Affaire « traque des militaires non ivoiriens présumés parmi les 8 400 » : Ce que des soldats répondent à Bouaké

Par Soir Info - Affaire « traque des militaires non ivoiriens présumés parmi les 8 400 ». Ce que des soldats répondent à Bouaké.

Soldats mutins à Bouaké lors des mutineries du 12 au 15 mai 2017. Image d'archives.

« Qui fait partie de l'armée ivoirienne ? C'est la question que se pose l'état-major des armées, qui a l'intention de mener une nouvelle campagne d'identification de ses hommes, et notamment ceux issus des rangs de l'ancienne rébellion des Forces nouvelles ».
C’est l’attaque d’un article paru dans Jeune Afrique (J.A) de cette semaine, intitulé « Côte d’Ivoire : qui sont les faussaires au sein de l’armée ? ». Le papier précise que cette nouvelle identification vise particulièrement les soldats issus du contingent des 8 400 qui se sont mutinés l’an dernier. Pour en savoir davantage, nous avons mené une investigation dans les différents camps militaires de Bouaké, surtout que l’article fait savoir que pour cette nouvelle identification, « un certificat de nationalité ivoirienne, portant la seule signature du président du tribunal de la localité, sera désormais exigé ».
« A ma connaissance, il n'y a aucune identification en cours en ce moment. En ma qualité d'officier supérieur, il ne peut pas se passer une telle opération dans les casernes sans que je ne sois informé, ce n'est pas possible. De façon officielle, je peux vous garantir que c'est le calme plat dans toutes les casernes à Bouaké. Il n’y a aucun souci. S'il y avait cette identification dont vous parlez, j'en serai le premier à être informé », nous a confié un officier supérieur de l'armée ivoirienne, en service à Bouaké, que nous avons interrogé, le mardi 27 mars 2018, par téléphone.
Selon J.A, les conclusions d’une première identification biométrique n’avaient jamais été rendues publiques. Et qu’une enquête tenue secrète avait révélé l’existence de fraudes sur des documents administratifs, pratiquées par des soldats non ivoiriens.
Pour le capitaine I.M.G, « des gens veulent forcément qu'il se passe des choses à Bouaké, mais pourquoi pas ailleurs ». « Il ne se passe absolument rien ici. Le survol de la ville par les Soukhoï le mois dernier, est tout à fait logique et normal. Pourquoi voit-on le mal partout? Si vous voulez, interrogez certains éléments qui composent ce contingent 8400, ils vous diront eux-mêmes qu'il n'en est rien », a souligné le capitaine également joint par téléphone.
Une dizaine d'éléments dudit contingent que nous avons approchés pour les uns et joints par téléphone pour les autres, ont tous confirmé l'information de leur hiérarchie, à savoir qu'aucune identification ne les concerne en ce moment précis. « Peut-être que ceux qui parlent de ça, font allusion au paiement de nos primes que nous avons perçus en janvier 2017. C'était normal. Il fallait savoir qui est militaire et qui ne l'est pas. Je crois bien que c'était cette période. Sinon il n'y a rien ici. Chacun, à son niveau, essaie d'être plus poli, plus respectueux des règles militaires, pour pouvoir avancer en grade. C'est aujourd'hui notre objectif premier. Un militaire mal formé et indiscipliné n'avancera jamais en grade. Nous ne voulons plus recommencer ce qui s'est passé par le passé. L'identification dont vous parlez, nous n'en sommes pas informés », a juré un soldat du contingent 8400.
A l’entendre, tout soldat, qui a fraudé sur les documents administratifs, « tôt ou tard, il sera pris et répondra de ses actes », a martelé le soldat du contingent 8400.

Ladji Abou SANOGO (Correspondant régional)