Adresse du président Sangaré aux militants du FPI et aux Ivoiriens suite à l’assignation en justice des dirigeants

Par Ivoirebusiness - Adresse du président Sangaré aux militants du FPI et aux Ivoiriens suite à l’assignation en justice des dirigeants
du Parti par M. Affi N’Guessan, ex-membre exclu.

Sangaré Aboudramane, président par intérim du FPI.

Depuis plus d’une décennie, notre pays, la Côte d’Ivoire, est en proie à une crise profonde qui a atteint son paroxysme avec les événements douloureux de la crise postélectorale de 2011. A ce jour, malgré les propos laudateurs- sur commande ? - de certains visiteurs ou observateurs tendant à faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, nous devons humblement reconnaitre que notre pays est loin d’être sorti de l’ornière. Bien au contraire, les effets douloureux de la crise postélectorale sont encore présents, comme en témoignent les centaines de prisonniers politiques, les centaines de milliers d’exilés et de réfugiés politiques et la fracture profonde et très perceptible de la société ivoirienne. Est-ce responsable de feindre d’ignorer que le feu couve toujours sous la cendre d’un prétendu tableau idyllique ?
Le Front Populaire Ivoirien, le parti fondé par le Président Laurent Gbagbo en 1982, avait d’abord été donné pour mort dès 2011. Ensuite, l’on a tenté par tous les moyens de le faire imploser. Dans sa jeune histoire, notre parti a connu bien de crises liées aux contradictions internes, somme toute inhérentes à la vie des formations politiques. Cependant, nous les avons toujours réglées par la voie démocratique, en suivant les mécanismes internes prévus par nos textes fondamentaux. Cette ligne de conduite, qui procède de la discipline et de l’esprit démocratique, a malheureusement été violée, en décembre 2014, par celui qui était alors le président du Parti et qui a porté devant les tribunaux un simple différend lié à l’interprétation de nos textes, livrant ainsi le FPI poings et pieds liés au pouvoir en place.
Aujourd’hui encore, le FPI se retrouve devant les tribunaux, sur une énième plainte de son ancien président qui a assigné, par la procédure d’urgence du référé d’heure en heure, quatre de ses dirigeants :
- SANGARE Abou Drahamane, 1er vice-président, Président par intérim du FPI
- AKOUN Laurent, Vice Président, Président délégué
- LOROUGNON Marie Odette, Vice Présidente, Secrétaire nationale de l’Organisation des Femmes du Front Populaire Ivoirien (OFFPI) ;
- KONE Boubakar, 1er Secrétaire Général Adjoint, Porte parole par intérim.
Cette assignation en justice nous reproche les faits d’usurpation de titre, d’utilisation frauduleuse du nom du FPI et surtout de non respect d’une décision de justice rendue le 3 avril 2015. J’ai donc décidé de m’adresser solennellement aux Ivoiriens, à tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, aux Démocrates d’ici et d’ailleurs, pour apporter un éclairage sur les récents développements de la situation à laquelle le FPI fait face depuis plus d’un an, mais aussi et surtout pour parler de la Côte d’Ivoire. Je me propose donc d’exposer les faits tels qu’ils se sont produits et d’expliquer notre posture actuelle afin de rassurer, certes nos militants et sympathisants, mais surtout les Ivoiriens et tous ceux qui nous font l’amitié de vivre en Côte d’Ivoire que le FPI est non seulement un et indivisible mais qu’il est dans la légalité.
Le 5 mars 2015, le Comité Central, organe de décision, s’est réuni en session extraordinaire à la demande de plus de deux tiers de ses membres statutaires, comme le prévoient l’article 37 des Statuts et l’article 16 du Règlement Intérieur. En application des dispositions de l’article 64 du Règlement Intérieur, le Comité Central a pris des mesures disciplinaires : suspension du président du parti d’alors et désignation d’un président et d’un secrétaire général intérimaires que sont Sangaré Abou Drahamane et Douati Alphonse. Cette décision a été attaquée par notre ancien camarade, non pas devant le Comité de Contrôle du parti, comme le prévoient nos textes, mais devant le tribunal.
Dans le traitement de cette affaire c’est d’abord le juge des référés qui a pris, le 3 avril 2015, une décision d’attente nous interdisant de nous prévaloir des titres de président et de secrétaire général par intérim et d’utiliser même le nom du FPI, en attendant que le différend soit réglé au fond. Ensuite le juge du fonds a donné raison au plaignant en annulant les décisions du Comité central du 5 mars 2015. La décision d’attente rendue par le juge des référés, que nous avions au demeurant rigoureusement respectée, étant désormais désuète nous avons pris acte de la décision sur le fond et avons fait appel. Mais notre action est restée sans suite à ce jour.
Au regard de cette situation, les secrétaires généraux de sections, se saisissant du droit que leur confèrent les articles 32 des Statuts et 7 du Règlement intérieur, ont pris l’initiative de la tenue d’un congrès extraordinaire, à Mama, le 30 avril 2015.
C’est le lieu de rappeler que le FPI n’avait plus tenu de congrès depuis 2001 et que le 4ème congrès ordinaire qui devait se tenir en décembre 2014 a été annulé de façon unilatérale par le président sortant, et cela à la veille même des assises, alors que la quasi-totalité des délégués étaient déjà arrivés à Abidjan après avoir parcouru des centaines de kilomètres. Plus grave, bon nombre de ces délégués, qui avaient voyagé de nuit et s’étant rendus directement au lieu du congrès, ignorant son annulation, ont essuyé les gaz lacrymogènes de la répression policière.
Le Congrès extraordinaire de Mama s’est tenu dans le strict respect de nos textes fondamentaux, à la lettre et dans l’esprit, tel que confirmé par le Comité de Contrôle. Ainsi, le Président Laurent Gbagbo, élu à la tête du parti à plus de 98% par les assemblées fédérales, a été investi au Congrès de Mama, en application de l’article 41 des Statuts et de l’article 18 du Règlement Intérieur.
Le Congrès de Mama, par une résolution, a prononcé l’exclusion de Monsieur Affi N’Guessan du FPI, pour indiscipline caractérisée et déviation de la ligne idéologique et politique du Parti ; il lui est désormais interdit de se prévaloir de la qualité de membre et du titre de président du FPI. Cette décision, dont il est parfaitement conscient qu’elle a été régulièrement prise par l’instance suprême de notre parti, lui a été notifiée par exploit d’huissier. Il en a accusé réception et en a pris acte.
Monsieur Affi N’Guessan a donc bien compris que c’est en vertu du Congrès de Mama que nous dirigeons le FPI aujourd’hui, en tant que premier vice président, sous l’autorité du Président du Parti, le Président Laurent Gbagbo. Mais, ne pouvant pas remettre en cause la légalité et la légitimité du Congrès qui l’a exclu, notre ancien camarade a entrepris de tromper l’opinion publique en tentant de revenir au débat révolu du Comité central du 5 mars 2015 et d’actionner la justice qu’il appelle fièrement « son gourdin».
C’est le lieu pour moi de réaffirmer mon attachement au respect dû aux institutions de la République. Mon éducation, ma culture politique, mon statut d’enseignant en droit qui a humblement contribué à la formation de certains de ceux qui administrent la justice aujourd’hui et les hautes fonctions que j’ai occupées au sommet de l’Etat, de par la confiance du Président Laurent GBAGBO, m’interdisent toute attitude d’irrespect à l’égard des institutions de l’Etat. Le FPI a été créé par Laurent Gbagbo pour être au service de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique dans le difficile mais exaltant combat pour l’édification d’une nation démocratique, souveraine, forte et prospère. C’est un combat auquel nous croyons fermement et pour lequel nous continuons de payer de nos vies, convaincus que pierre après pierre, souventes fois dans la douleur, mais toujours avec confiance et détermination, les générations d’aujourd’hui et de demain y parviendront, en Côte d’Ivoire et en Afrique.
Je demeure convaincu que le pluralisme politique, qui n’est pas encore la démocratie, ne contribuera à la consolidation du processus démocratique et au renforcement de l’Etat de droit que s‘il est garanti aux partis politiques la liberté de s’exprimer et de fonctionner conformément aux textes qu’ils se sont donnés et dans le strict respect des lois de la République.
Le citoyen ordinaire ou militant du FPI a pu observer que dans le cas du PDCI, où des militants avaient entrepris une action en justice pour contester la démarche de M. Bédié, le Tribunal s’est déclaré incompétent. Comment comprendre alors que ce même tribunal n’adopte pas la même attitude s’agissant du FPI ? Surtout lorsque l’ancien président Affi N’Guessan, déclare sans retenue être en mesure d’actionner à tout moment la justice, son « gourdin », qui lui aura permis, comme il s’en vante, d’avoir fait annuler le 4ème Congrès ordinaire de décembre 2014, d’avoir fait arrêter et emprisonner jusqu’à ce jour nos camarades ASSOA Adou, LIDA KOUASSI Moïse, OULAYE Hubert, KOUA Justin et DAHI Nestor, qui avaient pris une part active au Congrès de Mama.
Je voudrais donc croire en la justice de mon pays, la Côte d’Ivoire et espérer que seul le droit prenne la place, et toute la place, dans le temple de Thémis et que la politique ne s’y invite point. Je voudrais partager ma conviction profonde qu’une administration équitable de la justice rassure les citoyens et est, sans aucun doute, gage de paix et de cohésion sociale.
Que le droit soit donc dit et que toute latitude soit laissée au FPI et à tous les autres partis politiques de Côte d’Ivoire de régler leurs contradictions internes sans ingérences judiciaires et/ou politiques. La réconciliation nationale, la démocratie et l’Etat de droit y gagneront assurément.

Fait à Abidjan le 9 mars 2016

Pour le Front populaire ivoirien
Sangaré Abou Drahamane
Président par intérim