Bombardement de Bouaké: La France blanchit Gbagbo et accuse Mangou

Par Aujourd'hui - Bombardement de Bouaké. La France blanchit Gbagbo et accuse Mangou.

Le Président Laurent Gbagbo et le Général Mangou passent en revue les troupes dans la Command Car. Image d'archives.

Un nouveau rebondissement dans l’affaire du bombardement du camp militaire français à Bouaké. Les officiels français, dont des généraux qui avaient prise sur les événements à cette époque, ne considèrent plus le

président Gbagbo comme le donneur d’ordre, douze ans après ce drame qui avait poussé la France à détruire la

quasi-totalité de l’aviation ivoirienne.

La France a certainement honte de son image en Côte

d’Ivoire et multiplie les accusations, des plus intenables aux plus ridicules.En tout cas, après avoir accusé l’ancien président ivoirien d’avoir donné l’ordre de

tirer sur les militaires français,en novembre 2004, se donnant ainsi une raison pour détruire l’ensemble de la défense de l’Etat ivoirien, les officiers français

qui commandaient à l’époque la force Licorne se bornent

désormais à absoudre Laurent Gbagbo depuis quelques

temps. En revanche, ce sont ses proches qui sont à présent accusés d’avoir manipulé les pilotes biélorusses par « un geste irréfléchi de haine de la part de l’entourage de Gbagbo, dans l’espoir que les Français décident de partir de Côte d’Ivoire la queue entre les jambes », accuse Henri Bentégeat toute honte bue.

Les familles des 9 soldats tués à Bouaké ainsi que les 38 blessés veulent toujours comprendre pourquoi les pilotes biélorusses,à portée de main, n’ont jamais été arrêtés et, mieux encore,pourquoi aucune autopsie des victimes n’a été autorisée. Gênés aux entournures par l’enquête

de la juge Khéris qui permet aux médias français de revenir sur cette affaire glauque, la France dit, se dédie et se ridiculise.

Ainsi ce n’est plus Gbagbo, le grand méchant mais ses

proches : Mamadou Koulibaly,Bertin Kadet ou encore Philippe Mangou qui se retrouve aux côtés d’un Alassane Dramane Ouattara à qui devait profiter le coup de force que Paris voulait mettre en route en profitant de

ce drame, qui sont maintenant les commanditaires de ce bombardement.

« Le général Doué, le chef d’état-major ivoirien,n’avait plus la main sur son aviation, assure le général Poncet

qui fait aujourd’hui croire que l’idée était qu’à ce jeu que la France allait se coucher comme elle l’avait fait à Drakkar, au Liban en 1983 [58 militaires français avaient été tués], théorisant ce que Gildas Le Lidec avait fait croire. A savoir que «les Ivoiriens ont voulu dissimuler

leur défaite en se retournant contre la France, un punchingball facile dans ces cas-là. »C’est le parfait scénario de l’agresseur qui joue les victimes. Mais la France a du mal à convaincre parce qu’elle a laissé

des traces. Voici ce qu’écrivait Jean Christophe Notin, son journaliste sous influence de l’armée, dans le crocodile et le scorpion: « au soir du 5, les Français sont encore persuadés que le lendemain matin, les FANCI [l’armée ivoirienne] seront dans Bouaké et que la ville

tombera facilement », racontet-il. De toute façon, pour maître Jean Balan, « mettre en cause l’entourage de Gbagbo ne tient pas une seconde.

Le pouvoir ivoirien n’avait aucun intérêt stratégique à bombarder les Français alors que Bouaké allait

bientôt tomber. Quant à l’affaire du trafic d’armes, c’est une pantalonnade ! Les ventes de M.Montoya [qui a vendu les avions Sukhois à l’armée ivoirienne]étaient parfaitement légales,cela a été démontré ». Bref, pour

le défenseur de nombreuses familles des victimes, les milliers de pages du dossier convergent vers l’hypothèse d’une manipulation d’origine française. Qui a mal tourné. « Si la France, dit-il,a laissé filer les pilotes, c’est simplement pour ne que l’on ne connaisse pas la vérité sur l’origine du bombardement ».

Cela dit, une manipulation des pilotes par les français peut-elle être considérée comme la raison qui a motivé le refus de faire autopsier le corps des victimes de

ce bombardement ?

A la vérité,non. Les différentes enquêtes sur le sujet ont en effet fini par montrer que la France a voulu empêcher que la moindre preuve ne soit découverte. Alors

question, ces preuves montrentelles que Paris a utilisé ses propres avions ou ses propres armes ?

C’est l’hypothèse avancée par le général Renaud de

Malaussene, ancien No2 de la force Licorne en Côte d’Ivoire. Il témoigne : « ne pas faire d’autopsie,c’est contraire à l'éthique du soldat. Dans l’armée, on respecte

nos morts. Pourquoi ne pas les autopsier ?

Peut-être pour être sûr que personne ne puisse démontrer que ce ne sont pas les avions de Gbagbo qui ont tué les soldats français ?

Je m’interroge. » Tandis que Maître Balan assure qu’ « on a voulu s’assurer qu’aucune autre trace venant d’une autre munition puisse être retrouvée. Sinon,toute la légitimité du plan initial,qui était de destituer Gbagbo,

s’effondrait ».

Dissimuler l’arme du crime, notamment les munitions qui ont tué ces soldats voilà en effet ce qui peut pousser un pays, développé au surplus, à se désintéresser

de l’autopsie des victimes pour lesquelles son gouvernement est ensuite parti en représailles.

La France cache donc plus ce que ses journalistes, par

conformisme, continuent de présenter comme le fruit d’une enquête méthodique et fouillée.

Pour le reste, à quelques jours de la reprise du procès de

Gbagbo, la preuve est de nouveau établie que l’ancien président a toujours fait l’objet de calomnie et d’accusations gratuites parce qu’il n’est pas un

président qui se couche.

Aujourd’hui