Appel au boycott de l’enrôlement/Georges-Armand Ouégnin, président de EDS, clarifie tout: « L’enjeu c’est de préserver notre pays d’une autre guerre post-électorale »

Par IvoireBusiness - Interview. Georges Armand Ouégnin (Président d’Eds) « Des gens font de la manipulation politique de notre appel au boycott ».« Nous rappelons que l’enjeu de notre démarche c’est de préserver notre pays d’une autre guerre post-électorale ».

Pr Georges-Armand OUEGNIN, président de la plateforme EDS.

Après son appel au boycott de l’opération de révision de la liste électorale, le Président d’Eds, Georges Armand Ouégnin, réagit face à la polémique que cela engendrée.

Votre dernière sortie appelant les populations à boycotter de le recensement électoral a crée une grosse polémique dans l’opinion…

Oui, polémique comme vous le dites. Nous recevons de manière positive le fait que les Ivoiriens, nos compatriotes se soient saisis de cet appel et en faire des débats dans leur salon, dans les rues, dans les entreprises. Et surtout sur les réseaux sociaux. Nous réclamons, depuis plusieurs mois, que les Ivoiriens se parlent. Et qu’à l’issue de ce dialogue, nous obtenons un consensus en ce qui concerne la Commission électorale indépendante. Laquelle commission est au centre de la polémique. Certes nous ne sommes pas encore là. Mais nous restons très optimistes. Quand nous parlons de polémique, c’est que des Ivoiriens sont opposés sur la question de la Cei…
Ils ne sont pas véritablement opposés sur la question de la Cei. Tous sont d’accord, unanimes à reconnaître que cette Cei est illégale et illégitime. Il nous faut réellement une nouvelle Commission pour organiser les élections. Nous attendons par tous, la société civile, les partis politiques de l’opposition et une partie de la coalition au pouvoir. Ce qui nous divise, en revanche, nous vous le concédons, c’est une question de méthode.
Si oui ou non, la Cei actuelle qui est illégale et illégitime peut conduire l’opération de la révision de la liste électorale 2018. A l’issue de la déclaration que nous avions faite au nom de Eds, notre position est claire. Et c’est une question de principe, de logique, de cohérence. Voire de bon sens. Nous disons et nous le répéterons toujours avec fermeté et détermination que la Cei actuelle est disqualifiée.
Elle ne peut donc procéder à la révision des listes électorales 2018. Nous voulons réitérer notre appel de façon sincère au gouvernement en disant que l’Etat a l’obligation d’exécuter la décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Laquelle Cour lui fait obligation de réformer la Cei. Afin de la rendre conforme aux normes internationales. Et la Côte d’Ivoire doit respecter ses engagements internationaux. Puis qu’elle est signataire de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Et de permettre à nos citoyens de choisir librement leurs représentants.
Dans un Etat de droit, l’Etat se doit de respecter une décision de justice. C’est une question de droit. Relativement à cette décision se dégage une certaine unanimité. Cependant certains de nos frères estiment qu’il faille se faire recenser maintenant en attendant qu’on mette en place une nouvelle Cei. Afin de ne pas être forclos.

Que pensez-vous de cet argument pour tranquilliser des Ivoiriens qui disent qu’ils ne veulent pas être forclos. Donc, il faut se faire recenser maintenant ?

Nous disons sincèrement à nos concitoyens qu’une institution illégale et illégitime ne peut pas poser un acte légal. En d’autres termes, cette Cei illégale et illégitime ne peut conduire une opération d’enrôlement qui est une étape essentielle dans tout processus d’organisation d’élection. Et comme nous sommes tous d’accord qu’il faut une nouvelle Cei, pourquoi ne pas la réformer maintenant en même temps. Nous observons aussi que ceux qui soutiennent cette position, il y en a qui sont de bonne foi. Ils se disent qu’ils préfèrent s’enrôler maintenant pour ne pas être forclos après. Surtout qu’il y a eu trop de boycott. A ceux là, nous répondons que le recensement auquel ils participeront est illégal et illégitime. Bien sûr, il ne faut pas oublier ceux qui font de la manipulation politique. Et qui pensent, à ce jeu, aider à la réhabilitation de la Cei.

Quelle sera alors la meilleure attitude ?

C’est que la classe politique et la société civile se mobilisent maintenant afin d’obtenir par le dialogue et la concertation, une Commission électorale indépendante. C’est tout le sens de l’appel à la mobilisation que nous avions lancé à toutes les forces vives de la Nation. Fruit ce nouveau consensus, il reviendra à la nouvelle Cei d’organiser des élections. Cela suppose la révision des listes électorales, le découpage électoral et toutes les autres activités qui entrent dans le cadre de l’organisation normale des élections.

Après le boycott à quoi doivent s’attendre les Ivoiriens ?

Une chose est indéniable. Nous voulons aller aux élections. Et nous irons aux élections. C’est pourquoi nous réaffirmons avec conviction que nous irons jusqu’au bout pour obtenir le dialogue politique. Afin d’élaborer une Cei consensuelle. Nous rappelons que l’enjeu de notre démarche c’est de préserver notre pays d’une autre guerre postélectorale et de jeter les bases d’une vraie réconciliation et d’une paix durables. Les Ivoiriens ont trop souffert. Ils aspirent à la paix. Et cette paix, nous devons la leur donner. Et pour atteindre notre objectif, nous ne ménageons aucun effort pour user de tous les moyens légaux et démocratiques.

Interview réalisée par Yacouba Gbané yacou06336510@yahoo.f