Débats et opinions : Uhuru Kenyatta, second chef d’Etat devant la CPI et la candidature de Gbagbo en 2015

Par Correspondance particulière - Uhuru Kenyatta, second chef d’Etat devant la CPI et la candidature de Gbagbo en 2015.

UHURU KENYATTA SECOND CHEF D’ÉTAT DEVANT LA CPI
ET LA CANDIDATURE DE GBAGBO EN 2015

Nous devons sans cesse lutter pour faire triompher la vérité, en rappelant
les faits que s’évertuent à manipuler les ennemis de la démocratie en
Afrique. Uhuru Kenyatta n’est pas, en effet, le premier Chef d’État à
comparaître devant la CPI mais plutôt le second, après Laurent Gbagbo qui
a, conformément à notre Constitution, été proclamé président de la
République ivoirienne. Cette précision est vitale pour tous les pays
francophones de l’Afrique où la Communauté internationale (la France)
s’obstine à atteindre un double objectif, par le biais de ses serviteurs
Alassane Ouattara et Blaise Compaoré ; se substituer à nos Cours
constitutionnelles en infirmant ou en confirmant nos résultats
présidentiels, puis à nos Constitutions en faisant des opinions ou des
directives du Conseil de sécurité de l’ONU des actes politiques
contraignants, contrairement à ce qui se passe dans les démocraties du
monde où toute décision de l’ONU n’est exécutée par les États
concernés que si elle est conforme à leur Constitution. Du point de vue du
droit national ou international, Gbagbo, ayant été proclamé par notre Cour
constitutionnelle président de la Côte d’Ivoire, est un président en
exercice qui comparaît devant la Cour pénale internationale. Affirmer que
le président Kenyan est entré dans l’histoire parce qu’il est le
premier Chef d’État à comparaître devant les juges de la CPI est une
manipulation politique qui vise à tourner la page Gbagbo. Tourner la page du
président Gbagbo c’est tourner la page de nos Cours constitutionnelles
africaines, c’est leur retirer leurs prérogatives, leurs compétences. La
candidature, par exemple, d’Alassane Ouattara, rendue possible, grâce à
des dispositions particulières prises par le président Gbagbo, est devenue
un cas de jurisprudence. Ouattara n’a plus besoin de dispositions
particulières pour se présenter aux élections de 2015 puisqu’il a
suscité, au moyen des armes et conformément à la politique africaine de la
France, un état d’exception dans notre pays, où toutes les décisions
politiques revêtent, dans un tel contexte, un caractère exceptionnel. Cette
érosion subtile et progressive de nos Constitutions africaines par la France
et ses alliés doit être relevée, combattue, et l’acquis du président
Gbagbo; sa volonté politique d’organiser des élections démocratiques en
Côte d’Ivoire mérite d’être préservée. Ces principes politiques
propres à la démocratie, au-delà de nos partis politiques respectifs,
permettront à nos états africains de survivre à ces leaders politiques qui
avilissent leurs frères pour leur bien être matériel et pour bénéficier
de la protection de la métropole avide de nos matières premières, de nos
richesses. L’arène politique ivoirienne (africaine) est un champ de
guerre, celle, avant tout, des idées, des concepts, des faits où nous
devons faire triompher la vérité, comme l’a souligné le ministre Charles
Blé Goudé, à la Haye, et non le mensonge. Gbagbo est, en effet, le
président des Ivoiriens, et Alassane Ouattara celui imposé aux Ivoiriens
par la France. Blaise Compaoré, prêt à fouler aux pieds la Constitution du
Burkina Faso, sera certainement, dans un avenir assez proche, identique à
Ouattara si les « hommes intègres (les burkinabé )» choisissent de brader
leur intégrité morale, constitutionnelle. Il sied de relever une seconde
différence subtile entre les présidents Uhuru Kenyatta du Kenya et Laurent
Gbagbo de la Côte d’Ivoire. Uhuru Kenyatta est poursuivi par la CPI pour
des crimes commis lors des violences postélectorales ayant suivi la
présidentielle de 2007. Ce n’est qu’en 2012, cinq ans après ces
événements, que la Cour pénale internationale l’a mis en examen pour
crimes contre l’humanité, un an avant les élections qui devaient
l’opposer à Raila Odinga. Cette mise en examen à la veille des élections
présidentielles ressemblait étrangement à un traquenard politique, en vue
d’empêcher l’élection certaine d’un leader politique populaire mais
« non fréquentable ». Vainqueur
des élections avec 50,07%, le 04 mars 2013, Kenyatta, président du Kenya,
détenteur, qu’on le veuille ou non du pouvoir d’état, s’est
présenté face aux juges de la CPI, dans le but de répondre des crimes de
guerres qu’il aurait commis comme leader politique. Uhuru Kenyatta ne verra
certainement pas, contrairement au président Gbagbo, ses charges
confirmées. Les déclarations de la procureure Bensouda, lors de la
comparution du président Kenyan, met en évidence toute la complexité et le
caractère absurde de la justice internationale. Bensouda, en invitant la
Cour à obliger le gouvernement kenyan à fournir toutes les autres lignes
téléphoniques utilisées par le président Kenyatta qui confirmeraient son
lien avec les crimes de guerre, se ridiculise. Comment la Cour internationale
qui refuse, elle-même, de se faire harakiri, en désignant un expert
indépendant dans le but d’enquêter sur la mort du juge démissionnaire
Hans-Peter Kaul, peut-elle se permettre de demander à un président de la
république en exercice de fournir à la justice internationale des preuves
pour démontrer sa culpabilité ? Alassane Ouattara, qui a une peur bleue,
une aversion pour la démocratie, pour le président Gbagbo et son ministre
Blé Goudé s’emploie naturellement à fournir à la Cour internationale
des dossiers montés de toutes pièces, des experts dits indépendants pour
maintenir à la Haye son bienfaiteur (Gbagbo), pour incriminer ses
adversaires politiques. S’il traite ainsi le président Gbagbo, qui lui a
permis de se présenter aux élections présidentielles, ou ceux qui ont
donné leur poitrine pour le voir accéder, de force, à la magistrature
suprême de notre pays, il y a lieu de se demander ce qu’il réserve à
Bédié et au PDCI, qui ont lancé contre lui un mandat d’arrêt
international. Cette brève digression a pour but de relever le caractère
vindicatif des accusations portées à l’encontre du président Gbagbo, et
la volonté délibérée du régime d’Abidjan de saper tout processus
démocratique. La CPI est devenue dans les mains d’Alasssane Ouattra
l’instrument de sa vengeance vis-à-vis de tous les Ivoiriens, héritiers
de la lutte politique d’Houphouët « le sécessionniste ». La comparution
du président Kenyan face aux juges « impuissants » de la CPI devrait
amener les militants du FPI, les démocrates ivoiriens à comprendre que la
libération du président Gbagbo, du ministre Blé Goudé, des prisonniers
politiques, de tous les Ivoiriens du joug de Ouattara et de la France passe
par son élection en 2015. Un fois élu, il se présentera comme Uhuru
Kenyatta à la CPI , mais pourra collaborer, en toute liberté, dans la
transparence, avec la Cour, étant détenteur du pouvoir d’État. La nature
politique du procès du président Gbagbo et de son ministre réside, en
effet, dans la collaboration entre la Cour pénale internationale et le
pouvoir d’État de notre pays. Ne sont accusés et condamnés par la CPI
que ceux qui ne bénéficient pas de la protection de l’État ; il ne peut
en être autrement puisque le procureur de la CPI est, avant tout, le
représentant de l’État en question et les juges, les représentants du
Conseil de sécurité. Il est difficile pour la CPI de revendiquer son
indépendance vis-à-vis des grandes puissances et des États. Il nous
appartient, par conséquent, de libérer Gbagbo et Blé Goudé dans les
urnes, en allant aux élections. Tout soulèvement populaire face aux
personnes, aux autorités politiques qui chercheront à confisquer notre
souveraineté, en falsifiant les résultats présidentiels de 2015, sera,
dès cet instant, légitime.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)