Euro 2016 : la France rejoint l’Allemagne en demi-finales

Par Le Monde - Euro 2016. La France rejoint l’Allemagne en demi-finales.

Les Français n’ont pas fait de quartier dimanche au Stade de France en dominant l’Islande (5-2). Aucune équipe n’avait inscrit quatre buts en première période d’un match lors d’un Euro.

Le peuple islandais va pouvoir reprendre une activité normale : les Bleus ont brutalement mis fin au conte de fées scandinave qui avait enchanté toute l’Europe depuis trois semaines, Angleterre exceptée. Dimanche soir à Saint-Denis, lors du dernier quart de finale du tournoi, il n’y a pas eu de match, et c’est l’équipe de France qui l’a gagné : 5-2, grâce à Giroud (× 2), Pogba, Payet et Griezmann.

Le rêve islandais s’est achevé au Stade de France, celui des Bleus se poursuivra au Vélodrome. Les hommes de Didier Deschamps, dont le contrat stipulant l’accession au dernier carré du tournoi est rempli, y ont désormais rendez-vous avec l’Allemagne, jeudi 7 juillet, à 21 heures. Avec, au bout des quatre-vingt-dix prochaines minutes, la perspective d’une finale face au Portugal ou au Pays de Galles, qui se seront affrontés la veille.

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Paul Pogba vient de doubler la mise face à l’Islande, et n’adresse aucun bras d’honneur à personne. MICHAEL SOHN / AP

Ce sera forcément plus compliqué face aux champions du monde que face aux Islandais, terriblement limités, et mis en pièces en moins d’une mi-temps par des Bleus qui ont retrouvé, au bon moment, une habitude perdue récemment au cours de cet Euro : marquer tôt. Dès la 12e minute en l’occurrence, grâce à Giroud, parfaitement lancé depuis la ligne médiane par Matuidi, et qui trompait Halldorsson d’une frappe croisée entre les jambes. Le 19e but en bleu de l’attaquant d’Arsenal (53 sélections), son deuxième du tournoi après celui face à la Roumanie en ouverture.

Huit minutes plus tard, à la retombée d’un corner tiré de la droite par Griezmann, Pogba surgissait au second poteau, dégommait Bodvarsson de l’épaule et le ballon de la tête, pour le propulser (le ballon, pas Bodvarsson) dans le petit filet islandais. Un sixième but en équipe de France que la pépite de la Juventus Turin pouvait célébrer en effectuant un « dab sa sarabande fétiche (20e, 2-0).

Le bijou de Griezmann

Dans un 4-2-3-1 (virant parfois au 4-4-2) sans Kanté ni Rami, suspendus et remplacés par Umtiti – première sélection pour le néo-barcelonais de 22 ans – et Sissoko, placé sur l’aile droite, les Bleus allaient frissonner très légèrement sur une des fameuses longues touches islandaises (25e) et sur un coup franc lointain de Sigurdsson, que personne ne reprenait, et que Lloris captait en deux temps (41e). Mais la possession de balle quasi permanente et la supériorité technique trop manifeste des Tricolores allaient se concrétiser en fin de période grâce à deux buts en deux minutes, qui brisaient pour de bon les jambes islandaises en même temps que le suspense.

Payet d’abord (43e), au bout d’une jolie combinaison Sissoko-Giroud-Griezmann, s’emmenait le ballon du droit, puis frappait à ras de terre du gauche, à l’entrée de la surface. Enchaînement parfait, et troisième but du tournoi pour Payet, qui poursuit sa traversée de l’Euro confortablement assis sur son nuage. Griezmann ensuite (45e), après une longue ouverture de Pogba depuis sa moitié de terrain, intelligemment déviée par Giroud pour l’attaquant de l’Atlético Madrid, qui pouvait filer seul au but marquer pour la quatrième fois de l’Euro – il en est le meilleur buteur –, d’une sublime pichenette du pied gauche. Pied gauche, c’est maintenant une tradition, que Dimitri Payet venait embrasser avec autant d’amour que Laurent Blanc embrassait le crâne chauve de Fabien Barthez en 1998.

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Dimitri Payet embrasse le soulier gauche d’Antoine Griezmann, qui vient d’inscire le but du 4-0 pour les Bleus face à l’Islande, dimanche 3 juillet 2016.
En quarante-cinq minutes, sous l’incessant crachin parisien, l’Islande avait pris l’eau. Et la seconde période, aussi calme pour l’équipe de France que les précédentes avaient été tourmentées, allait évidemment manquer d’un peu de sel, et de l’atmosphère de ferveur.

Deschamps a pu faire tourner

On notera que l’Islande, loin de baisser les bras – on parle autant des joueurs que des supporteurs, dont le légendaire clapping, copié par les fans français, a rythmé toute la partie –, a remporté le deuxième acte 2-1, grâce à des buts de Sigthorsson (56e) et de Bjarnasson (84e), contre un de Giroud (59e). Sur un lointain coup franc de Payet, le Gunner envoyait son mètre quatre-vingt-douze devancer la sortie de Halldorsson et s’offrait un doublé, puis une ovation lors de son remplacement, dans la foulée, par Gignac.

On retiendra peut-être aussi la parade miraculeuse de Lloris à l’heure de jeu, ou encore la solidité de Sissoko. Mais, de cette rencontre trop déséquilibrée pour en tirer des conclusions en vue du prochain épisode, on retiendra surtout que Didier Deschamps a pu faire tourner son effectif, et remettre rapidement sur le banc ses deux joueurs menacés de suspension en demi-finales en cas d’avertissement (Giroud à la 60e, et Koscielny, remplacé par Mangala à la 72e).

Les Bleus seront donc au complet pour leur grand retour dans le dernier carré d’un tournoi, un stade qu’ils n’avaient plus atteint depuis la Coupe du monde en Allemagne, en 2006. Une demi-finale cinq étoiles les attend à Marseille, où ils retrouveront la Mannschaft, deux ans après le quart de finale perdu de la Coupe du monde 2014 (0-1), pour une revanche évidemment périlleuse mais pas forcément injouable.

Henri Seckel (Saint-Denis, envoyé spécial)
Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste

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