Côte d’Ivoire : la coalition au pouvoir remporte des sénatoriales sans enjeu, Par THÉOPHILE KOUAMOUO

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. La coalition au pouvoir remporte des sénatoriales sans enjeu, Par THÉOPHILE KOUAMOUO.

THÉOPHILE KOUAMOUO, journaliste à "Le Media" en France.

Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), actuellement au pouvoir, a remporté des élections sénatoriales courues d’avance. Dans un contexte politique particulièrement tendu.
Scrutin sans enjeu. Les premières élections sénatoriales en Côte d’Ivoire, qui se sont déroulées samedi dernier, étaient courues d’avance. D’abord en raison de la composition de la toute nouvelle Chambre haute du Parlement ivoirien, consacrée par la Constitution de 2016. Sur 99 sénateurs, 33 doivent être directement nommés par le président de la République.
Et les 66 autres sont élus au suffrage universel indirect – en l’occurrence par un collège constitué d’élus locaux et de députés. Mais ce collège, composé de 7010 personnes (dans un pays d’environ 23 millions d’habitants), est lui-même caractérisé par une surreprésentation de la coalition au pouvoir, qui a remporté les dernières élections législatives et locales, dans un contexte de boycott massif de l’opposition. Par exemple, le RHDP compte 204 députés sur 255 à l’Assemblée nationale, suite aux législatives de 2016.
Du coup, sans surprise, sur les 66 sénateurs élus, 50 sont membres de la coalition au pouvoir. Et il est évident qu’Alassane Ouattara ne nommera pas des adversaires politiques, à moins qu’ils se soient plus ou moins ralliés à sa cause…
Le « verrouillage » quasi-complet de la représentation nationale par le pouvoir traduit paradoxalement la profondeur du malaise politique en Côte d’Ivoire. Sept ans après l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, à la suite d’une guerre post-électorale au cours de laquelle la France s’était rangée à ses côtés, la classe politique n’est d’accord sur presque rien.
Les dissensions portent également sur la Commission électorale indépendante (CEI), jugée trop favorable au pouvoir en place et dont l’opposition demande la réforme. La Cour africaine des droits de l’homme avait d’ailleurs exigé, dans un arrêt, la modification de sa composition.
A deux ans de la prochaine élection présidentielle, la crise politique se cristallise et le président Ouattara apparaît plus contesté que jamais, y compris au sein de son propre camp : son allié Henri Konan Bédié, 75 ans, président de 1993 à 1999, semble vouloir positionner un de ses poulains en 2020 ; et l’ancien chef rebelle Guillaume Soro, qui a soutenu ses ambitions les armes à la main depuis 2002, est entré dans une logique de défiance à son égard.
Amnesty International est également monté au créneau, vendredi dernier, pour fustiger les arrestations ayant eu lieu en marge des manifestations organisées le 22 mars. « Les restrictions systématiques au droit à la manifestation pacifique, droit garanti par la constitution, montrent la détermination des autorités à réduire au silence toute voix dissidente », a ainsi déclaré Gaetan Mootoo chercheur sur l’Afrique de l’Ouest au sein de l’ONG.

UNE CHRONIQUE DE THÉOPHILE KOUAMOUO