Côte d'Ivoire: HENRI KONAN BEDIE PARLE, Par Kock Obhusu

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. HENRI KONAN BEDIE PARLE, Par Kock Obhusu.

HENRI KONAN BEDIE PARLE, Par Kock Obhusu.

Henri Konan Bédié s’est prononcé tout récemment sur deux questions affectant fondamentalement la vie en Côte d’Ivoire. Ce sont des questions qui minent la Côte d’Ivoire depuis très longtemps mais qui sont devenues très préoccupantes du fait de la poussée démographique sans pareille dans le monde.

Il s’agit de la question de l’orpaillage et celle de l’immigration sauvage. Ces deux questions donnent lieu à des trafics documentaires dont les conséquences sont dramatiques pour la stabilité et l’évolution économique et sociale de la Côte d’Ivoire.

Cette déclaration a suscité une vive émotion de la part de certains membres du gouvernement. Lequel gouvernement s’est empressé de la condamner.
Nous estimons que c’est une grave erreur de la part du gouvernement ivoirien de condamner les propos de l’ancien chef d’Etat.

Il n’y a pas aujourd’hui un pays au monde où la question de l’immigration ne soit mise en débat. En Europe, en Asie, en Amérique et ailleurs en Afrique le débat est ouvert. Des dispositions au plan administratif pour règlementer, contrôler afin de protéger les intérêts des nationaux en assurant un bon accueil aux immigrés sont prises et ajustées continuellement. C’est pourquoi il faut plus considérer la déclaration du Président de PDCI /RDA comme la mise en débat de questions qui incontestablement font problèmes dans ce pays.

Il est normal de se poser des questions à savoir :
- Où vont les ressources tirées de l’orpaillage ?
- Pourquoi la misère s’amplifie alors qu’on n’a jamais tiré autant d’or du sol ivoirien ?
- Qui sont les acteurs qui évoluent dans ce secteur ?
- Qui sont les entreprises et les personnes bénéficiaires de ce trafic organisé qui affecte drastiquement le couvert écologique du pays ?

S’agissant de l’immigration ce n’est un secret pour personne qu’il y a un vaste trafic sur la nationalité ivoirienne. Il suffit tout simplement d'interroger les bases documentaires des services français et italiens d'immigration pour être édifié.

Sur 3.000 orpailleurs clandestins, 85% sont des étrangers, soit 2.550 personnes indiquent les responsables des sociétés qui opèrent dans le domaine.
Quant à la fraude sur l’identité ivoirienne, les services italiens d’immigration révèlent que sur 13.000 immigrés se déclarant être ivoiriens en Italie, 11.000 sont en réalité après enquête et vérification menées de concert avec les autorités ivoiriennes, des étrangers venant du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et de la Guinée.

- Qui sont les personnes qui organisent ce vaste trafic ?
- Quelles sont les personnes qui en bénéficient ?
- Quel est l’objectif visé par les politiques qui l’encouragent ?
- Quelles en sont les conséquences aux plans économiques et sociales à court, moyen et longs termes ?
- Quelles conséquences pour les ivoiriens ?

Il faut que le gouvernement accepte de regarder la réalité ainsi mise en débat et accepte d’en discuter sans émotion ni passion.
Nul n’ignore que ce trafic impacte sérieusement aujourd’hui la question de l’occupation des terres et génère des tensions entre les ivoiriens et les étrangers venus principalement du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée.

Les villageois qui subissent quotidiennement la pression de ces étrangers en savent quelque chose.
Il faut vraiment de la volonté pour ne pas voir cette réalité saillante et l’accepter.

Il ne faut pas se voiler la face, face aux drames récurrents qui opposent les étrangers et le ivoiriens. Il ne s’agit pas de racisme, de xénophobie, de tribalisme ou de discrimination religieuse dans les événements intervenus ces derniers temps entre étrangers et ivoiriens à :

• Bouna (en Avril 2016),
• Guiglo (en 2017),
• Kanakono (le 24 Décembre 2017),
• Zouan Hounien (en Novembre 2018),
• Bangolo (le 24 Juin 2018),
• Facobly (en Juillet 2018),
• Issia (en Octobre 2018)
• Bin Houin (en Avril 2019),
• Marabadiassa (en Février 2019),
• Béoumi
• Et Abengourou (en Mai 2019)

Henri Konan Bédié est auteur de nombreuses turpitudes. Chacun le sait. C'est indéniable. Ce sont ses turpitudes qui ont conduit le pays au drame actuel. Mais cela ne saurait être une raison suffisante pour refuser de débattre des questions que ses propos soulèvent.
Alors, plutôt que de condamner systématiquement Henri Konan Bédié, acceptons d’en débattre en responsabilité.

Le gouvernement devrait de fait, se montrer plus responsable face à des questions aussi cruciales que celles qui sont soulevées par les propos de l’ancien chef d’Etat plutôt que d’agiter le chiffon rouge de la xénophobie et s’empresser de condamner. On peut soulever des questions liées à l’immigration sans pour autant être xénophobe.

L’immigration non contrôlée et les trafics qui vont avec en Cote d’Ivoire posent de vrais problèmes. On ne peut faire l'économie du débat et des mesures liées à des questions aussi cruciales.
Débattons en sans passion pour dégager des solutions car c’est bien de l’avenir de la Côte d’Ivoire et de sa population qu’il s’agit de débattre.

Kock Obhusu
Dr en sciences économiques, Ingénieur
Chargé de mission