Commémoration des 14 ans de la Résistance Patriotique aux mains nues: Dr Patrice Saraka s’adresse à Charles Blé Goudé

Par IvoireBusiness - Commémoration des 14 ans de la Résistance Patriotique aux mains nues. Dr Patrice Saraka s’adresse à Charles Blé Goudé.

Charles Blé Goudé, un entêtement au service de la République, pour sauver la Côte d’Ivoire

Charles,

Moins d’une semaine après le triste souvenir de ton enchainement dans ton lit d’hospitalisation, un certain 28 Septembre 1999, qui m’a donné l’occasion de m’adresser à toi, l’actualité nous replonge dans notre histoire récente non moins douloureuse, avec l’attaque du 19 Septembre 2002 qui vit naitre dès les premières heures la résistance aux mains nues que tu as vaillamment conduite.

02 Octobre 2002-02 Octobre 2016, la victoire par la résistance aux mains nues a déjà 14

Ce serait un euphémisme de dire que ton entêtement a servi la République et sauvé la Côte d’Ivoire.

En effet, dès que la République fut attaquée, tu décidas de venir au chevet de notre mère patrie qui venait de recevoir dans le dos un violent coup de glaive porté par certains de ses fils. Au regard des risques que pouvait te faire courir une telle initiative, ceux avec qui tu avais partagé ton projet de retour te l’avaient déconseillé. Malgré tout, ton entêtement a prévalu et tu as choisi d’écouter les cris de douleur de la mère patrie blessée, angoissée et des ivoiriens désemparés. Ainsi, le 26 Septembre 2002, tu diras oui à l’appel du devoir national et patriotique. Tu quittas donc l’Angleterre, une semaine après cette agression armée, dans une incertitude totale, pour Abidjan, afin de prendre ta place aux cotés des ivoiriens en lutte.

Depuis cette date, tu as presque toujours bravé des oppositions pour lancer tous les mots d’ordre qui ont contribué fort heureusement à maintenir debout les institutions de la République. Ton 6ème sens et ta voix intérieure nous ont permis de relever opportunément de nombreux défis, malgré les risques et menaces qu’on brandissait çà et là pour te freiner.

Je me rappelle encore du grand meeting du 02 Octobre 2002, à la place de la République, au Plateau. Cet événement que nous célébrons fièrement ce jour ne se serait pas tenu sans ton courage et ton sens de la responsabilité et du devoir patriotique : tu n’as voulu, sous aucun prétexte, le reporter, comme te le demandaient certains, encore moins changer de lieu de rassemblement, comme te le recommandaient d'autres.

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En effet, la veille, de nombreuses personnes voyaient en ce grand meeting un gros danger ou le jugeaient trop risqué, quand ce n’est son inopportunité qui était évoquée par d’autres encore. Et, en lieu et place de la place des martyrs d’Adjamé, que te conseillaient certaines personnalités, tu as maintenu de tenir le rassemblement du 02 Octobre à la place symbolique de la République.

Même le jour-j, à quelques heures seulement de cette manifestation, alors que les ivoiriens déferlaient par milliers sur le Plateau, on fit intervenir une certaine féticheuse qui est venue à toi, jusqu’à l’immeuble CCIA, au Plateau, pour te convaincre de ne pas mettre les pieds à la place de la République, là où t’attendaient déjà plus de deux millions d’ivoiriens qui ont répondu à ton appel. Raison évoquée, des snipers seraient déjà pré positionnés et prêts à te porter le coup fatal. Malgré cette situation chaotique que décrivait la féticheuse, elle ne parviendra pas à te convaincre. Car, ta foi en Dieu était pour toi ton seul et véritable bouclier.

Au final, le meeting se tiendra avec une parfaite organisation, sans aucun incident. C’est ainsi que le 02 Octobre 2002 dont nous célébrons l’anniversaire aujourd’hui, restera gravé dans la pierre et en lettres d’or dans les annales de l’histoire de la lutte libératrice de la Côte d’Ivoire.

Que dire du contexte dans lequel tu as lancé ton historique appel du 06 Novembre 2004, sur les chaînes de la RTI ? A San-Pedro pendant que l’armée française détruisait nos aéronefs, tu décidas de regagner Abidjan par hélicoptère, alors qu’on t’avait clairement signifié qu’aucun engin volant ne pouvait survoler les airs de la capitale économique ivoirienne. Tu as osé, là encore, au risque de ta vie. Ton entêtement et ton 6ème sens ont une fois de plus fait la différence.

02 Octobre 2002, 06 Novembre 2004, mais aussi de nombreuses autres dates, jusqu’à la crise postélectorale de 2010, me viennent d’emblée à l’esprit. Il s'agit notamment de:

janvier 2003: pour dire "NON" aux inacceptables accords de Linas Marcoussis;


juillet 2006: l'initiative pour la signature des « accords du café de Versailles » avec la jeunesse RHDP, pour mettre un terme aux violences consécutives à l’opération des audiences foraines et cela pour éviter à la Côte d’Ivoire tout risque de guerre civile ou sa « Rwandisation » ;


Mars-Avril 2007: la caravane de la paix, dont le slogan, "la valeur du pardon se mesure par la gravité de la faute pardonnée", en disait éloquemment long sur ton état d'esprit et ta philosophie politique ;


etc.

Tu as chaque fois choisi d’écouter la voix de la mère patrie éprouvée. Tu as toujours emprunté la voie qui te semblait juste pour défendre l'intérêt collectif, rassembler ou rapprocher les ivoiriens, préserver et sauver la Côte d'Ivoire.

Les mains nues, avec ta casquette noire et pour seules armes le micro, le verbe, la parole, tu as conduit de façon héroïque la résistance pacifique ivoirienne, aux côtés du Président Laurent Gbagbo.

Comment évoquer le 02 Octobre 2002 et ces grands moments de combats pour la défense des institutions de la République sans saluer l’ensemble de la résistance ivoirienne ainsi que tous les mouvements de résistance pacifique en lutte et tous les démocrates et résistants de cette époque ? Je pense en particulier à tous tes collaborateurs membres de l’Alliance de la Jeunesse pour le Sursaut National avec notamment Richard Dakouri, Jean Yves Dibopieu, Idriss Ouattara, Hanny Tchelley, Serges Kassy, Stallone Ahoua, Thierry Légré, Téhi Joel…

Pour revenir à toi Charles, je m’en voudrais de ne pas relever que malgré les oppositions de tout genre, ton entêtement et ta capacité de réflexion rapide auront permis d’éviter le pire à notre pays. La justesse et surtout l’opportunité de tes décisions souvent incomprises et contestées de l’intérieur ont contribué significativement à sauver la Côte d’Ivoire.

Chapeau à toi Charles !

Honneur à l’ensemble de la résistance patriotique ivoirienne!

Bientôt il fera jour avec votre retour, le Président Laurent Gbagbo et toi.

Fait à Abidjan, le 02 Octobre 2016

Dr. Patrice Saraka

Président du Conseil de Contrôle, de Discipline et d’Ethique du Cojep