Côte d'Ivoire: Déclaration d’Ivoirien(ne)s de la Diaspora devant la situation socio-politique

Par IvoireBusiness - Déclaration d’Ivoirien(ne)s de la Diaspora devant la situation socio-politique en Côte d’Ivoire.

Diaspora ivoirienne de France au cours d'un meeting à Paris. Image d'archives.

Dans notre pays pour lequel il nous est annoncé à satiété des chiffres de croissance enviables, les populations vivent dans des conditions très difficiles. En effet, la vie est devenue très chère, un chômage de masse s’est installé du fait de licenciements à tour de bras et la paupérisation des populations est par conséquent criante. A côté de ces difficultés, les populations se trouvent plus que jamais divisées du fait de la volonté du chef de l’Etat à faire du « rattrapage ethnique » un mode gouvernance. Un gendarme est décédé enchaîné dans son lit d’hôpital ; et de nombreux autres Ivoiriens meurent en exil.
C’est dans ce climat délétère qui se développe depuis, que des mutineries sont devenues monnaie courante dans le pays. Mais les mutins obtiennent gain de cause là où d’autres catégories sociales notamment les fonctionnaires sont brimés alors que leurs revendications sur des arriérés de salaires et des primes restent à la fois légitimes et légales. Nous avons vu que pour les mutineries du mois de mai dernier, le chef de l’Etat voulait utiliser une méthode forte, c’est à dire réprimer les mutins. Puisque des vagues successives de mutineries, d’abord en novembre 2014 puis en janvier 2017, ont terni l’image de notre pays et affaibli davantage celle du chef de l’Etat qui était déjà très écornée, après les élections successives (présidentielles et référendum) qu’il a organisées avec des fraudes massives. Mais les forces spéciales du chef de l’Etat ont échoué devant la détermination des mutins qui se trouvaient mieux armés ; c’est une humiliation supplémentaire. Au vu de ce qui précède, des Ivoiriens de la Diaspora voudraient montrer leur solidarité au peuple de Côte d’Ivoire qui est dans la souffrance. Soutenant les mouvements de lutte sociale, nous demandons au chef de l’Etat de prendre ses responsabilités pour régler les problèmes des Ivoiriens plutôt que de les maintenir dans une grande insécurité. Nous voyons que chaque jour qui passe, le chef de l’Etat claironne en faisant de la communication là où les observateurs sont unanimes pour dire que la réconciliation ne se fait pas ; la gabegie prospère au sommet de l’Etat ; la corruption est devenue la règle et le clan au pouvoir est plus enclin à l’affairisme pendant que l’école ivoirienne ne fonctionne plus. C’est pourquoi nous ne comprenons pas que l’opposition reste aphone. Nous espérons que cette période de silence est un moment de repli salutaire. En tout état de cause, nous appelons l’opposition ivoirienne à cesser sa logique d’émiettement pour construire une plateforme capable de représenter une alternative crédible au pouvoir du chef de l’Etat.
A l’analyse, le problème récurrent que vit notre pays depuis 1995, c’est celui des élections mal organisées. En effet, en 1995, Henri Konan Bédié s’était refusé à organiser des élections transparentes ; en 2000, nous avons vu le spectacle qui a été donné notamment les manœuvres effectuées par feu Robert Guéi ; en 2010, nous avons vu ce que nous connaissons.
La plaie de notre pays, est donc de ne pas pouvoir organiser des élections transparentes. La crise va se poursuivre si les conditions d’élections transparentes ne sont pas réunies. Et il n’y a qu’une transition politique pour faire mettre les choses sur la table. S’exciter à se préparer pour des élections en 2020 devant une personne qui est un spécialiste des fraudes est une gageure. Les élites de l’opposition doivent donc observer l’intérêt collectif, arrêter de disperser des forces sur des contradictions accessoires pour construire un leadership pour l’opposition. Ainsi, les Ivoiriens de la Diaspora estiment qu’il est plus temps de sortir des sentiers battus.

Fait à Paris le 5 juin 2017 Des Ivoiriens de la Diaspora / Contact : diasporapourlepeuple@gmail.com