Côte d’Ivoire : L'Affaire Ministre Siaka Ouattara ou la manifestation de l'acculturation d'une société ivoirienne plus francophile que les français

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire. L'Affaire Ministre Siaka Ouattara ou la manifestation de l'acculturation d'une société ivoirienne plus francophile que les français eux-mêmes.

L'Affaire Ministre Siaka Ouattara ou la manifestation de l'acculturation d'une société ivoirienne plus francophile que les français.

D'emblée,écartons toute idée de faire l'avocat du diable ou de sauver un ministre de la république emballé par le tourbillon des réseaux sociaux. Le Secrétaire d'Etat a certainement une Direction de la Communication à la hauteur de l'enjeu et payé pour faire son job. Je m'interdis d'y interférer.

Pour ma part,j'ai suivi ce buzz depuis le début,au point de me rendre compte de ce que notre société accorde plus d'importance au contenant plus qu'au contenu.Que fait-on du fond, à savoir ses solutions pour juguler le trop plein d'incivisme en Côte d'Ivoire?
Nada. C’est-à-dire, rien.

Je me suis alors demandé quel sort l'on réserve à ceux qui se trompent et bégaient en parlant leur langue maternelle (que des assimilés appellent dialectes) sur un plateau de télévision. Et j'en suis arrivé au constat pitoyable que mal parler la langue maternelle ici Abidjan,est un signe extérieur de ce que la personne est stylée et bon chic , bon genre.

Et la conséquence est que, de plus en plus, les personnes maniant bien et couramment leur langue maternelle, vont faire pourtant semblant de méconnaître les règles de vocabulaire et de grammaire de leur propre langue une fois sur le plateau de la télévision ivoirienne.

Au lieu de sortir de là toute honte bue et le profil bas, au contraire la société ivoirienne leur trouve des circonstances atténuantes à la limite d'une prime d'encouragement à mépriser sa langue maternelle au profit du français.

Je me suis encore demandé. Que fait-on des Francais qui méconnaissent les règles grammaticales et de vocabulaire de leur propre langue ? Nada. Quand le cas se produit, notre société leur trouve des circonstances atténuantes du genre, "ce n'est parce qu'ils sont nulles en français, mais c'est peut être qu'ils rabaissent leur niveau de français pour se faire comprendre".

Dans le cas du Secrétaire d'Etat au Service civique, plutôt que de s'appesantir sur son imitation approximative du lexique hérité du colon par la chicote pour la plupart d'entre nous, pourquoi les locuteurs certifiés experts de la langue des français,ne trouvent rien à redire lorsque l’interviewé hésite manifestement, à orienter,

ici et maintenant,les solutions vers la répression des microbes ou "shao" en langage noushi, complaisamment appelés par leur nom de caresse "enfants en conflit avec la la loi" ?

Redouterait-il des représailles de la part du "shao des shao", titre que le Ministre Ahmed Bakayoko s'est donné lui-même publiquement à Port-Bouet en décembre dernier ?

Est-ce parce que de manière publique et solennelle, le Ministre de la Défense en pleine campagne électorale municipale à Abobo (fief et capitale des microbes), aurait promis à leurs mères,son intervention en faveur de la libération de tout enfant en conflit avec la loi, en cas d'arrestation par la police, que la nécessité de passer à une phase de répression buterait contre ce veto du shao des shao?

Pourquoi, malgré l'insistance des journalistes le poussant à cracher le morceau, l’interviewé n'a pas voulu franchir le rubicond ? Que craint-il ? Qui craint-il ?

Voilà des questions existentielles d'une extrême acuité qui doivent interpeller notre intelligence et notre esprit critique en lieu et place du détournement dévergondé du débat vers des fichus d'erreurs de grammaire ou de syntaxes.

Doit-on s'éterniser dans les phases de sensibilisation face à un fléau qui menace la sécurité nationale et celle des citoyens Abidjan au lieu de réprimer sans complaisance ces délinquants ?

C'est quand même curieux que le tout puissant ministre de l’intérieur et de la sécurité n'ait jamais osé traiter comme il fallait la question jusqu'à ce qu'il atterrisse à la Défense et à la Mairie d'Abobo.

Contrairement à ce que certains pensent, le Ministre Siaka Ouattara est assez intelligent d'où son pseudo Macgahiver, en référence à ce héros d'un film qui avait toujours une solution pour se tirer d’affaires quelque soit la gravité.

Il est assez intelligent pour savoir que ce que les ivoiriens attendent et de façon non négociable, c'est le démantèlement sans délai de la pépinière d'assassins que nous cajolons par leur nom de caresse.

Nous aurions voulu que les concitoyens lui exige de la rigueur à ce niveau et non pas sur du factice, ni sur du dilatoire.

Pour conclure, le principal défit à relever, c'est l'incivisme des gares routières alimentés par la cohorte de shao ou microbes.

Et ceux qui détiennent les manettes,ce sont à la fois le Ministre de l’intérieur et de la Sécurité (formellement) et le Ministre de la Défense par-ailleurs Maire d'Abobo,centre d'opération des enfants en conflit avec la loi ivoirienne.

Faute d'une solution définitive à cette question de principe ou préjudicielle ( suivant les juristes), il n'ya pas de politique de civisme qui vaille si l'on ferme sur la gangrène.

Une contribution de Matar Cissé Bassôgôba
Abobo, Abidjan,Côte d'Ivoire