Débats et Opinions: Bakayoko en goguette en terres du vice et de la petite vertu

Par Correspondance particulière - Bakayoko en goguette en terres du vice et de la petite vertu.

Hamed Bakayoko. Image d'archives.

Respectons le vice, car il est le seul à pouvoir, dès lors qu’il s’exhibe avec emphase et succès sur la place publique, donner des leçons de morale à la vérité, et respectons la petite vertu qui flatte l’homme politique, ignorant de ce qu’il a décidé d’ignorer.
Eh oui le guide de la conscience ivoirienne post Gbagbo est bien sa sérénissime Bakayoko qui va mettre au pas, en France entre le 1er et le 6 juillet 2014 toute une kyrielle de politocrates bien-pensants français, qui n’aspirent qu’à se confondre en obséquiosité devant celui qu’ils porteront peut-être un jour, si les oracles et les runes confirment leurs prévisions, à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire.
Mais au-delà de ces supputations dignes de Michel de Notre Dame, la réalité est bien plus affligeant. En effet, ce Monsieur, tel un éclaireur atone vient en France pour instruire une classe politique sur les miracles ivoiriens, afin que son mentor reçoive, lors du prochain passage du chef d’Etat Français en terre éburnienne, l’onction françafricaine. On sait qu’au jeu d’échecs les fous sont les plus près du roi, et de sa dame, et dans la partie que joue Bakayoko, dans sa tournée de gala, on se demande bien qui va mettre qui échec et mat ! Cependant il faut admettre que ce monsieur joue bien sa partition, et c’est bien en caressant le poil de politiciens, qui en France ont perdu toute crédibilité, qu’on peut amener ces derniers à aller chasser sur d’autres terre pour essayer de se refaire une virginité. L’exécutif français ayant déjà tenté, avec un faible succès à la clef, ce genre d’opération de passe-passe, au Mali et en République Centrafricaine.
Le propre d’un politique en déroute, et c’est malheureusement le cas de la classe en question en France, c’est de tenter de se refaire ailleurs pour éviter une totale faillite et ça Bakayoko le sait et il va en profiter. Alors foin de ridicule, cette classe politique va dérouler les tapis rouges, sortir les médailles de la naphtaline, se fendre de panégyriques à la guimauve, pour se vautrer honteusement dans un ridicule qui déshonore plus que la disgrâce. Mesdames, Messieurs, les opérateurs de la classe politique française qui allez procéder au trafic d’honneur avec cet émissaire de votre ancien colonat, ayez la décence de ne point trop humilier les ivoiriens et les ivoiriennes qui souffrent aujourd’hui terriblement en Côte d’Ivoire de tous les maux dont le régime liberticide en place les charge, ne cautionnez pas les privations de liberté, les emprisonnement illicites et politiques, les trafics en tous genre, enfin quoi, la désespérance de tous les jours sur une terre conquise sur fait d’armes par l’un des vôtres en avril 2011.
J’aimerais ici suggérer aux politiques français qui vont courtiser Bakayoko, d’aller le chercher, pour ne pas dire le ferrer sur la notion de preuve morale, qu’on appelle aussi l’intime conviction, dont on fait preuve dernièrement les juges de la CPI en affectant Laurent Gbagbo aux galères. J’aimerais qu’ils lui demandent de dire en quoi le jugement de Christine Van den Wyngaert est un sous jugement par rapport au ceux de ses confères et pourquoi, sous-entendu, par quel opération du saint esprit, le juge allemand Hans Peter Kaul a opté pour un soudain revirement psychologique à l’égard du Président Gbagbo.
Bref, espérons que derrière les petits fours et autres amuses gueules, qui vont coûter aux contribuables français, une conscience émerge et que derrière cette pratique festive et carnavalesque, qu’on appelle goguette, les vrais problèmes soient évoqués et condamnés avec sévérité de telle sorte que monsieur le ministre s’en retourne au pays instruit de ce que le peuple français sait et ne donne plus des blancs seings pour faire le mal.
La souffrance du peuple ivoirien d’édifie rien ! Elle est le lisier sur lequel ne peut se développer que la violence. A bon entendeur salut, car si pour dire le droit il faut des juges, pour dire le fait il faut des hommes et des femmes de conviction, alors à tous ceux qui vont avoir des têtes à têtes avec Bakayoko, je leur demande de sortir de l’archaïsme dans lequel ils se sont englués déjà depuis longtemps, pour ne voir que la réalité d’une situation catastrophique en Côte d’Ivoire.
Mesdames et Messieurs les politiques français, si votre premier mouvement ne dois pas être agressif voire punitif, votre deuxième mouvement ne sera ni compatissant ni bienveillant à l’encontre de cet envoyé d’une terre qui brule.

Une contribution d'Alain CAPPEAU
Conseiller Spécial du Président Laurent Gbagbo.