Côte d’Ivoire: L’URD dénonce la condamnation de 18 membres de l’opposition et la privation de leurs droits civiques

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. L’URD dénonce la condamnation de 18 membres de l’opposition et la privation de leurs droits civiques.

D. BONI-CLAVERIE, Présidente de l’URD.

DÉCLARATION DE L’URD SUR LA LIBÉRATION DES 18 PERSONNES DE L’OPPOSITION

Le 22 mars 2018, répondant à l’appel des Partis de l’opposition, des milliers de démocrates s’apprêtaient à marcher pour exprimer leur mécontentement et leur volonté de voir la Commission Électorale Indépendante (CEI) recomposée et pour inviter le gouvernement à un dialogue inclusif afin d’aboutir à une réforme consensuelle de cette Institution .A peine arrivés sur les lieux de rassemblement que ces démocrates ont subi une répression inqualifiable de la part des forces de l’ordre avec à la clef des blessés et l’emprisonnement de 18 personnes à la Maca.
Le Tribunal de Première Instance d’Abidjan les a condamnés le vendredi 06 Avril à 12 jours d’emprisonnement, assortis de 5 ans de privation de leurs droits civiques et trois ans d’interdiction de paraître sur le territoire ivoirien en dehors de leur lieu de naissance.
Quelle est cette peine en totale inadéquation avec l’inculpation de troubles à l’ordre public auquel on ajoute la privation des droits civiques pour une durée de 5 ans ?
Comment ne pas ressentir cela comme une volonté obstinée d’écraser et de réduire l’opposition au silence en instrumentalisant la justice.
Comment ne pas y voir une volonté irascible de détruire l’expression démocratique qui se nourrit par définition de contradictions ?
Quand en 2017, toute la Nation a été prise en otage, au gré de humeurs d’ex combattants, les autorités n’ont rien eu à dire que justifier l’injustifiable. 8 400 mutins ont obtenu plus de 7 millions frs CFA chacun. Personne n’a été emprisonné ni privé de ses droits civiques. Quand il y a eu mort d’hommes à Bouaké, personne n’a été emprisonné ni privé de ses droits civiques.
Quand en 2013 a éclaté le scandale de la réhabilitation des universités publiques à coût de milliards, scandale qui avait occasionné le limogeage d’un directeur administratif et financier, personne n’est allé en prison et n’a été privé de ses droits civiques.
Les exemples sont malheureusement légions dans notre pays.
S’en prendre à un haut cadre du parti du Président Laurent Gbagbo sous le fallacieux prétexte d’un mandat d’arrêt datant de mars 2013 et dont les scellés seraient très opportunément levés 5 ans après nous fait craindre pour l’avenir.
Le Pouvoir, en s’en prenant aux libertés fondamentales des citoyens s’installe dans une logique belliqueuse et répressive. Contester est un droit constitutionnel et le confisquer est une arme à double tranchant. Demander une réforme consensuelle de la CEI, c’est vouloir tout simplement créer les conditions d’élections justes et transparentes. En quoi, cela est-il inacceptable ?
Exiger la garantie d’une justice impartiale est une condition de la protection des citoyens. Réclamer la réconciliation nationale n’est en rien contestable.
A partir de quel niveau d’exaspération, le gouvernement acceptera-t-il d’entendre le grondement d’une population exaspérée. Il appartient à ceux qui nous dirigent d’enclencher après 7 ans de tensions et de rancœurs, le processus de normalisation qui permettrait à notre pays de s’épanouir enfin dans une atmosphère apaisée, propice à la stabilité du pays et à l’épanouissement de ses citoyens.

D. BONI-CLAVERIE.
Présidente de l’URD.