Débats et Opinions : Pascal Affi N’guessan, cheval de Troie de Dramane Ouattara

Par Correspondance particulière - Pascal Affi N’guessan, cheval de Troie de Dramane Ouattara.

Affi N'guessan lors d'une visite à Daoukro chez Konan Bedié, président du Pdci-Rda.

PASCAL AFFI NGUESSAN, CHEVAL DE TROIE DE DRAMANE OUATTARA

La tête du Front Populaire Ivoirien (FPI) est à la croisée des chemins. Depuis un moment et surtout depuis la sortie de prison du président du parti du Président de la république Laurent Gbagbo, rien ne va chez les socialistes ivoiriens. Des actes et des comportements exposent ce qui pourrait être décrit comme l’essence vraie de la lutte de l’ancien premier ministre. En un mot, qu’est-ce qui fait courir monsieur le postier?
L’ex-premier ministre des Eléphants a connu la prison suite au coup d’état de la France contre le régime du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire comme beaucoup d’Ivoiriens. Lors de son séjour dans le Worodougou, à Odienné, monsieur Affi Nguessan a bénéficié d’un soutien inconditionnel de la part des militants de son parti et d’autres sources qui voient en la lutte du Président Gbagbo une bataille qui va au-delà de la politique partisane. Ainsi, pour ne point le livrer au régime du Mokossi Dramane, avec doigté surtout, la direction du Front Populaire Ivoirien a bien pris soin de mettre en place une direction intérimaire conduite par monsieur Sylvain Oureto qui, nonobstant nos critiques, a effectué un travail à respecter.
Monsieur Affi Nguessan aurait été sacrifié et oublié si la direction du FPI avait choisi de mettre sur pied, lorsqu’il était en détention, une équipe de crise. Cette équipe pouvait convoquer un congrès extraordinaire et remplacer monsieur Affi Nguessan tout simplement. Cet acte aurait exposé le postier à deux niveaux au moins. 1) Il serait devenu l’ombre de lui-même depuis la prison. Car, ce que ces « têtus » et ces traitres oublient, c’est parce qu’ils sont au FPI qu’ils sont devenus populaires. Sinon, ce ne sont pas eux qui rendre le Front populaire. Le cas du patron du parti LIDER devait servir d’exemple très probant aux Affi, Wayou et bien d’autres. 2) Si Affi avait été dépouillé depuis Odienné, le Mokossi et ses hommes l’auraient liquidé comme un bon à rien ou l’auraient toujours gardé en prison. Mais, pour comprendre la dimension politico-psychologique de l’ex-premier ministre des bleus, il va falloir reculer dans le temps.
LA COLÈRE DE PASCAL AFFI NGUESSAN CONTRE LE PRÉSIDENT GBAGBO
a. Monsieur Affi Nguessan n’a jamais pardonné que le Président Gbagbo ne se soit pas battu pour le maintenir comme premier ministre après Marcoussis. De quoi s’agit-il ? A Marcoussis, ce n’est ni Chirac, ni son gouvernement qui ont obligé monsieur Affi Nguessan de signer sans lire, le document qui lui a été présenté. C’est la famille Bouygues qui a parlé pendant tout au plus dix minutes à monsieur Affi Nguessan pour qu’il trahisse le Président Gbagbo. Les Bouygues ont promis à monsieur Affi qu’il gardera toujours son poste de premier ministre et que c’est le président Gbagbo qui devait être dépouillé de ses pouvoirs. Dans son égoïsme notoire, sans consulter qui de droit, il a signé et vendu la Côte d’Ivoire.
b. Selon nos oreilles auprès du palais sous le président Gbagbo, pour comprendre le refus de monsieur Affi de rendre visite à la Première Dame Simone Ehivet, il faut savoir la réaction de cette dernière dès le retour de monsieur Affi après Marcoussis. Nos oreilles disent que Madame Simone Gbagbo a demandé à monsieur Affi en ces termes : « tu l’as vendu (Gbagbo) a combien à la France et à ses alliés ? ». Incapable de répondre, il partit sur la pointe des pieds après la rencontre. Depuis ce jour donc, monsieur Affi voit en la Première Dame son ennemie qui pourrait l’empêcher de devenir le président ou du moins aller à des élections qui consacreraient le Mokossi comme le président des Ivoiriens en 2015. Selon toujours nos oreilles, la même colère est réservée au ministre Blé Goudé que monsieur Affi Nguessan considère comme la main forte de la Première Dame.

c. Le cas Kelly, ancienne «money-maman» incontournable dans le système café-cacao est à prendre en compte. L’emprisonnement de Kelly a été vu comme une humiliation impardonnable par monsieur Affi. Il va donc voir le Président pour intervenir personnellement pour libérer Kelly. Devant le niet du Président qui croit en la justice ivoirienne, monsieur Affi attendait, depuis, une « belle » occasion pour se venger de celui qui l’a pris de l’ENSPT sis non loin du CHU de Treichville. Tenez-vous bien, monsieur Affi, pour l’amour de dame Kelly, avait trouvé son épouse d’alors « ne plus être à la mode».

AFFI ET LA PHOBIE DU « NON-HOMME »

Le président du FPI a peur soit de retourner à l’ENSPT, soit de demeurer à la tête du FPI d’où il peut partir à tout moment si un congrès de son parti le décide. La précipitation, caméra à l’appui, avec laquelle il s’est rué vers sa maison pour vider les va-nu-pieds qui l’occupaient avait été vue comme le résultat d’un deal de « sous table » par les avertis de la politique ivoirienne. Monsieur Affi Nguessan ne veut pas redevenir à son statut initial, celui d’avant son rôle de premier ministre. Il est alors prêt, vraiment prêt à manger à tous les plats en trahissant ses parrains, pour demeurer au sommet de l’état avec un poste de premier ministre dans un gouvernement du Mokossi Dramane à la suite d’élections gagnées à l’avance par le Burkinabé qui n’est pas fier de ses racines.

DES ACTES QUI EXPOSENT MONSIEUR AFFI NGUESSAN

Monsieur Affi, dans toutes ses sorties a refusé de prendre une ligne décisive, claire et digne de la gauche politique. En fait, il a refusé de suivre la ligne de monsieur Koua Justin alors patron de la jeunesse du FPI. Pendant que la jeunesse par la voix de Justin demandait à prendre la rue, le président Affi lui faisait des calculs arabes. Pour confirmer qu’il est un « dove », monsieur Affi va débarquer Justin de son poste. Il ramène Navigué du Ghana et lui remet « sa place ». Deux points se dégagent ici. Le premier est que monsieur Navigué est reconnu comme le « petit » du président Affi. Son rôle est de ramollir les militants qui sont prêts d’en découdre avec les dictateurs en place. C’est même cette envie d’avancer pour libérer la Côte d’Ivoire qui a vu la mobilisation dernière sur Bongouanou lors de la fête de liberté 2014. Le second point relève du retour de monsieur Navigué. En rentrant en Côte d’Ivoire sous l’impulsion de monsieur Affi, monsieur Navigué annihile tout ce que les réfugiés ivoiriens du Ghana et d’ailleurs reprochent au dictateur Dramane Ouattara. Certes, la demande d’asile est un acte individuel, mais il faut reconnaitre que « la communauté internationale » se focalise sur les symboles. La nomination de madame Brigitte Kuyo comme patronne de toutes les représentations du FPI alors qu’elle avait été débarquée par monsieur Sylvain Oureto, est un acte qui ne reconnait pas le beau et grand travail abattu par la direction du FPI que dirigeait l’économiste aux pas de velours. Le récent bureau pléthorique qu’il a formé pour miner le parti de l’intérieur pour s’imposer à un éventuel congrès qui à son tour le choisirait comme candidat du FPI contre Mokossi Dramane en 2015. Mais pourquoi monsieur Affi refuse de voir la vérité ? Il a été incapable de faire un meeting à Abobo, sa visite à la Première Dame annoncée à grandes pompes a été un fiasco (en fait, il a fait une mise en scène pour ne pas aller voir madame Simone Gbagbo). Si pour un meeting il a été « empêché », nous ne voyons pas comment il fera sa campagne présidentielle qui l’excite tant. Plusieurs personnalités du FPI rendent visite au Président Gbagbo. Quant à monsieur Affi, il n’a pas encore eu le temps d’aller voir le Président Gbagbo.
Enfin, malgré les arrangements ou le vernissage qui met un peu de calme dans les rangs du FPI, une chose est certaine. Monsieur Affi a brisé la confiance ; il a installé la méfiance dans le parti. Il a aussi démontré sa peur face à monsieur Laurent Akoun auquel il ne veut pas redonner le secrétariat du parti.
Dans tous les cas, les oreilles des observateurs sont à l’écoute et attendent le prochain congrès du FPI qui s’annonce très houleux.

Une contribution de Zadi McIntosh