bien égoïste à vociférer et à ne rien faire quand on est totalement dépendant des allocations financières, fécondes justement en vices, en provenance de l’Union Européenne, des USA, de la Chine ou encore de la Banque Mondiale qui représentent plus de 70% du budget de fonctionnement…
pharaonique de l’Union Africaine.
Oublions donc cette institution, pour réemprunter le «chemin roumieux» du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et solliciter quelques indulgences.
A cette échelle, «là où l’humanité se charge de rendre les hommes inhumains», la confusion est à son paroxysme et le délitement
des valeurs devient le système de référence d’une communauté d’intérêts qui se perd dans les limbes de l’irresponsabilité et du soliloque. Là où les pleutres sont aux manettes, aucune prise n’a jusque-là permis l’amorce d’un début de concertation pour évoquer le cas du Président Gbagbo. Les Etats membres, permanents ou pas étant exclusivement aux ordres de
leurs propres intérêts, justement pointés du doigt par la défense politique de Laurent Gbagbo.
Là où chacun attend de l’autre qu’il ne fasse rien, tous préfèrent les subordonnés qui se contentent de ne pas désobéir à des instructions subliminales, à ceux qui prennent positivement des initiatives. Et à ce petit jeu Ban Ki-moon le secrétaire général des Nations Unies, ce marchand d’illusions, est un orfèvre en la matière !
S’il existe une clef auprès d’un Conseil de Sécurité des Nations Unies (qui instruit la CPI de ce qu’elle doit faire sans en justifier le bien-fondé), il faudra aller la chercher en violant quelques secrets d’Etat, mais ça c’est une autre histoire.
Des clefs pour ouvrir les portes du pénitencier de Scheveningen, il y en a donc, cependant, comme nous venons de l’exposer, nous ne pouvons y avoir accès…et ça n’est pas faute d’avoir
à de nombreuses reprises essayé !
Alors, soit nous attendons dans le couloir de la mort qu’un inique verdict nous prenne à la gorge, soit nous tentons le diable en provoquant un séisme pour débusquer la
lâcheté qui se cache dans les lieux de pouvoir. A ce titre la pétition internationale demandant la libération immédiate de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, initiée par
le doyen Bernard Dadié, reste un moyen de pression efficace, mais encore faut-il qu’il soit pensé, structuré, finalisé et implémenté avec méthode, en fonction d’une stratégie intentionnelle dont l’impact doit être précisément étalonné, sans angélisme. Il est impératif que ce moyen devienne, devant l’imposture universelle qui se déroule à la CPI, un acte révolutionnaire, un
appel à la force citoyenne.
Précision utile : nous parlons bien ici de pétition et non pas de pétition de principe, aux fins d’écarter toute ambigüité que d’aucuns pourraient utiliser à dessein dans une procédure,
à venir. En effet une pétition de principe est un raisonnement faux, une faute de logique ou sophisme qui consiste à affirmer une conclusion, comme étant vraie, par principe.
Ceci dit, revenons à notre pétition internationale et supposons que, de par le monde, quelques millions de pétitionnaires aient pu se réunir pour s’engager dans cette démarche
de minorité agissante, dans un laps de temps raisonnable. Qu’allons-nous alors faire de ce recueil de signatures, en sachant que si la valeur juridique d’une pétition est
inexistante, la pression qu’elle peut exercer sur les décideurs politiques peut être déterminante voire décisive dans la suite de la procédure
engagée à la CPI. Il appartient donc aujourd’hui aux organisateurs de cette opération de masse de se poser la question de savoir quels sont les Etats qui accordent à leur
population un droit de pétition recevable devant les représentants de leur exécutif, puis de les solliciter par le biais de leur parlement. La charte des droits fondamentaux de
l’Union Européenne adoptée en 2000, par exemple, assure le droit de pétition devant le Parlement Européen sous certaines conditions.
Si, pour action, les instances nationales et internationales qui font florès au sein de la Communauté Internationale, doivent être saisies, pour information, la Presse, mais
pas n’importe quelle, pas celle qui excelle dans l’art de faire croire au peuple ce que son gouvernement juge opportun de lui faire admettre,
doit également être sollicitée.
Il faut savoir que la puissance, le pouvoir et le succès d’une pétition sont étroitement dépendants de l’organisation qui la crée, et si la pétition en ligne au travers de la plateforme Change.org a aujourd’hui tant de succès sur les 196 pays qu’elle couvre, c’est bien parce que 100 millions d’utilisateurs ont compris que le Net restait le meilleur avocat de tout mouvement de fronde et de contestation. La voix du peuple n’ayant d’autorité que lorsqu’elle est celle d’un peuple contenu, il n’en reste pas moins que les exigences
de celui-ci doivent être à l’échelle de ses épreuves. De fait, les acteurs de la pétition pour la libération de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devraient façonner eux-mêmes leurs propres
clefs pour ouvrir légalement les portes de Scheveningen. La défense de ces deux otages des puissants, doit être agile, et opérer là où on ne l’imagine pas, surtout lorsque nous
savons que toute attente ou exigence explicitement évoquée dans un procès politique porte inévitablement atteinte à la liberté des accusés.

Par Alain Cappeau. Conseiller Spécial
et ami du Président Laurent
Gbagbo.
NB : les titre, surtitre et chapeau
sont de la Rédaction.