Côte d’Ivoire : Vœux de Nouvel An 2018 de KONAN Kouadio Siméon (KKS) aux ivoiriens

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. Vœux de Nouvel An 2018 de KONAN Kouadio Siméon (KKS) aux ivoiriens.

Vœux de Nouvel An 2018 de KONAN Kouadio Siméon (KKS) aux ivoiriens.

Chers compatriotes,

Nous voici au seuil d’une nouvelle année. Comme d’accoutumée, c’est un honneur pour moi que d’avoir le privilège de m’inscrire dans la belle tradition des vœux pour souhaiter le meilleur à mes très chers compatriotes en cette nouvelle année 2018.
C’est aussi l’occasion par excellence d’évaluer le chemin parcouru et d’envisager les perspectives salutaires.
Aussi, est-ce avec exaltation que les dirigeants du monde, ceux qui ont en charge la gestion des affaires des Etats, s’exigent le devoir d’une adresse à leurs nations respectives pour informer les peuples de la marche de leurs pays.
En Côte d’Ivoire, les adresses se suivent et se ressemblent. Selon que l’on soit du groupuscule de la Côte d’Ivoire ‘’pré émergeante’’ (ceux qui bénéficient des fruits de la croissance), des 20 % de la Côte d’Ivoire des classes moyennes (ceux qui vivent à peu près correctement), des 48 à 60% de la Côte d’Ivoire des pauvres (ceux qui ont difficilement deux repas par jour) ou des 20% de la Côte d’Ivoire des misérables (ceux qui n’ont aucune ressource et qui vivent de soutien, de solidarité et d’assistance humanitaire), ces discours sont diversement appréciés.
Loin des polémiques soulevées par ces adresses dont le caractère trop souvent démagogique le dispute au ridicule, tant le contenu élogieux est si différent de la réalité, tant les flatteries d’auto célébration contrastent avec le vécu quotidien des ivoiriens qui se poseraient à raison la question de savoir si ces présentations idylliques concernent bien le pays dans lequel ils vivent, concentrons-nous plutôt sur la réalité à travers ces interrogations majeures.
Quel est l’état de notre pays en cette veille de l’année 2018 ?
Quelle est l’état de la société ivoirienne aujourd’hui ?
Quelle est l’état de la démocratie au moment où nous accueillons la nouvelle année ?
Plutôt que de faire le bilan d’un régime, je vous propose de faire celui de la Côte d’Ivoire de ce dernier quart de siècle ou, pour être plus précis, des 28 dernières années.
Sur le plan physique, le pays qui possédait un des tout-meilleurs réseaux routiers d’Afrique, est aujourd’hui méconnaissable. Les grandes infrastructures économiques ainsi que les grandes entreprises nationales qui en ont fait un modèle de développement et qui nous ont valu l’admiration du monde sont aujourd’hui en piteux état pour les premières et simplement inexistantes pour les secondes qui ont été purement et simplement bradées à un franc symbolique avec leurs prestigieux patrimoines, véritable fierté nationale. Et ce, au profit d’amis et groupes économiques étrangers. Pour ceux que les quelques réalisations de charme à Abidjan et dans quelques localités peuvent emmener à douter de la sincérité de ce constat, je les invite avec courtoisie à visiter les principaux axes de l’intérieur du pays pour s’en convaincre.
Au plan de la nation, la société ivoirienne a été fondamentalement transformée. D’une société légendairement paisible, nous sommes passés à une société ultra violente et outrancièrement belliqueuse. Une société où la force de l’argument a cédé le pas à l’argument de la force. Une société où les valeurs cardinales qui l’ont fondée, les valeurs telles que le respect du droit d’ainesse, le respect de l’autorité, le respect de la chose publique, le respect de l’environnement, donc de la nature, sont désormais toutes foulées aux pieds au nom de prétendues avancées démocratiques dont les nobles valeurs comme celle de la liberté d’expression et de paroles.
Force est de constater que la société ivoirienne est aujourd’hui profondément clivée et foncièrement méfiante avec une composante importante de plusieurs dizaines de milliers en exil et d’autres en nombre de plus en plus croissant et effrayant dans les sanctuaires infernaux de la nouvelle traite Négrière.
Par ailleurs, les valeurs de dignité, d’honneur et d’intégrité ont fini par courber elles aussi l’échine devant le Dieu argent qui est devenu le maître et l’ivoirien l’esclave. La corruption est devenue endémique dans notre société et érigée en mode de gouvernance au plus haut niveau de l’Etat.
Sur le plan économique, un seul critère et deux chiffres suffisent à établir la réalité.
D’un taux de pauvreté de 23% en 1990, nous sommes aujourd’hui théoriquement et officiellement à 48% mais je crois personnellement que la réalité se situerait bien au-delà, certainement non loin de 60%.
Sur le plan politique, au niveau de la démocratie, la floraison des partis politiques dont le nombre a dépassé largement la barre ridicule des 200, seuls quelques rescapés ont aujourd’hui droit de citer. Naturellement, cette société politique ne peut être qu’à l’image de la société ivoirienne, divisée et émiettée qu’elle est. A ce jour, tous les partis politiques, même ceux au pouvoir n’échappent pas à la politique de division et de rébellion. Ainsi, vous avez à ce jour 2 FPI, 2 MFA, 2 PIT et certainement bientôt 2 PDCI et 2 RDR, etc.
L’état de droit, corolaire fondamental de la démocratie, n’existe que de nom en Côte d’Ivoire où le droit est appliqué de façon sélective selon la couleur politique.
La justice, instrument de régulation de la société est instrumentalisée et aux ordres des gouvernants qui s’en servent outrancièrement pour abuser de leur autorité et de leur pouvoir sur tout justiciable qui serait du mauvais côté.
En somme, une analyse objective et non politicienne conclut, au vu de ce qui précède, à une société drastiquement en recule à la fois en termes de valeurs humaines que de développement humain avec une prolifération dangereuse de gênes conflit gène l’exposant à terme à l’inévitable auto destruction.
Comment en sommes-nous arrivés là ? L’histoire est trop récente pour en ignorer. Heureusement ! Mais la question la plus importante pour l’heure est comment en sortir ?
C’est ensemble que nous devons y répondre ; C’est ensemble que nous avons été fautifs, oui au-delà des grands acteurs de cette décente aux enfers qui sont connus, chacun de nous en porte une certaine responsabilité. C’est ensemble que nous devons rebâtir et restaurer les ruines de notre patrie. Cela appellera de la part de chacun et de chacune, de la responsabilité, de l’humilité et du courage. Le courage de la reconnaissance de sa propre responsabilité, le courage de la repentance, le courage du pardon et le courage de la réconciliation. Cela exige que nous nous retrouvions pour en prendre l’initiative. C’est le projet que je compte humblement vous proposer dès à présent et tout le long de cette année 2018.
D’ores et déjà, j’en appelle à un grand rassemblement citoyen pour poser ensemble les jalons de cette restauration. J’en appelle aux forces vives de la Nation, à toute personne éprise de paix et soucieuse du devenir de notre pays et de son peuple à nous rejoindre pour sauver la Nation de la dérive de la division et du danger de la déflagration nationale.
Dieu nous y aidera !
Bonne et heureuse année 2018.
Que la grâce et l’amour infini de Dieu demeurent votre partage !

Fait à Abidjan le 1er janvier 2018

KONAN Kouadio Siméon (KKS)
Candidat aux élections présidentielles 2010 et 2015