Ghana : La Coordination du FPI en exil dénonce la condamnation du Ministre Hubert Oulaye à 20 ans par la cour d’assises d’Abidjan

Par IvoireBusiness - Ghana. La Coordination du FPI en exil dénonce la condamnation du Ministre Hubert Oulaye à 20 ans par la cour d’assises d’Abidjan car il s’agit d’une décision politico-judiciaire.

La Coordination du FPI en exil au Ghana recevant une délégation de la société civile ivoirienne (Forsci) lors de leur récente visite à Accra.

DECLARATION N° 001-2018 DE LA COORDINATION FPI EN EXIL RELATIVE A LA CONDAMNATION DU MINISTRE HUBERT OULAYE PAR LA COUR D’ASSISES D’ABIDJAN
Le 26 décembre 2017, la Cour d'Assises d’Abidjan a condamné le Ministre Hubert Oulaye à 20 ans de prison pour complicité d’assassinat de 18 personnes, dont sept soldats de l’ONU.
Cette accusation reposerait sur des supposés aveux de témoins interrogés par la DST et notamment ceux d’un libérien dans le portable duquel auraient été retrouvés le numéro de téléphone du ministre Hubert Oulaye et ceux d’un certain nombre de personnalités ivoiriennes dont, comble du ridicule, celui du président Laurent Gbagbo à La Haye. Comme si le pouvoir Ouattara, si attaché à la Cpi, ignorait les règles de fonctionnement de cette cour qui n’autorisent pas que les détenus puissent disposer de téléphone personnel. Mais, comme il faut casser du pro-Gbagbo, on ne craint même plus d’offrir de notre pays cette image d’inculture généralisée qui jette l’opprobre sur la qualité de notre justice et de ses animateurs.
UN DOSSIER VIDE ET DONC NON CONSISTANT
L’accusation soutient que le ministre Hubert Oulaye aurait financé à hauteur de deux millions de FCFA le commando qui a mené l’attaque du 8 juin 2012 non loin de la ville de Taï, attaque au cours de laquelle sept casques bleus nigériens ont perdu la vie.
Tout au long du procès, l’accusation n’a produit aucun élément de preuve pour établir la complicité du ministre Hubert Oulaye. L’accusation n’a jamais produit une quelconque preuve de la remise d’une somme de deux millions à un certain Goulia Didier. Celui-ci, propre témoin de l’accusation, et qui est supposé avoir convoyé les deux millions, a pourtant soutenu à la barre n’avoir jamais reçu du ministre Hubert Oulaye une telle somme d’argent.
D’ailleurs le régime actuel qui a monté une rébellion pour parvenir au pouvoir sait très bien que ce n’est pas avec deux millions de francs CFA qu’on peut financer une telle opération. Là où, selon Koné Zakaria, en plus de l’achat des armes, Alassane Ouattara fournissait 25 millions par mois uniquement pour l’entretien de ses rebelles. Là où Henri Konan Bédié, aux dires de Konaté Sidiki, a apporté la somme de quatre milliards de francs CFA, pour sa contribution au succès de l’entreprise de déstabilisation du pouvoir de Laurent Gbagbo.
De plus, les procès-verbaux d’audition des personnes prétendument entendues par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) n’ont jamais été produits. En lieu et place, la DST a seulement produit « une note synthèse », qui n’est pas prévue par la loi. La DST n’a pu fournir non plus un répertoire des appels passés avec ces présumés interlocuteurs du ministre Hubert Oulaye en lien avec l’attaque.
Pire, certaines curiosités qui frisent le ridicule ont été notées. Ainsi, l’accusation reprochait au ministre Hubert Oulaye de projeter faire débarquer des armes par avion à l’aérodrome de Taï(à partir d’où ?), alors que tout le monde sait, sauf la DST et le procureur, qu’il n’existe pasd’aérodrome à Taï. On peut donc en déduire aisément « la qualité de l’enquête » menée dans cette affaire.
Nous nous étonnons d’ailleurs que l’attaque ayant eu lieu en juin 2012, qu’aucun mandat d’arrêt n’a été délivré durant la très longue période qui a suivi, encore moins à l’arrivée du ministre Hubert Oulaye à Abidjan, de retour d’exil, le 30 novembre 2014 alors que nous savons tous que s’il y a une chose dont le régime n’est pas avare, c’est la délivrance des mandats d’arrêts nationaux et internationaux contre les pro-Gbagbo.
Du fait de ces accusations non fondées, les observateurs s’attendaient à ce que la Cour d’assises rende un arrêt de non-lieu. Mais, en lieu et place, elle a préféré produire une décision qui frise le scandale.
UNE DECISION POLITIQUE
La Coordination FPI en exil dénonce cette énième décision qui s’inscrit dans la droite ligne de la « justice des vainqueurs » qui a cours en Côte d’Ivoire depuis l’avènement de monsieur Alassane Ouattara au pouvoir en 2011 et qui est caractérisée par la traque des partisans du Président Laurent Gbagbo sanctionnée par des décisions arbitraires et des lourdes peines d’emprisonnement.
La Coordination FPI en exil fait le constat amer d’une décision politico-judiciaire dont le but inavoué est de mettre Hubert Oulaye hors de toute compétition sur le plan politique.
En effet, dans la perspective des prochaines élections locales en 2018 et générales à partir de 2020, le pouvoir actuel entend écarter un adversaire gênant, qui, il faut le rappeler, a été élu successivement député de Guiglo en 2000 puis président du conseil général de ce département en 2002.
La ferveur observée autour de lui dès la fin de sa détention préventive abusive en juin 2017 indique clairement que le ministre Hubert Oulaye est un homme politique qui compte comme en témoignent les nombreuses visites à son domicile de populations venues de toutes les régions de la Côte d’Ivoire.
Sa tournée dans la région du Cavally, sa région d’origine, a donné un coup de fouet à la remobilisation des militants du FPI et redonné espoir aux populations qui, depuis la crise postélectorale de 2011, se sentaient orphelines. Cette tournée a démontré le solide attachement des populations du Cavally au Président Laurent Gbagbo et au FPI dont le ministre Hubert Oulaye est l’incarnation.
La Coordination FPI en exil note que cette décision n’encourage pas le retour des exilés, car bien de personnalités rentrées au pays ont fait l’objet d’arrestation sous des prétextes fallacieux. Rappelons que le ministre Oulaye a passé deux ans en prison, suite à son arrestation le 4 mai 2015, soit cinq mois après son retour d’exil du Ghana et quelques jours seulement après avoir participé au 3ème congrès extraordinaire qui s’est tenu à Mama, village natal du président Laurent Gbagbo.
Cette décision montre par ailleurs que les appels aux exilés à rentrer au pays « sans aucune crainte » constituent des traquenards pour museler définitivement l’opposition ivoirienne.
La Coordination FPI en exil déplore ce verdict qui, manifestement, ne va pas dans le sens de la réconciliation nationale pourtant nécessaire après la déchirure profonde intervenue après la crise postélectorale de 2011. Au contraire, ce verdict nous ramène vers l'acrimonie et la polarisation politique.
La Coordination FPI en exil regrette que la justice ivoirienne soit devenue une justice aux ordres et interpelle les magistrats quant à leur responsabilité historique dans la réconciliation nationale.
La Coordination FPI en exil lance un appel au peuple ivoirien à ne pas se laisser distraire par des actions visant à l’éloigner de l’objectif essentiel et vital pour notre pays qui est la réconciliation nationale actuellement en panne et qui passe par la libération du Président Laurent Gbagbo.
Nous sommes allés aux élections en 2010 sans désarmement et donc sans volonté de réconciliation de ceux qui détenaient ces armes. Nous en connaissons les conséquences.
Mobilisons-nous au cours de cette années 2018 pour arracher au régime Ouattara les conditions de cette réconciliation qui devra nous conduire à des élections apaisées, démocratiques et crédibles en 2020.

Fait à Accra le 02 janvier 2018
Pour la Coordination FPI en exil
Le Président
Le ministre Emile Guiriéoulou