Débats et Opinions: Adresse du Révérend Tagoua au corps diplomatique accrédité en Côte d'Ivoire

ADRESSE DU REVEREND TAGOUA AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCREDITE EN CÔTE D’IVOIRE

Illustres Ambassadeurs, diplomates accrédités en Côte d’Ivoire ;
Je voudrais ici vivement vous remercier de nous avoir fait l’honneur en acceptant l’hospitalité à vous offerte par mon pays sous la présidence effective du Président Alassane Ouattara, au moment où le climat politique avait atteint une déflagration la plus inimaginable. C’est une grande preuve de confiance faite à notre pays, mon pays.
Une fois de plus, mon pays va mal et même très mal ; ce n’est un secret pour personne.
Je voudrais me mettre en mission auprès de vous afin que vous vous mettiez en mission auprès de vos souverains pour initier des tracés d’un dialogue entre toute la classe politique ivoirienne afin de persuader le Président Alassane Ouattara soit à aller à un référendum, soit de sagement respecter la loi constitutionnelle de la Côte d’Ivoire, surtout en son article 35 qui élucide clairement les conditions d’éligibilités du candidat à la Présidentielle.
Le chef de l’Etat, à cet effet, a affirmé qu’emprunter la voie référendaire est onéreuse. A cela, nous disons que la paix durable à un coût et la Côte d’Ivoire se doit de le payer. Cette belle ouverture offerte à Monsieur le Président est la voie de la sagesse et de la paix durable.
Ce choix s’impose à lui, car les ivoiriens en majorité ne veulent plus d’une deuxième guerre fratricide.
Les conditions d’une élection juste et transparente ne sont pas encore réunies en Côte d’Ivoire car le jeu politique actuel est très déséquilibré. L’on ne peut pas priver des milliers d’ivoiriens encore en exil et d’autres qui croupissent dans les geôles en tant que prisonniers politiques de leur droit de vote et espérer une élection juste, transparente et paisible.
Excellences Messieurs les Ambassadeurs, amis de la Côte d’Ivoire ; cette crise a révélé la grande faiblesse de nos institutions et le Président Obama avait raison de dire que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais plutôt d’institutions fortes.
Président Obama, des hommes forts se préparent à passer en force chez nous en Côte d’Ivoire en violant tout ce qui fait l’essence d’une nation, à savoir notre Constitution.
En cela, nous saluons le grand discernement du Président Hollande qui avait déjà vu la chose venir et qui a été très catégorique à la dernière tribune de la Francophonie au Sénégal en disant que tous ceux qui tripatouilleront la constitution à la veille des élections présidentielles dans le but de se maintenir au pouvoir trouveront la France sur leur chemin.
Président Hollande, nous y sommes.
Quant à vous Excellences Messieurs les Ambassadeurs, vous êtes les yeux et la fenêtre de la Côte d’Ivoire à l’extérieur. Votre injonction qualitative épargnera mon pays d’un autre chaos électoral. Vous le savez déjà, toute explosion est le résultat de fortes pressions.
Excellence Monseigneur Joseph Spireti, doyen du corps diplomatique en Côte d’Ivoire ; tout récemment, dans son message donné urbi orbi, le Souverain pontife François dénonçait le silence complice de certains d’entre nous devant la souffrance des autres. Permettez-moi de vous rappeler que les ivoiriens majoritairement ont vécu ces quatre ans sous une forte pression d’injustice, de violations flagrantes de leurs droits les plus élémentaires. Hier, c’était un Magistrat, le juge Kouassi Kouassi Placide, se targuant d’être un proche du Président Ouattara qui avait tiré à bout portant sur un jeune ivoiro-sénégalais Habib Malick Fall de 32 ans dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 Décembre 2014 causant la mort de ce dernier sans que cela ne meuve personne (connection ivoirienne, 26 Décembre 2014). Il y a eu également le cas de Mandjara Ouattara, cette jeune dame qui a du s’immoler à quelques mètres du perron de la Présidence de la République faute de non paiement de ses arriérés dus par l’Etat ivoirien. Nous notons également les litiges fonciers, surtout dans le mont péko, qui continuent toujours d’engendrer des morts d’hommes dans l’ouest montagneux, etc. Aujourd’hui encore, au grand étonnement de la population, c’est le Président Blaise Compaoré ex-chef d’Etat du Burkina Faso séjournant chez nous, qui se voit octroyer un passeport diplomatique ivoirien de la part de nos autorités comme on le constate sur les réseaux sociaux. Si ceci est une boutade, alors que le Gouvernement fasse un communiqué de démenti.
Mon pays ne souhaite plus montrer au monde entier des images de personnalités de votre corps se voir exfiltrés, dans leur plus simple expression, au milieu des combats de rue avec des morts jonchant le sol. Ce ne sont pas des images dignes d’un pays en pleine civilisation du 21ème siècle.
Ne vous y trompez pas, les ivoiriens de tous les bords sont unanimes que la réconciliation demeure jusqu’à maintenant un échec patent.
Je voudrais saluer ici l’Ambassadeur des USA, Son Excellence Terence Mc CULLEY qui a courageusement révélé dans son interview accordé au quotidien INTER N® 5032 du jeudi 19 Mars 2015 ceci : « …pour le moment, nous constatons que les efforts en matière de réconciliation et de justice sont lents, sont faibles. Une vraie réconciliation exige une justice équitable. C’est pourquoi nous avons accordé un financement à la cellule d’enquête. Nous avons fait un sondage qui révèle que 82% des ivoiriens veulent une justice équitable… »
L’objectif fixé par le régime Ouattara pour cette sortie de crise était de réussir la réconciliation à en croire par la mise en place de nombreuses structures telles que le Grand Médiateur, la CDVR, la PNCS et maintenant la CONARIV… Mais, fort maladroitement, le régime de l’économiste Ouattara s’est plutôt affectionné à propulser sa croissance à deux
chiffres dont il est fier ; tout en négligeant la pierre angulaire d’une Nation qu’est la Réconciliation.
Au niveau de l’enseignement, nous constatons avec regret que les étudiants qui pour une fois ont mis de côté les querelles politiques pour ensemble réclamer un cadre de travail moderne, sont violemment battus et jetés en prison. La ministre de l’éducation nationale n’a plus d’arguments pour contenter les grévistes de son secteur ; là où Mme Goudou Raymonde Coffi, ministre de la santé que nous félicitons au passage, a quand même fait avec ce qu’elle a pour épargner à la Côte d’Ivoire un Ebola mortel.
Le gouvernement Ouattara avait toutes les cartes en mains pour garantir une trêve politique et travailler en toute quiétude ; ce qui aurait participé à la noblesse de gouverner. Mais, hélas !
Excellence messieurs les Ambassadeurs, le cas actuel de mon pays n’est pas d’attendre de vous une aide substantielle financière pour la restructuration d’un cadre macroéconomique ou d’un quelconque investissement infrastructurel ; mais plutôt créer des conditions nécessaires pour la réussite d’une vraie réconciliation nationale avec une justice équitable avant d’aller à cette élection.
Je sais qu’aucune université au monde ne dispose de faculté diplômante en la matière. Mais, seul le Créateur des cieux et de la terre, l’Eternel Dieu en est le seul dépositaire et distribue cette sagesse à qui il veut. C’est une grâce spéciale que mon pays n’a pas encore connu ; à savoir un vrai leadership de neutre réconciliateur pour nous amener à une élection juste, transparente et apaisée. C’est l’essence de toute ma bataille et de mon appel. Aidez-nous à retrouver cette paix durable.
Je vous remercie.
Révérend TAGOUA N. Pascal,
Président du Corps Diplomatique Chrétien
Candidat à l’élection présidentielle de 2010
Candidat en vue de l’élection présidentielle de 2015
E-mail : presidentoffices12@gmail.com
E-mail : ruben_arca@yahoo.fr