Côte d'Ivoire/ Forces spéciales : Le régime lance un recrutement suspect de civils

Par Le Temps - Côte d'Ivoire Forces spéciales. Le régime lance un recrutement suspect de civils.

Forces spéciales de Côte d'Ivoire au cours d'un défilé militaire au palais présidentiel, durant la fête de l'indépendance. Image d'archives.

Dans un communiqué dont nous avons reçue copie le dimanche 28 janvier 2018, Le ministère d’Etat, ministère de la Défense par le biais du commandant des Forces spéciales, lance un recrutement de jeunes soldats en milieu civil, au de 2018 en vue de leur intégration au sein des Forces spéciales. « Être âgé de 18 à 23 ans maximum, être de nationalité ivoirienne, savoir lire et écrire, niveau 4eme minimum, être célibataire sans enfant, avoir 1,70 m minimum, être médicalement apte, satisfaire aux tests d’aptitude physique et satisfaire aux épreuves écrites ». Telles sont les conditions pour postuler à ce recrutement. La date limite pour le dépôt des dossiers de candidature est fixée au 17 février 2018 et le début des épreuves de sélection est prévu le 18 février. Mais pourquoi ce recrutement dans les civils en faveur d’un corps d’élite comme les Forces spéciales ? N’est-ce pas une milice que le régime veut constituer au sein de l’armée ? Le rattrapage ethnique ne sera-t-il pas de mise dans ce recrutement ? Qui plus est pourquoi le régime recrute des civils pour les insérer dans l’armée alors qu’il a lancé depuis deux mois un processus de mise à la retraite anticipée de nombreux militaires ? Des questions qui ont été posées au colonel Otchelio Gnahé Etienne, chef du Bureau information presse des armées (Bipa). «On veut recruter des gens disponibles, des gens qui n’ont aucune charge. Des gens qui peuvent être engagés 24h/24. C’est pourquoi dans les conditions, on a dit qu’ils doivent célibataires, ils doivent être insouciants. (…) Il faut dire qu’actuellement l’âge moyen d’un militaire, c’est 37 ans. On ne peut pas trouver des profils tels qu’indiqués dans le communiqué au sein de l’armée. Du coup, on est obligé de se tourner vers la ressource civile, des gens neufs (…) parce que le militaire n’est pas habitué à travailler 24h/24. Donc ceux que nous allons recruter désormais, ils savent à quoi ils s’engagent», soutient cet officier des Faci qui promet que ces civils qui n’ont aucun pré-requis militaire seront bien formés. Et laisse entendre que ce n’est pas une «milice» qui se crée dans l’armée. « Quelle milice ? », s’offusque-t-il. «Les conditions sont ouvertes à tout le monde. La ressource humaine n’existe pas dans l’armée actuellement. Le dernier recrutement d’hommes frais, c’est 2012. Aujourd’hui, les militaires qui ont entre 18 et 23 ans, il n’y a presque pas », défend-t-il. Rappelant que la mise à la retraire anticipée de militaires répond à un autre besoin. « Ce processus de retraire anticipée répond à un besoin d’harmonisation la pyramide des grades. Ceux qui viennent, ils viennent pour être des soldats. On veut harmoniser les grades. Il y a trop de sous-officiers. On veut des soldats de rang. Dans une armée, il faut 5% d’officiers, 25% de sous-officiers et 70 % de militaires du rang», fait-il savoir. Avant de botter en touche les « soupçons légitimes de rattrapage ethnique » de ce recrutement « bizarre ». «Les Forces spéciales dépassent nos clivages ethniques (…) On veut prendre des gens qui ont un esprit nouveau. Ce ne sont plus les gens qui vont dire qu’on a leur a promis des choses en 2009 et qu’ils veulent la réalisation de cette promesse (…)», a expliqué le responsable du Bipa qui reste silencieux sur le nombre de personnes civiles à recruter pour ce corps d’élite. Parce que selon lui : « Les Forces spéciales ne communiquent jamais l’effectif qu’elles veulent pour se renforcer. C’est une tradition ».

Tété