Ghana: Le ministre Emile Guirieoulou explique dans les détails, son arrestation à la frontière Ghana-Togo

Par IvoireBusiness - Ghana. Le ministre Emile Guirieoulou explique dans les détails, son arrestation à la frontière Ghana-Togo.

Le Ministre Emile Guirieoulou, président de la coordination du FPI en exil au Ghana. Image d'archives.

"Le samedi matin je me rendais à Lomé pour des raisons médicales. Lorsque je suis arrivé à la frontière Ghana-Togo, mais du cote du Ghana, je me suis présenté au service de l’immigration pour remplir les formalités. Donc je remplis les fiches de police. J’ai donné mon passeport de réfugié. Ils ont scanné le passeport, ils ont fait les photos. Avant de me conduire dans un bureau ou ils me posent des questions.
Ils demandent depuis combien de temps je suis au Ghana. Je leur ai dit que je suis au Ghana depuis 2011. Ils demandent mon passeport est-il le premier passeport que j’ai reçu. J’ai répondu que j’étais à mon troisième passeport. Ils ne me disent rien. Et je leur demande qu’est ce qui se passe ? je leur dit de regarder dans le passeport qu’il ya plusieurs cachets. Alors je leur demande pourquoi me posent-ils ces questions aujourd’hui ? Ils me disent qu’il n’ya rien.

Ils prennent mon passeport et me laissent dans le bureau. Ils vont dans un autre bureau. Au bout de 15 min quand ils reviennent, ils demandent si je n’ai pas de problème avec les autorités du Ghana. Je leur réponds en disant que je n’ai pas de problème avec le gouvernement. A ma connaissance il n’y a pas de problème. Et je leur demande s’il y a un problème. Qu’ils me le disent ! A partir de cet instant, ils me disent qu’ils ont eu des instructions qui disent que je ne devais pas sortir du Ghana. Et que les instructions qu’ils ont reçues demandent qu’ils me mettent aux arrêts. Je leur demande ce que j’ai fait. Ils disent qu’ils ne savent pas. Mais quand ils ont interrogé leur ordinateur, c’est ce qui est affiché selon eux.

On est resté là en train de discuter pendant longtemps. Ils m’ont amené dans un autre bureau où ils m’ont soumis à un interrogatoire. Des choses banales. Est-ce que je suis marié ? J’ai combien d’enfants ? où est ma femme ? où sont mes enfants ? où est ce que j’habite à Accra ? mon adresse... Après cet interrogatoire, ils me disent d’écrire ma déposition. C’est-à-dire d’écrire que les questions qu’ils m’ont posées et ce que j’ai répondu. Je dois disent-ils l’écrire en anglais.
Ils m’ont demandé ce que je faisais avant de venir au Ghana. Je leur ai décliné mon identité. Et que j’ai été membre du gouvernement. Ils m’ont demandé la fonction que j’occupais. Je leur dit que j’ai été d’abord ministre de la fonction publique et de l’emploi. Ensuite ministre de l’intérieur et que j’ai été aussi député pendant 10 ans. Puis je leur demande ce qui se passe. Ils me disent que ce sont des formalités. Et qu’après je vais continuer mon voyage. Je leur demande : « je vais continuer quel voyage puisque vous dites que je ne peux pas sortir. » Ils me disent de remplir les formalités.

Quand j’ai fini d’écrire le papier, ils l’ont lu et m’ont demandé de signer. Et j’ai signé. Ensuite ils m’ont envoyé dans le bureau de leur patron, qui après avoir lu le document leur a dit que ce n’est pas de leur compétence, ce n’est pas de la compétence de l’immigration. Mais du domaine du BNI ( Renseignements généraux ghanéens), équivalent de la DST. Il demande à ses agents de m’emmener au BNI. Deux policiers m’ont escorté dans les bureaux du BNI. C’est là que j’ai compris que c’était sérieux. J’ai alors joint les camarades à Accra pour leur dire que la police m’a mis aux arrêts. Une fois au BNI , on me pose les mêmes questions et on arrache même mes téléphones sous le prétexte que je n’ai pas le droit de les garder.

Apres une trentaine de minutes, un responsable rentre dans le bureau et me dit que je suis libre. Mais il me demande de lui dire qui a informé sa hiérarchie. Car sa hiérarchie l’a appelé pour qu’il me libère. Je lui réponds « vous avez pris mes portables donc je ne saurais quoi dire. » Il me dit qu’une autorité a appelé sa hiérarchie. Il ne sait pas comment sa hiérarchie a été informée. Puis ils se mettent tous à s’excuser auprès de moi en m’expliquant qu’ils se sont trompés de personne. Et que la personne qu’ils recherchent à presque la même identité que moi. Ils me font savoir que les gens de l’immigration n’ont pas fait attention. Ils m’ont présenté leurs excuses et m’ont libéré. Je suis resté dans leurs locaux de 8h à 11h.

Je ne pouvais plus continuer. Ils avaient proposé m’accompagner jusqu’à la frontière avec le Togo. Je leur ai dit que ce n’était pas la peine du moment que je j'allais retourner à Accra. Parce que je ne sais pas ce qu’on me réserve coté togolais. Ils ont insisté mais j’ai dit non. Il faut dire que pendant que j'étais dans leur bureau, le docteur a appelé. Ils ont tout fait pour me convaincre d’aller au Togo mais j’ai refusé. Je leur ai dit prendrais un autre rendez vous avec lui. Je précise qu’ils ne m’ont pas brutalisé. Ils m’ont traité avec respect.

Le Ministre Emile GUIRIEOULOU"