Débats et Opinions: Comment Alassane Ouattara compte-t-il remporter les présidentielles de 2015

Par Correspondance particulière - Comment Alassane Ouattara compte-t-il remporter les présidentielles de 2015.

COMMENT ALASSANE OUATTARA COMPTE-T-IL REMPORTER LES PRÉSIDENTIELLES DE 2015

Les Ivoiriens ont choisi, jusqu'au jour de la déportation à la Haye de Blé Goudé, de créer les
conditions d'une paix sociale qui devrait être couronnée par des élections transparentes et libres, lors
des présidentielles de 2015. Alassane Ouattara, encadré par des conseillers militaires français, a
choisi, contrairement aux Ivoiriens, d'emprunter la voie de la paix armée. Nous sommes face à deux
concepts de paix différents. La paix sociale est fondée sur le dialogue, sur l'entente entre les
membres d'une société, car son but est d'éliminer toute forme de conflit, de perturbation. La paix
armée est une doctrine qui préconise, quant à elle, la force militaire, comme principale garantie pour
maintenir la paix. Les partisans de cette doctrine affirment que durant la guerre froide aucun conflit
n'a véritablement éclaté entre les superpuissances parce qu'elles étaient dotées d'armes nucléaires.
Les spécialistes français abondent dans le même ordre d'idée, quand ils soulignent, par exemple,
que l'opération serval au Mali a permis de conserver une paix relative en Afrique. La France,
soucieuse de préserver ses intérêts en Afrique, a été toujours favorable à une paix armée, à des
interventions militaires, et non à une paix sociale fondée sur le dialogue. Une amnistie générale ne
s'inscrit donc pas dans la logique de la paix armée puisqu'elle permettrait à tous les Ivoiriens de se
réconcilier, de participer à des élections transparentes et libres. La justice des vainqueurs soutenue
en Côte d'Ivoire par la CPI, permet, en fait, d'éliminer tout adversaire politique jugé gênant. Les
Ivoiriens se doivent de comprendre qu'ils sont face à des stratèges français et ivoiriens, partisans de
la politique de Nicolas Macchiavel, fondée sur le concept de «la nécessité (des intérêts)» et non sur
les vertus, sur les valeurs humaines. La politique d'Alassane Ouattara et de son clan est résumée
par cette maxime: «La fin justifie les moyens». Peu importe que des Ivoiriens tombent sous les
balles de l'Armée française ou des militaires onusiens! Peu importe la réconciliation entre les
Ivoiriens! Pour préserver les intérêts de son clan (et non de ses partisans) la justice des
vainqueurs et la guerre sont les moyens pour conquérir le pouvoir politique. Celui qui
emprunte la voie de la paix armée crée dans le camp adverse les conditions de terreur et de
désolation, d'où cette seconde maxime: «Qui prépare la paix prépare la guerre». Si l'on ne
change pas une équipe qui gagne, on ne change pas non plus une stratégie qui a déjà porté des
fruits. L'analyse logique des moyens politiques et militaires utilisés par Alassane Ouattara pour
conquérir, une première fois, le pouvoir politique, nous permet de concevoir le scénario des
présidentielles de 2015. Avant de créer les conditions d'un contentieux électoral, l'invasion militaire
du Nord de notre pays par des soldats acquis à sa cause fut déterminante. Son alliance avec les fils
du Nord de la Côte d'Ivoire permit de diviser les Ivoiriens et de prendre le président Gbagbo et ses
partisans dans un étau auquel ne purent non plus échapper les militants du PDCI qui furent même
obligés de lui céder les voix du président Bédié conquises au premier tour des élections
présidentielles de 2010. Avant les présidentielles de 2015, l'invasion militaire du Nord et de l'Ouest
de notre pays est rendue, cette fois-ci, possible grâce à la présence de forces africaines
internationales et de l'ONU qui servent discrètement de bouclier à une armée invisible formée de
sans-papiers appelés apatrides (il suffit d'évoquer le massacre de Nahibly, une zone où sont pourtant
présentes des forces de l'ONU). Ces «apatrides armés» sont prêts à intervenir, à tout instant, à s'unir
à la population pour semer le chaos, au moment où se déclenchera une révolte suscitée par des
décisions impopulaires (l'exemple de Nahibly où nous «méconnaissons» jusqu'à ce jour les
véritables coupables de ce massacre). La déportation de Blé Goudé à la Haye est l'une des grandes
décisions impopulaires qui démontre qu'Alassane Ouattara et ses spécialistes français sauront, à
chaque fois, trouver le moment opportun, pour pousser les populations à la révolte et coordonner,
par la même occasion, leur système défensif et oppressif. L'arrestation de Koua Justin, responsable
des jeunes du FPI, pour trouble à l'ordre public, lors de la déportation de Blé Goudé, ou les
événements qui ont conduit à l'arrestation de Laurent Gbagbo, à l'époque où Alassane Ouattara était
le premier ministre d'Houphouët Boigny sont des preuves évidentes. Suivront certainement d'autres
décisions impopulaires ou des actes répréhensibles couronnés par celle qui invitera Soro Guillaume
et ses chefs militaires à comparaître devant les magistrats de la CPI. Une telle décision provoquera
inévitablement une guerre entre les «apatrides armés d'Alassane Ouattara», les forces
internationales et les hommes de Soro Guillaume. Ouattara a tenu à le leur signifier indirectement,
en envoyant Blé Goudé à la CPI. Quand prendra t-il une telle décision? Tout se fera à sa
convenance. Au moment où il verra le pouvoir politique lui échapper, il choisira, comme à
l'accoutumée, de rendre la Côte d'Ivoire ingouvernable, en cherchant à déporter à la Haye ses
alliés d'une fois. Les grands chantiers d'Alassane Ouattara réalisés rapidement s'inscrivent,
en réalité, dans la préparation de cette guerre puisque le leader du RHDP a choisi la paix
armée et non la paix sociale. Les villes européennes, dans l'Antiquité, se construisaient, en
fonction des stratégies de guerre des souverains; le cas de Venise, bâtie sur les eaux ou des
forteresses construites sur des collines. Alassane Ouattara s'en inspire, en choisissant de développer
rapidement les routes et les autoroutes avant les présidentielles de 2015 pour permettre, avant tout, à
ses armées de se déplacer rapidement par voie routière, car le transport par voie aérienne de ses
troupes fut l'un des gros handicaps de ses opérations militaires, lors de la prise d'Abidjan. Les
quartiers précaires susceptibles d'être des refuges d'une résistance armée ont été aussi détruits. Cet
homme politique, au sourire narquois, réalise, à coup de milliards de nos francs, ses grands
chantiers sans guère se soucier du panier de la ménagère. Il compte sur sa nouvelle armée et son
nouveau bétail électoral composés de millions d'apatrides, d'où ce recensement tant attendu. Les
grands marchés concédés à ses amis les plus proches s'inscrivent, eux-aussi, dans la préparation de
sa guerre. Lorsque Soro et ses hommes refuseront de se rendre à la CPI ou que l'opposition
dénoncera des fraudes, à cause du vote frauduleux massif des apatrides, durant les présidentielles de
2015, sa machine économique viendra en aide à son offensive militaire. Nous assisterons de
nouveau aux embargos sur les médicaments, sur les banques (désormais privatisées) et surtout sur le
transport, afin de bloquer toute communication entre les populations de l'intérieur et celles
d'Abidjan. Les sociétés de transport se voient dominer, à dessein, par une société turque qui n'obéira
qu'aux ordres de «la régence politique». Tous les points d'eau construits seront étroitement
contrôlés. L'artiste ivoirien Gbi de fer s'interroge, sur you tube, au sujet des milliards de nos francs
remis à des artistes étrangers. Quand la Côte d'Ivoire brûlera, ces artistes «corrompus» seront, en
fait, les chantres d'Alassane Ouattara ou de son successeur qui pourrait être son frère cadet (pensons
à Hollande et son ex-épouse Segolène, Clinton et son épouse, Bush-père et Bush-fils pourquoi pas
le frère cadet d'un Alassane Ouattara convalescent à la tête de notre pays?). Alassane Ouattara,
durant le conflit, sera présenté au monde comme le successeur de Mandela que combattent des
Ivoiriens xénophobes; ces Africains pas assez mûrs pour cette forme de gouvernance qu'est la
démocratie. Si nous sommes incapables de surmonter nos querelles intestines pour l'unité de tous
les Ivoiriens, en vue d'une amnistie générale, nous serons engloutis par ce plan machiavélique qui
n'est qu'un scénario rationnel écrit, à partir d'une analyse scientifique des faits politiques observés
dans notre pays depuis la rébellion de 2002 qui nous a conduit au contentieux électoral et à la guerre
dans notre pays. Pour faire du PDCI du président Houphouët, un parti politique vassal du RDR et de
l'Occident, la France utilise cette stratégie politique dévoilée par Senghor: «Donner aux pauvres
nègres des bonbons et des sucettes (un succès politique apparent)». Houphouët su déjouer cette
politique d'asservissement psychologique des Africains, en relevant, aux dépens de la France, le défi
du développement. Socialiste modéré, il choisit la voie du libéralisme économique, bien avant les
pays communistes comme la Chine ou la Russie, et fit de la Côte d'Ivoire un pays prospère convoité
par tous. «Les bonbons et les sucettes» rendent malheureusement amorphes ses héritiers politiques
qui ne font qu'enregistrer des dissidents dans leurs rangs. Houphouët, à Yamoussoukro, invita le
jeune étudiant opiniâtre qu'était déjà Ehoussou Narcisse à concéder la victoire à Vehi Bernard pour
l'unité du PDCI. Aujourd'hui le dialogue: son héritage moral, politique, philosophique voire
spirituel est foulé aux pieds par ses successeurs. Le PDCI est devenu ce mur lézardé à travers lequel
passe l'araignée pour tisser sa toile dans notre pays. Non satisfaits d'avoir soutenu une guerre
fratricide, les héritiers d'Houphouët prônent, paradoxalement, l'équité d'une justice des forts,
pour avoir en retour des «sucettes et des bonbons». Pauvre PDCI! C'est un véritable suicide
politique.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)