Côte d’Ivoire: Les législatives compromises ? Des coups de feu tirés sur des QG, plusieurs agressions au fusil et au couteau. Des opposants appellent au boycott actif comme au Référendum

Par Ivoirebusiness - Côte d’Ivoire. Les législatives compromises ? Des coups de feu tirés sur des QG, plusieurs agressions au fusil et au couteau. Des opposants appellent au boycott actif comme au Référendum.

Christian Vabé, président du RPCI-AC.

Les élections législatives dimanche 18 décembre en Côte d’Ivoire semblent de plus en plus compromises vue l’atmosphère de guérilla qui règne dans le pays, alors même que le pouvoir appelle les électeurs à choisir les 255 députés qui les représenteront à l’Assemblée nationale. Assemblée nationale placée sous le signe de la 3e République après la falsification des résultats du Référendum (boycotté à 95% la population) par la commission électorale indépendante, dirigée par un proche de Ouattara.
Plusieurs actes de violence, de sabotage, et d’intimidation, ont été notés sur toute l’étendue du territoire national pour un scrutin plus fermé que jamais et ou le RDR d’Alassane Ouattara est assuré d’office d’obtenir 77 sièges sans combattre, dans des zones de non compétition où seuls ses cadres ont le droit d’être candidats.
Dans plusieurs circonscriptions, des tensions, violences, ou intimidations ont été relevées. Des coups de feu ont été tirés sur des QG de campagne.
Des actes dénoncés par plusieurs ONG comme Amnesty international, la FIDHOP, Peace Côte d’Ivoire, Wanep, ou Rasalao. A Abidjan comme à l’intérieur du pays, les tensions sont palpables, même entre candidats du même bord.
Ainsi, à Bingerville un candidat RHDP a été empêché de tenir meeting ; à Abobo, des femmes ont été agressées à l’arme blanche par des jeunes après un meeting ; à Daoukro et Adiaké, des QG ont essuyé des tirs par des individus munis d’armes de guerre..
Dans l’Iffou, N'dri Arsène, l'homme de main du candidat Akoto Koussi Olivier, a été retrouvé mort à son domicile dans la nuit de lundi à mardi.
A Cocody, au moins 4 personnes ont été blessées suite à l’attaque du QG de la candidate indépendante Yasmina Ouegnin, affirment ces ONG.
Pour Sylvere Koffi, président du Rasalao (ONG), ces dérapages sont inquiétants : « Ce n’est pas normal du tout, et justement, c’est ce que nous déplorons et nous l’avons mentionné dans notre rapport. vous n’êtes pas d’accord, vous ne cassez pas, vous ne sortez pas d’armes, vous ne tuez pas, vous ne blessez pas. C’est justement une atteinte au jeu démocratique. »

Et selon nos informations, une invasion de loubards (près de 200) a eu lieu à Korhogo au Nord du pays, pour saccager et empêcher la tenue du scrutin dimanche dans une guerre entre barons locaux du RDR, le parti d’Alassane Ouattara.

Leur mission : empêcher l’élection du candidat indépendant en saccageant les bureaux de vote.
Devant le péril de ces élections législatives à hauts risques, le front populaire ivoirien (FPI), la principale formation politique d’opposition, a d’ores et déjà appelé les ivoiriens à se tenir bien loin de cette mascarade électorale et à boycotter les urnes dimanche, alors même que certains de ses alliés de la coalition du Non et du Front du Refus participent au scrutin pour selon eux, continuer la lutte contre la 3e République à l’Assemblée nationale.
C’est également la position de la tendance minoritaire du FPI dirigée par Pascal Affi N’guessan qui aligne plusieurs candidats dans plusieurs villes.
Dernière formation politique à tirer la sonnette d’alarme sur ces législatives gadgets, est le rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire Alternative crédible.
Le RPCI-AC de Christian Vabé a appelé samedi dans un mot d’ordre à la nation, les ivoiriens à boycotter massivement et activement les élections législatives comme ils ont boycotté à 95% le référendum sur la constitution de la 3e République.
Le RPCI-AC se base sur l’Arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) qui a déclaré en son arrêt n°001/2014 du 18 novembre 2016, que « la CEI est discriminatoire envers l’opposition et les candidats indépendants ».
Il est de notoriété publique que la Commision électorale indépendante (CEI), passée maitre dans la falsification des résultats, est déséquilibrée, inféodée au pouvoir, et dirigée par un proche d’Alassane Ouattara.
« Boycottez activement et massivement ce simulacre de législatives car vous avez massivement dit NON au Référendum sur la 3e République », indique le communiqué du Rpci-Ac dont IvoireBusiness a eu copie.
« Citoyens, Dimanche boycottez activement et massivement les Urnes comme le Référendum car le scrutin est pipé d’avance, les jeux sont déjà faits. La fraude fonctionne à plein tube. Le RHDP, la maladie de la Côte d'Ivoire a déjà gagné», a poursuivi le communiqué du Rpci-Ac.
A cette allure, pas sûr que les législatives de dimanche attirent grand monde. Selon plusieurs analystes, les risques d'une déflagration sont de réels. Personne ne pourra dire qu'il a été surpris.
Nous y reviendrons.

Eric Lassale