Centrafrique: Le Conseil de sécurité autorise une intervention militaire de la France en République centrafricaine

Par Le Monde - Le Conseil de sécurité autorise une intervention militaire de la France en République centrafricaine.

LE MONDE | Six mois après le déploiement de casques bleus au Mali, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, jeudi 5 décembre, une résolution française ouvrant la voie à une seizième opération de maintien de la paix, cette fois-ci en République centrafricaine (RCA).
Le vote unanime des 15 membres du Conseil a lieu alors que des violences meurtrières ont éclaté dans la capitale Bangui, placée sous couvre-feu et où 250 soldats français se sont déployés.

L'adoption de la résolution, placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies autorisant un recours à la force, donne mandat à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) de se déployer « pour une période de douze mois », avec une clause de révision à six mois.
Le texte autorise aussi les forces françaises en RCA « à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat ».
MILLE DEUX CENTS SOLDATS FRANÇAIS DÉPLOYÉS
La Misca doit compter jusqu'à 3 600 hommes, mais n'a pu en rassembler, pour l'instant, que 2 500, venus du Tchad, du Gabon ou du Cameroun. Le contingent français, lui, va passer de 450 à 1 200 hommes.
Le texte, qui devrait recueillir l'unanimité lors du vote, demande au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de présenter dans trois mois, « au plus tard », ses recommandations quant à la « transformation éventuelle » de la Misca en opération de maintien de la paix de l'ONU. Dans les faits, les Nations unies n'ont pas attendu le feu vert de leur organe exécutif pour plancher sur un concept d'opération.
Cette résolution est le fruit d'efforts répétés de la France depuis juin pour tenter de mobiliser ses partenaires du Conseil de sécurité. « Nous sommes bien seuls sur le dossier centrafricain », avait déploré à plusieurs reprises durant l'été l'ambassadeur de France, Gérard Araud, alors que l'ancienne colonie française plongeait dans le chaos, entraînant ses 4,6 millions d'habitants dans une crise humanitaire sans précédent.
« MISSION IMPOSSIBLE »
Six mois de cris d'alarme et d'intenses négociations plus tard, Paris a eu raison du peu d'appétence du Conseil en faveur d'une action en République centrafricaine. Non seulement la résolution dote la Misca d'un mandat de protection des civils et de stabilisation du pays, mais elle prévoit aussi la création d'un fonds fiduciaire pour financer ses activités et instaure une commission d'enquête sur les droits de l'homme.
Le document de 18 pages, qui envisage également un embargo sur les armes et des sanctions ciblées contre les responsables d'exactions, a été plusieurs fois amendé à la demande des Etats-Unis. En tant que premiers contributeurs au budget de l'ONU (22 %), les Américains refusaient tout engagement coûteux. D'où leur résistance à l'idée de déployer de 6 000 à 9 000 casques bleus sur le terrain, défendue par Ban Ki-moon dans son dernier rapport.

La tâche de la Misca est déjà qualifiée de « mission impossible » par des diplomates, pour plusieurs raisons : la faiblesse des effectifs, le manque d'équipements et de financements, et la composante civile restreinte de la mission.
Les Américains s'étant opposés à une mission hybride du type de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) – panafricaine, mais financée par l'ONU et l'Union européenne –, seules des contributions volontaires alimenteront le fonds finançant la Misca. « C'est l'échec assuré », avance un expert, qui cite les 37 millions de dollars (27 millions d'euros) versés au fonds fiduciaire créé pour soutenir la force panafricaine au Mali, quand les donateurs en avaient promis 454. L'exemple malien servira de leçon. « Nous allons gérer le dossier RCA avec prudence », assure un diplomate.

Alexandra Geneste (New York, Nations unies, correspondante)
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Hollande réunit un conseil restreint de défense
Ce conseil de défense, qui se tiendra à 18 heures à l'Elysée, réunira notamment le chef d'état-major des armées, Edouard Guillaud, les ministres Jean-Yves Le Drian (défense), Laurent Fabius (affaires étrangères) et Manuel Valls (intérieur), autour du président Hollande. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en déplacement en Chine, n'y participera pas. Cette réunion est destinée à « faire le point de la situation sur le terrain » en République centrafricaine après le vote à l'unanimité du Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution proposée par la France.

Alexandra Geneste (New York, Nations unies, correspondante).

L'ONU autorise une intervention française en Centrafrique
New York (AFP) - 05.12.2013 16:03

Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné jeudi mandat aux forces françaises pour intervenir en République centrafricaine (RCA) afin de rétablir la sécurité, en appui à une force panafricaine.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné jeudi mandat aux forces françaises pour intervenir en République centrafricaine (RCA) afin de rétablir la sécurité, en appui à une force panafricaine.
Ce vote intervient alors que des violences meurtrières ont éclaté à Bangui, sous couvre-feu, et que 250 soldats français se sont déployés dans la capitale.
Le texte, adopté à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil sur proposition de la France -- ancienne puissance coloniale -- autorise les soldats français en RCA à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca (force africaine en RCA) dans l'accomplissement de son mandat".
La Misca pourra se déployer "pour une période de douze mois", avec une clause de révision à six mois, avec pour mission de "protéger les civils, rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays" et faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
Dans le cadre de l'opération Sangaris (du nom d'un papillon rouge), la France doit tripler son contingent sur place, qui passera à 1.200 hommes. Ils sont chargés notamment de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.
La Centrafrique est livrée aux bandes armées depuis le renversement en mars du président François Bozizé par la coalition rebelle Séléka.
La résolution envisage la transformation éventuelle de la Misca en force de maintien de la paix de l'ONU quand les conditions le permettront, c'est-à-dire dans plusieurs mois, et à condition que le Conseil donne à nouveau son feu vert.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit préparer un rapport à ce sujet dans les trois mois. Selon un précédent rapport de M. Ban, une telle opération devrait mobiliser entre 6.000 et 9.000 Casques bleus pour être efficace.
La résolution prévoit aussi une commission d'enquête sur les droits de l'homme et un embargo sur les armes à destination de la RCA pendant un an.
Le Conseil brandit enfin la menace de sanctions ciblées (essentiellement le gel d'avoirs et une interdiction de voyager) contre les responsables d'exactions, ceux qui tenteraient de violer l'embargo ou de bloquer la transition politique en RCA, ou encore de piller les ressources naturelles du pays.
Près de 80 cadavres portant des marques de blessures à l'arme blanche et par balles gisaient jeudi dans une mosquée de Bangui et au bord de rues de la ville après les violences de la matinée, ont constaté des j
journalistes de l'AFP.

AFP