Scandale: Simone Gbagbo condamnée à 20 ans de prison malgré la vacuité du dossier

Par IvoireBusiness - L’ex-Première dame Simone Gbagbo condamnée à 20 ans de prison malgré la vacuité du dossier.

Simone Gbagbo à son arrivée à l'audience au procès des 83 pro-Gbagbo en assises, au palais de justice d'Abidjan.

Abidjan - Simone Ehivet Gbagbo, ex-Première dame de Côte d'Ivoire et épouse du Président Laurent Gbagbo, a été condamnée mardi matin à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour son présumé rôle durant la crise post-électorale de 2010-2011, et malgré la vacuité du dossier, l'accusation n'ayant jamais pu prouver les accusations portées à son encontre.

Selon plusieurs analystes, ce verdict est un vrai scandale car on a assisté à un simulacre de justice et à la consécration de la présomption de culpabilité. Il s'agissait en fait d'un procès purement politique.
L'accusée, Simone Gbagbo, était d'office coupable.

La Cour, après avoir délibéré, a condamné à l’unanimité Simone Gbagbo à vingt ans de prison pour attentat contre l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public, a énoncé le juge Tahirou Dembelé, après plus de 9 heures de délibération du jury, comme le rapporte l'agence France presse.

Le parquet général avait requis une peine moitié moindre, soit dix ans d’emprisonnement, contre l’ex-Première dame.

Simone Gbagbo, surnommée la mère de la nation, vêtue d’une robe bleu clair, a été surprise par le verdict, mais n'a rien laissé transparaître sur son visage.

Selon Me Rodrigue Dadjé, son Conseil, elle était triste pour son pays.

78 personnes étaient jugées à ses côtés pour leur rôle dans la crise post-électorale de 2010-2011, causée par le refus d'Alassane Ouattara de reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010, malgré la publication officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays. Les violences entre les deux camps ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Simone Gbagbo, 65 ans, est un personnage politique très clivant en Côte d’Ivoire. Elle a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que redoutée dans son rôle de présidente à poigne, souvent accusée d’être liée aux escadrons de la mort contre les partisans d’Alassane Ouattara, qu’elle a toujours honni.

Lundi après-midi, invitée à livrer ses derniers mots à la barre, la très dévote ancienne Première dame, faisant plusieurs références à la Bible, avait déclaré pardonner à la partie adverse ses injures.

J’ai trouvé les avocats de la partie civile outranciers. J’ai subi humiliation sur humiliation durant ce procès. Mais je suis prête à pardonner. Je pardonne les injures, je pardonne les outrances. Car si on ne pardonne pas, ce pays connaîtra une crise pire que ce que nous avons vécu, avait-elle dit.

Pascal Affi N’Guessan, l'ex-président du FPI, limogé pour haute trahison par le Comité central du parti, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis. Cette peine est couverte par les deux ans de détention provisoire qu’il a effectués. Il retrouve donc la liberté.

Michel Gbagbo, le fils du Président Gbagbo, a écopé de 5 ans d’emprisonnement.

Eric Lassale