Gabon: Libreville en feu. Le QG de Ping pris d'assaut, deux morts et plusieurs blessés

Par Ivoirebusiness - Gabon. Le QG de Ping pris d'assaut, deux morts et plusieurs blessés.

Jean Ping, opposant du président gabonais sortant Ali Bongo, à Libreville, la capitale gabonaise, le 16 août 2016. (SAMIR TOUNSI / AFP).

Libreville en feu hier après l'annonce de la victoire d'Ali Bongo face à l'opposant Jean Ping.
L'Assemblée nationale a été incendiée de même que le Sénat. Les forces de l'ordre tirent à balles réelles sur la population. « 2morts et plusieurs blessés. C’est le même scénario depuis 50 ans », selon Jean Ping qui appelle la communauté internationale à intervenir. Il appelle au recomptage des voix. "Il faut qu'on recompte les voix car Ali veut me voler ma victoire", a-t-il déclaré.

Jean Ping a également affirmé que son QG à Libreville avait été pris d'assaut par les forces de sécurité dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques heures après l'annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba. L'assaut a fait deux morts selon Ping.

L'assaut des forces de sécurité gabonaises contre le QG de l'opposant Jean Ping à Libreville vise « des criminels » ayant incendié l'Assemblée nationale quelques heures après la réélection contestée du président sortant Ali Bongo Ondimba, a affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement.

« Il y a deux morts et plusieurs blessés de source sûre », a dit M. Ping en évoquant un premier bilan de l'assaut, donné quelques heures après les violences ayant secoué la capitale à la suite de la proclamation des résultats donnant la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba.

M. Ping, qui a fédéré autour de lui des poids lourds de l'opposition gabonaise pour la présidentielle tenue samedi, a accusé les forces de sécurité d'empêcher les services de secours de prendre en charge les blessés alors que l'assaut, lancé en milieu de nuit, était toujours en cours au petit matin.

« Des personnes armées qui ont incendié le siège de l'Assemblée nationale se sont repliées au QG de Jean Ping en même temps que des centaines de pilleurs et de casseurs (...) Il ne s'agit pas de manifestants politiques mais de criminels », a déclaré le porte-parole parole du gouvernement Alain-Claude Bilie-By-Nze.

« Ils ont attaqué vers 01 h 00 (locale, 00 h 00 GMT). C'est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves », a déclaré M. Ping par téléphone, précisant qu'il n'était pas sur les lieux.

« Des violences extrêmes »

« Depuis près d'une heure, tout le bâtiment est encerclé (par la garde républicaine, ndlr). Ils veulent rentrer dans l'immeuble, ils lancent des grenades lacrymogènes, ils tirent (...). Ce sont des violence extrêmes. Cela va être un carnage s'ils tirent dans l'obscurité », car l'électricité a été coupée, a raconté Zacharie Myboto, le président du parti Union nationale (opposition), présent au QG.

L'opposant gabonais Jean Ping, qui revendique sa victoire à l'élection présidentielle de samedi dernier, a déclaré jeudi matin que les forces de sécurité et la garde républicaine avaient pris d'assaut son QG de campagne, faisant deux morts et de nombreux blessés.

Affirmant que « tout le monde sait » qu'il a remporté la présidentielle face au président sortant Ali Bongo, il a réclamé une assistance internationale pour protéger la population. « Nous avons dit que le peuple gabonais est en danger il faut venir nous aider contre ce clan (Bongo) », a-t-il dit, demandant à « bénéficier des ambulances des services français militaires et civils présentes dans le pays ». Il a précisé avoir été en contact avec les responsbales de l'ambassade de France.

Bongo donné gagnant

Le gouvernement gabonais n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations. L'annonce, un peu plus tôt mercredi, de la victoire du président sortant a déclenché des émeutes à Libreville, les partisans de M. Ping contestant les résultats du scrutin.

L'Assemblée nationale a été incendiée par des manifestants et, selon des journalistes de l'AFP, au moins six personnes ont été admises à la polyclinique Chambrier de la capitale gabonaise pour des blessures par balle.

Selon la commission électorale, le président sortant, 57 ans, a été réélu pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d'Ali. Cet écart marginal représente une différence de 5 594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.

Paris demande l'arrêt des affrontements

La France a demandé jeudi l'arrêt « au plus vite » des affrontements au Gabon. Le ministre français, Jean-Marc Ayrault, a déclaré que les événements de la nuit à Libreville suscitaient sa « plus vive préoccupation ».

« Dans le cadre d'un processus électoral, il n'y a aucune place pour la violence », a-t-il ajouté. « J'appelle en conséquence toutes les parties à la plus grande retenue, afin d'éviter de nouvelles victimes. »

« Il faut que la confrontation cesse au plus vite et que la sécurité des personnes soit assurée. C'est dans l'intérêt supérieur du Gabon et de tous les Gabonais. »

Le chef de la diplomatie française réaffirme que la contestation des résultats de l'élection présidentielle « doit pouvoir se faire par les voies juridictionnelles, dans le cadre d'une procédure transparente et impartiale ».

« C'est de cette manière que la sincérité du scrutin pourra être établie de manière incontestable », ajoute-t-il.

Mireille Kouamé avec Ouest France