Débats et Opinions: Et si partenaires et adversaires du projet de nouvelle constitution s'étaient tous plantés en Côte d'Ivoire? Par Dapa Donacien

Nous sommes dans la dernière ligne droite d'adoption ou du réjet du projet d'une nouvelle constitution en Côte d'Ivoire.

Si l'on me demandait ce que j'en pense, je ferais miennes les réflexions combinées de trois penseurs; Baruch Spinoza, Carl Marx et Paul Claudel.

« Nous nous croyons libres que parce que nous ignorons les causes qui nous font agir. " Baruch SPINOZA.

« Les hommes font l’histoire, mais ne savent pas l’histoire qu’ils font". Carl Marx.

«Dieu écrit droit avec des lignes courbes", Paul Claudel.

Ma conviction est que, le surnaturel, c'est-à-dire le transcendantal, vers la fin, surprendra et confondra partenaires et adversaires du contenu du projet de constitution de la 3ème République.

Ne me demandez pas comment et quand. Je ne saurais vous le dire. Cependant, ici, Hegel, en donne un développement, à travers sa théorie de la ruse de la Raison. Mais préalablement, précisons que chez Hegel les vocables "Raison" ou "Esprit" désignent le surnaturel, à savoir Dieu. Quand à la "passion", elle est synonyme de l'être humain.

La ruse de la Raison

Selon Hegel,
« L'intérêt particulier de la passion est donc inséparable de l'affirmation active de l'universel... Ce n'est pas l'Idée qui s'expose au conflit, au combat et au danger ; elle se tient en arrière hors de toute attaque et de tout dommage et envoie au combat la passion pour s'y consumer. On peut appeler ruse de la raison le fait qu'elle laisse agir à sa place les passions, en sorte que c'est seulement le moyen par lequel elle parvient à l'existence qui éprouve des pertes et subit des dommages »
Autrement dit, un commentateur traduit la pensée de Hegel :

« La portée historique des actions humaines n'est jamais réductible aux motivations subjectives des acteurs.... Les passions humaines, qui sont des facteurs d'aliénation, peuvent aussi servir au progrès dans la conscience de la liberté. » Par exemple, Jules César pensait ne suivre que son intérêt pour « sa position, son honneur, sa sécurité » personnelles, lorsqu'il allait vaincre la Gaule et le monde méditerranéen, or, en gagnant le pouvoir unique à Rome, but apparemment passionnel et « négatif », il faisait avancer l'idée de « maître individuel de l'État » (régime impérial), qui allait dans le sens de « l'histoire du monde », vers l'idée d'État moderne, il suivait « la volonté de l'esprit du monde. »

La raison gouverne le monde. Elle se réalise dans l'histoire. Le spectacle d'incohérence et de chaos qu'elle présente à ses acteurs n'est que l'histoire apparente, double distordue par les ruses de la raison (ce qui lui permet de critiquer également l'empirisme dogmatique marqué par l'opposition entre pratique et théorie, source de contradiction dialectique). Derrière cette histoire apparente vit l'histoire vraie, celle de l'esprit Universel. Ce dualisme téléologique justifie la tyrannie, les guerres (en tant que moments nécessaires de la vie d'un peuple, expression de la liberté d'un peuple), les passions (« Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion»), en vue de la réalisation d'un absolu, fin déterminée. Les grands hommes seuls peuvent canaliser les désirs des peuples, guidés par leurs intérêts mais œuvrant presque malgré eux à la réalisation de l'État universel, incarnation politique de l'esprit absolu. La tyrannie est nécessaire dans l'histoire car elle permet l'aliénation des volontés particulières centrifuges. Lorsque l'obéissance est obtenue, lorsque la volonté générale est traduite dans la loi, la tyrannie est renversée par les peuples, « sous prétexte qu'elle est abominable, en fait seulement parce qu'elle est devenue superflue »

Intérêt et désir sont donc les moyens dont se sert l'esprit du monde pour parvenir à ses fins et s'élever à la conscience, le négatif n'est qu'un moment nécessaire à la transformation de la culture.

La théodicée hégélienne se réalise dans l'État, lieu de convergence des manifestations de l'esprit particulier à chaque peuple : art, droit, mœurs, commodités de l'existence... (« L'absolu totalité éthique n'est pas autre chose qu'un peuple ») Elle fait de l'histoire le « tribunal de dernière instance » de l'ensemble des faits humains.

Extrait de Wikipédia.

De ce qui précède que l'on soit de la même opinion que Hegel ou pas, l'on peut retenir que les voies de Dieu son insondables.

"Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées", dit celui que Hegel appelle "la Raison".

Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car qui a connu la pensée

du Seigneur, ou qui a été son conseiller ?

Si donc, personne n'est entré dans la pensée intime du régulateur de l'humanité, ne conviendrait-il donc pas que partenaires et adversaires du projet de la nouvelle constitution ivoirienne relativisent leurs certitudes respectives, en se haïssant modérément, à défaut de pouvoir s'aimer pour l'instant?

Pour ma part, je suis de ceux qui pensent que c'est Dieu qui détient le destin final de chaque Nation.

Et en considération de l'agilité et de la versatilité des acteurs politiques de ce pays, il n'est pas sûr que les uns et les autres auront leur position actuelle, passées les élections législatives de décembre prochain, qui sont de loin, la visée cachée de bon nombre des acteurs politiciens présentement en vogue dans ce pays.

Quand les uns (députés sortants et candidats RHDP) ont la langue fourchue en faisant les yeux doux au duo Bédié-Ouattara et que d'autres (certains opposants, sur le dos de la supposée lutte contre le projet de constitution) veulent s'offrir un peu de publicité dans l'espoir d'avoir un poste de député dans une bourgade, il appartient aux citoyens d'être lucides pour se faire leur propre opinion. Car, tout ce qui brille n'est pas de l'or. Et tout ce qui se meut d'une chapelle politique à l'autre n'est pas habité par les mêmes mobiles.

Une contribution de Dapa Donacien