Violences à Béoumi: Le PDCI exige une enquête parlementaire sur le désarmement des civils en arme

Par Ivoirebusiness - Violences à Béoumi. Le PDCI exige une enquête parlementaire sur le désarmement des civils en arme en Côte d'Ivoire.

Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA.

Les lundi et Mardi 19 et 20 Mars 2019, s’est tenue au siège du PDCI-RDA à Abidjan Cocody, une réunion extraordinaire du Secrétariat Exécutif du PDCI-RDA.

Cette réunion avait pour unique point à l’ordre du jour
- l’analyse des événements survenus à Béoumi marqués par de violents affrontements intercommunautaires entre les allogènes Malinké et les autochtones baoulés.

De cette importante réunion extraordinaire, il est ressorti la déclaration qui suit.

Depuis le Mercredi 15 Mai 2019, à la suite d’une violente rixe survenue entre deux transporteurs, l’un de la communauté allogène malinké et l’autre de la communauté autochtone baoulé, la ville de BEOUMI, au centre de notre pays, a été le théâtre d’affrontements interethniques fratricides et meurtriers.

Ces affrontements ont fait 9 morts, 97 blessés et plus de 300 déplacés internes.

Le PDCI-RDA s’incline respectueusement sur les dépouilles des victimes de cette folie meurtrière et adresse aux familles endeuillées ses condoléances les plus attristées.

Le PDCI-RDA souhaite aux victimes un prompt rétablissement et aux déplacés, un rapide retour dans leurs foyers respectifs avec l’assurance d’une sécurité retrouvée ;

Le PDCI-RDA exprime sa plus grande et sincère compassion à toutes ces victimes qui ont subi des dégâts de toutes sortes ainsi que des pertes de tous genres.

Le PDCI-RDA félicite et encourage les autorités administratives de Béoumi, les élus, les Chefs et leaders des différentes communautés pour le calme revenu et le dialogue entamé entre les communautés belligérantes.

L’analyse des faits rapportés dans ce conflit met en lumière deux phases :

- la première phase est celle consécutive à l’accrochage entre les deux transporteurs, à savoir le tricycle et le véhicule de transport de voyageurs. La rixe violente qui s’en est suivie a créé l’émoi et donné lieu à des scènes de bagarres généralisées entre Malinkés et Baoulés. Cette phase a pris fin dans la soirée de Mercredi ;

- la seconde phase de ce conflit est celle au cours de laquelle un des camps adverses a pris un temps de repli pour revenir avec des armes de guerre et attaquer le jeudi 16 Mai 2019, plusieurs villages autochtones. C’est au cours de cette deuxième phase que le nombre de victimes s’est accru.

L’analyse des faits de cette grave confrontation relève des préoccupations majeures et essentielles.

Il convient d’observer que la rixe qui est survenue a conduit trop vite à des attaques de groupes organisés ayant conduit à des tueries, des incendies de marchandises, d’étals et de logements au moyen d’armes modernes.
Ces affrontements-là ne sauraient procéder d’une génération spontanée !

En effet, il faut se rappeler :

- les attaques similaires des Malinkés contre Blèkplo, un paisible village baoulé de la Sous/Préfecture de Marabadiassa il y a deux mois.

- des violences avec morts d’hommes au cours des dernières élections municipales dans cette circonscription électorale de Béoumi sans que des enquêtes ne soient diligentées pour faire la lumière sur ces violences.

En réalité, de nos jours, le commerce politique a achevé de prendre pour banal les morts d’hommes.

Le PDCI-RDA s’étonne du silence observé par le Gouvernement face à ces événements si graves qui ne manquent pas d’interroger :

- toutes les régions de Côte d’Ivoire, à l’instar de Béoumi, sont-t-elles donc infestées de caches d’armes, peut-être bien connues et volontairement ignorées pour servir à des besoins bien planifiés ?

- les allégations farfelues et xénophobes curieusement tenues dans un temps voisin aux événements de Beoumi, par une certaine « Radio PDCI », étrangère au PDCI RDA, doivent-elles être regardées comme une séquence d’un stratagème global bien huilé et bien préparé par des mains occultes aux intentions bien sombres ?

Le PDCI-RDA constate par ailleurs :

- les lenteurs avérées dans la mise en place d’une force de sécurité efficace pour protéger les populations quand le Commissaire de Police de la localité, a été lui-même blessé par balles dès le premier jour.

- la présence de civils détenant des armes de guerre, kalachnikovs et autres parmi les belligérants.

-qu’aucune interpellation ou arrestation n’a été faite à ce jour dans les rangs des détenteurs d’armes.

Le PDCI-RDA marque sa grande inquiétude devant les armes qui circulent encore, aux mains des civils qui ne manquent pas de s’en servir à tout venant.

De ce qui précède, le PDCI-RDA reste très inquiet quand la brusque manifestation d’une rancœur mal contenue se transforme en grave et violente altercation intercommunautaire ;

La récurrence de ces conflits communautaires notamment à
- Bouna (en Avril 2016),
- Kanakono (le 24 Décembre 2017),
- Zouan-Hounien en (Novembre 2018),
- Bangolo (le 24 Juin 2018),
- Facobly (en Juillet 2018),
- Issia (en Octobre 2018 avec la sortie punitive des DOZOS contre les populations autochtones),
- Duekoué (en Novembre 2018),
- Bin Houin (en Avril 2019),
- Marabadiassa (en Février 2019),
- Béoumi (en Mai 2019) et
- Abengourou (en Mai 2019),
achève de convaincre de la profonde fracture sociale et de la grave division des composantes de la nation ivoirienne.

En conséquence de cette analyse, le PDCI-RDA:

- Interpelle le Président de la République, SON EXCELLENCE Alassane OUATTARA sur sa gouvernance des rapports entre les Ivoiriens et sur sa gestion des conflits internes qui risquent de saper le socle déjà fragilisé de la construction de la nation ivoirienne.

- Exige du Gouvernement :
• Une prise en main effective de la résolution des conflits intercommunautaires.
• Une volonté réelle et des actions concrètes pour la réconciliation véritable entre les ivoiriens.
• La mise en place d’une véritable politique de désarmement.
• Un dédommagement juste et équitable de toutes les victimes de ce conflit ;

- Exige du Parlement, Assemblée Nationale et Sénat, d’initier une enquête parlementaire sur le désarmement des civils en arme en Côte d’Ivoire.

Le PDCI-RDA prend à témoin la Communauté nationale et internationale de la récurrence des conflits intercommunautaires, qui mettent gravement à mal la cohésion sociale à la veille des élections présidentielles de 2020.

Dès à présent, le PDCI-RDA réitère son appel à la solidarité des militantes et des militants, ainsi que de tous les Ivoiriens, habitants et amis de la Côte d’Ivoire afin que des dons soient recueillis pour venir en aide à toutes les victimes sans exclusive des confrontations meurtrières de Béoumi.

Le PDCI-RDA exhorte tous les fils et filles de Côte d’Ivoire au calme et à la sérénité.

Fait à Abidjan le 20 Mai 2019
P/Le Président
p.o le Secrétaire Exécutif

Pr. Maurice KAKOU GUIKAHUE