Débats et opinions: Les Forces Nouvelles trahies par la France et Alassane Ouattara

Par IVOIREBUSINESS - Les Forces Nouvelles trahies par la France et Alassane Ouattara.

Soldats des Forces nouvelles. Image d'archives.

LES FORCES NOUVELLES TRAHIES PAR LA FRANCE ET ALASSANE OUATTARA

Les Forces Nouvelles, groupes armés à l’origine du Coup d’État de
2002, et protagonistes de la bataille d’Abidjan, comptent dans leurs rangs
des personnalités politiques et militaires accusés de crimes contre
l’humanité par la Cour Pénale Internationale (CPI). Au Mali les rebelles
du Nord ont égorgé des autorités administratives de leur pays, commis des
crimes odieux, sans être menacés par la CPI. La France demande, au
contraire, aux autorités politiques maliennes de négocier avec ces
derniers. Avec les récentes accusations de l’ambassadeur Lidec portées à
l’encontre de Soro Guillaume, leader des Forces Nouvelles, il est, en
effet, surprenant de noter que les Français s’évertuent à éloigner de
la vie politique ivoirienne les Forces Nouvelles, leurs alliés, d’une
fois, qui ont pris les armes, dans le but de porter au pouvoir leur candidat
Alassane Ouattara, après avoir pris soin de diviser notre pays et
d’empêcher ainsi le président Gbagbo de réaliser ses projets de
développement, en faveur du peuple ivoirien. Le livre du président Laurent
Gbagbo, contrairement aux révélations de l’ambassadeur français se
rapportant à Soro Guillaume, s’inscrit dans sa lutte pour l’avènement
d’un régime démocratique en Côte d’Ivoire. Toute démocratie repose,
en fait, sur la justice et la vérité, sur l’analyse des faits, dans le
but de s’opposer à toute manipulation de notre histoire susceptible de
saper l’unité nationale. La réconciliation entre les populations qui
vivent sur le territoire ivoirien n’est possible que si nous adhérions à
la vérité, et comprenions enfin que le FPI du président Gbagbo n’a
jamais œuvré, en vue de l’extermination des fils du Nord. Si les
révélations du président Gbagbo relatives aux actions politiques de la
France, d’Alassane Ouattara, de Soro Guillaume etc… s’inscrivent dans
une logique politique, celles de l’ambassadeur Lidec semblent, en effet,
paradoxales, mais abondent dans le même ordre d’idée de la confirmation
des charges contre le président Gbagbo. La décision de la CPI a été
perçue par la Presse proche du RHDP comme une "victoire" de la France et
d’Alassane Ouattara sur Gbagbo, leur adversaire politique, et ses millions
de partisans, convaincue du fait que cette décision l’aurait éloigné à
jamais de la vie politique ivoirienne, surtout des présidentielles de 2015.
Or cette décision politique et non juridique de la CPI pose de nombreuses
interrogations, à savoir le sort réservé aux Forces Nouvelles appelées
naturellement à comparaître lors de ce procès historique. La confirmation
des charges contre Gbagbo et les révélations de l’ambassadeur Lidec
expriment, en réalité, la volonté de l’Élysée et d’Alassane Ouattara
de se débarrasser de leurs alliés (les Forces Nouvelles) jugés désormais
gênants. Si l’ambassadeur Lidec accuse déjà Soro Guillaume d’avoir
voulu l’éliminer physiquement que fera la France pour sortir blanchie du
procès contre le président Gbagbo, qui a commencé son grand déballage, et
contre lequel aucune accusation irréfutable n’a pu être trouvée par la
procureure Bensouda? Évoquons des faits sommaires qui mettent en évidence
un combat souterrain entre les Forces Nouvelles et la France :
l’interpellation par la Justice française du président de l’Assemblée
nationale ivoirienne Soro Guillaume, restée sans suite ; la publication
d’articles et la diffusion de reportages qui se rapportent à l’officier
Wattao capable, selon la Communauté internationale, de constituer une armée
grâce à son immense fortune ; la volonté des alliés européens
d’Alassane Ouattara de voir comparaître à la CPI les ex-rebelles
ivoiriens poursuivis pour crimes contre l’humanité, afin que ne soit pas
fragilisée la crédibilité de la Cour Pénale Internationale... Il est, en
effet, plus facile d’incriminer les groupes armés qui ont combattu sur le
théâtre des opérations. Soro Guillaume et les Forces Nouvelles sont
certainement en possession de documents capables de compromettre, à leur
tour, l’Élysée. Pourquoi donc cette sortie de l’ambassadeur Lidec qui
n’est pas le fait d’un hasard ou d’un caprice ? Pourquoi Alassane
Ouattara n’a-t-il pas concédé à Soro Guillaume et à ses troupes armées
l’amnistie générale ? Pourquoi une décision politique et non juridique
de la CPI, qui refuse de libérer le président Gbagbo un accusé contre
lequel elle n’a aucune preuve irréfutable ? Le procès du président
Gbagbo fait simplement des forces Nouvelles des victimes expiatoires, à
l’instar des personnalités de l’UMP qui ont fraudé pour chercher à
porter au pouvoir Sarkosy. Le principe est le même ; les Forces Nouvelles
ont pris les armes pour Alassane Ouattara et sont poursuivis par la CPI, les
responsables de l’UMP ont escroqué l’État français pour Sarkosy, qui
affirme ne rien savoir de ce scandale financier. Quel impact cette guerre
froide, souterraine, entre la France et Soro pourrait-elle avoir sur le futur
de la Côte d’Ivoire ? Que pouvons nous attendre de la lutte entre deux
fauves ; entre l’Élysée favorable à une paix armée en Côte d’Ivoire
et les Forces Nouvelles qui préconisent l’usage des armes dans la
résolution des conflits ? Uniquement des conflits armés au sein du RHDP! Il
appartient au peuple ivoirien meurtri par l’assassinat de ses fils, par un
régime oppressif, déboussolé par la vie chère, d’opérer un choix
déterminant, en faisant des présidentielles de 2015 un référendum, car
choisir de voter Gbagbo, c’est choisir de défendre la paix et les
intérêts de toutes les populations, qui vivent en Côte d’Ivoire. Seuls
Alassane Ouattara et la France pouvaient, jusqu’au jour de la confirmation
des charges à l’encontre du président Gbagbo, dissiper les nuages obscurs
qui assombrissaient l’avenir politique des leaders des Forces Nouvelles, en
concédant à ces derniers une sorte de grâce présidentielle pour service
rendu. Le procès du président Gbagbo confirme, en réalité, la trahison
dont sont victimes les Forces Nouvelles. Les stratèges français de la
discorde n’ignoraient pas l’éventualité de cette contre-attaque du FPI
qui, par la voix de son leader Sangaré Abdouramane (un fidèle parmi les
fidèles), a exprimé la volonté de son parti d’aller aux élections, avec
pour candidat, le président Gbagbo enfermé à la Haye mais présumé
innocent. Dans les vingt ans à venir les jeunes des Forces Nouvelles seront
paralysés par ce procès historique à la Haye ; la Gorée des Temps
modernes, d’où sortira le président Gbagbo.

Une contribution d'Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)