Côte d'Ivoire: Qui arrêtera le Tout-puissant Monarque Ouattara II ? (La lettre du Continent)

Par La Lettre du Continent - Qui arrêtera le Tout-puissant Monarque Ouattara II ?

Alassane Ouattara et son épouse Dominique au cours d'un déplacement à l'étranger. Image d'illustration.

Alassane Ouattara devrait être sacré meilleur dribleur politique lors de la prochaine CAN 2017 organisée au Gabon. Après avoir contribué à l'implosion du Front Populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et envoyé un baiser de la mort au PDCI dans une alliance contre-nature, le président ivoirien tacle désormais dans son propre camp. L'un après l'autre, les hommes de Guillaume Soro sont neutralisés. Quant aux diverses mouvances du RHDP, elles viennent d'être renvoyées du gouvernement. Sans contre-pouvoir pour l'inquiéter, l'ex-responsable du Fonds monétaire international (FMI) peut tranquillement affiner son projet constitutionnel et préparer son poulain Amadou Gon Coulibaly.

Place nette au gouvernement.

Après avoir limogé, en mai 2015, les fidèles ministres de Guillaume Soro comme Alain Lobognon, le chef de l'Etat vient de couper la tête de l'UDPCI. Le 25 novembre, le patron de cette formation et ministre des affaires étrangères, Albert Toikeusse Mabri, a été débarqué après avoir été, pendant plusieurs mois, dans le viseur du pouvoir en raison de son attitude défiante. Son limogeage avaité déjà été envisagé en janvier avant d'être annulé sur intervention d'Henri Konan Bédié, dit "HKB". Maintenu à son poste, Toikeusse Mabri n'avait toutefois aucune prérogative, Ouattara préférant faire endosser les attributs du chef de la diplomatie à son directeur de cabinet, Marcel Amon Tanoh. Comme lot de consolation, le ministre des affaires étrangères s'est proposer le secrétariat général de la présidence dans l'hypothèse d'une nomination d'Amadou Gon Coulibaly à la primature. Mais l'intéressé a refusé cette proposition, en étant assujetti au diktat du Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, de parachuter ses candidats dans les fiefs de l'UDPCI (Ouest) pour les législatives du 18 décembre.

Case prison pour comzones ?

Longtemps intouchables, la garde rapprochée de Guillaume Soro est également dans le viseur du pouvoir ivoirien. Selon nos sources, le lieutenant-colonel Morou Ouattara, alias "Atchengué", numéro deux des forces spéciales de l'armée, a été inculpé le 17 novembre par le tribunal militaire pour complicité de vol. Fin 2015, 60 millions F CFA (91000 euros) promis à des primes de fin d'année avaient été dérobés au siège de ce corps d'élite, à Abidjan. Une plainte du général Lassina Doumbia, qui commande cette unité militaire, s'en était suivie. S'il ne fait pas l'objet d'un mandat de dépôt, Morou Ouattara doit toutefois signaler à la justice tous déplacements hors d'Abidjan en attendant son procès, début 2017. Ce dernier n'est pas la seule figure de l'ex-rébellion à être inquiété. Patron de la région militaire d'Odienné (Nord-Ouest), le lieutenant -colonel Dramane Soro a été inculpé pour complicité d'assassinat dans l'enquête sur les meurtres interethniques survenus à Bouna (Nord-Est ), en mars.

Houphouëtistes humiliés !

Cette mise présidentielle sur tous les rouages politique du pays ouvre des fissures béantes au sein du RHDP. Après avoir affaibli la formation houphouëtiste par ses multiples renoncements au profit d'Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié continue de vider le PDCI de sa substance. A Aboisso (Sud-est), le président défait en 1999 a accepté de coopter Marcel Amon Tanoh au détriment du député sortant, Jérémie N'GOUAN. Dans un réflexe de survie politique, les militants de ce parti ont violemment exigé le retrait pur et simple de cette candidature. Mi-novembre un autre baron du PDCI et bras-droit de "HKB", Maurice Kacou Djkahué, a été molesté par d'autres partisans au siège, à Abidjan. Au sein même du RDR la colère gronde. Plusieurs candidats ont décidé de violer les consignes du parti eb se présentant comme candidats indépendants. De moins en moins disposé à la contradiction, Ouattara a d'ores et déjà demandé à la direction de sa formation de sanctionner ces troubles-fêtes.

In Lettre du Continent N° 742 du 30 novembre 2016