Scandale - Côte-d’Ivoire: la liste électorale à la Sagem pour 25 milliards de fcfa

Par IvoireBusiness - Côte-d’Ivoire rebelote. La liste électorale à la Sagem pour 25 milliards de FCFA.

Le duo Sagem-Kagnassi vient de gagner un appel d’offre taillé sur mesure pour lui.

On prend les mêmes et on recommence. Le duo Sagem-Kagnassi vient de gagner un appel d’offre taillé sur mesure pour lui en vue de la mise à jour de la liste électorale dans la perspective de la série des élections qui commencent en octobre 2015 en Côte d’Ivoire.

Sur quinze candidats en compétition au départ, puis cinq retenus sur une liste restreinte, Sagem-Kagnassi qui, bien consciente de son passif en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique (Congo par exemple), a changé de nom pour devenir Safran Morpho, est arrivée en tête pour un marché dont le cahier des charges était étrangement la copie conforme du projet de Sagem-Kagnassi.

Loin de nous toute idée de soupçons de délit d’initié. L’appel d’offre semble avoir été totalement transparent, dit-on comme d’habitude du côté de la commission électorale, sans toutefois convaincre.

Ainsi, à huit mois des élections, pour enrôler les 3 millions de nouveaux électeurs estimés par la commission en charge des élections sur des bases encore obscures, pour préparer et mettre à jour la liste électorale abandonnée depuis 2010 et qui aurait une taille entre 8 et 9 millions d’inscrits, pour fabriquer les cartes d’électeurs, ce sont 25 milliards de francs caf que l’Etat de Côte d’Ivoire doit payer au concessionnaire Sagem-Kagnassi alias Safran Morpho.

S’il y a une société que les Ivoiriens connaissent bien et qui porte une bonne part de la responsabilité dans les calamiteuses élections de 2010 et les violences qui s’en sont suivies, c’est bien la française Sagem, associée à Sidi Kagnassi. Pour mémoire, ce dernier, sans disposer de quelconque référence dans le domaine du Btp, avait obtenu de gré à gré le fameux marché de la réhabilitation des universités, initialement budgétisé à 42 milliards de fcfa, pour laquelle le contribuable ivoirien a finalement payé 185 milliards de fcfa, soit une surfacturation de 133 milliards de fcfa qui a bénéficié aux plus hauts membres de l’exécutif Ouattara.

Sagem. C’est la même entreprise qui, en 2009, a préparé la liste électorale qui a coûté parmi les plus chères du monde pour 5,7 millions d’électeurs. Rappelons que le fichier électoral des élections de 2000 comptait 5,4 millions d’inscrits. Après dix ans de croissance démographique, Sagem-Kagnassi était arrivée, à des coûts exorbitants, à nous produire une liste électorale qui n’a connu qu’un accroissement d’environ 300 000 électeurs entre 2000 et 2010, c’est-à-dire en dix ans. Et pourtant, après ce bilan lamentable, la même compagnie obtient de nouveau le marché de la confection de l’enrôlement des électeurs et de la production de la liste électorale. Curieux non?

Quel audit de la prestation du concessionnaire Sagem-Kagnassi lors du processus électoral passé a été effectué pour vérifier que le cahier des charges avait été effectivement respecté, au vu du nombre insignifiant d’électeurs inscrits et du cafouillage de la fabrication des cartes de votants, dont plus 500 000 sont demeurées sans preneurs du fait des nombreuses erreurs aussi bien sur les cartes et que sur les listes? La surprenante réponse: aucun.

On peut également s’étonner qu’il n’y ait eu aucun transfert de technologie entre Sagem-Kagnassi et la commission électorale – comme l’on était pourtant en droit de s’attendre après un marché public d’un tel coût -, puisque celle-ci n’a pas été capable de faire inscrire même un seul électeur nouveau sur la liste électorale depuis 2010, violant ainsi la loi de Côte d’Ivoire, qui exige une mise à jour annuelle du fichier électoral. Cela a entraîné l’exclusion injuste de millions de nouveaux majeurs des scrutins législatifs, municipaux et régionaux organisés depuis 2011.

Le gouvernement vient de confier à la même compagnie le même chantier pour 2015. Faut-il en être rassuré? Non.

Source: LIDER News