Coup de tonnerre: Guillaume Soro dénonce un rattrapage anti-sénoufo dans l’administration

Par Aujourdhuinews.net - Coup de tonnerre. Guillaume Soro dénonce un rattrapage anti-sénoufo dans l’administration.

Le PAN Guillaume Soro et le Président Alassane Ouattara. Image d'archives.

Au lendemain de la création du comité politique, Guillaume Soro a reçu les populations de Ferkessédougou venues le réconforter, à son domicile, après sa démission. Mais l’ex-PAN s’est plutôt inquiété du harcèlement voir du rattrapage anti-sénoufo dont sont l’objet ses proches.

« J’ai l’impression que vous êtes un peu tristes. Ne soyez pas tristes. Soyez plutôt contents que Dieu m’ait donné la vie et qu’il me laisse en vie ». Devant ses parents de Ferkessédougou, Guillaume Soro a donné, samedi dernier, le sentiment d’être revenu d’un enfer en quittant ses fonctions de président de l’Assemblée nationale qui faisaient de lui, du moins en théorie, l’une des trois premières personnalités de l’Etat.

Mais l’ex-PAN ne veut surtout pas attirer toute la lumière sur son sort. Puisqu’il assure que l’acharnement dont sont l’objet les ressortissants de cette région du pays à cause de lui est tout aussi douloureux à vivre que son sort personnel « Chacun souffre et ressent la douleur que je peux avoir en lisant les journaux, en regardant la télévision et en écoutant les radios étrangères.

Mais je sais aussi que certains parmi vous ne dorment pas ; parce qu’on les menace, on leur met la pression. Je sais aussi qu’à cause de moi, simplement parce qu’ils sont de Ferké, on leur refuse d’avoir des postes dans l’administration. Y a certains dont les promotions sont bloquées à cause de Guillaume Soro », a-t-il énuméré. « Même le fait que quelqu’un m’appelle, parce qu’ils écoutent tout le monde, le lendemain on dit renvoyez-le parce qu’il a appelé Soro », a encore dénoncé l’ex-PAN sans jamais mettre un nom sur l’identité de ceux qu’il accuse.

Cela dit, c’est un secret de polichinelle qu’avant de le pousser à la démission, Alassane Ouattara avait réussi à désoroïser son administration en se débarrassant des proches de l’ancien chef du parlement. L’emprisonnement d’Alain Lobognon pour « divulgations de fausses nouvelles » en dépit de la non-levée de l’immunité parlementaire du député de Fresco est, à cet égard, révélatrice de la stratégie d’humiliation déclenchée contre Guillaume Soro afin de montrer à ses proches qu’il ne peut pas les protéger contre la furie du régime.

Pour l’histoire, l’ex-PAN avait rejoint la troupe d’Alassane Ouattara au nom de ce qu’il appelait la politique de l’ivoirité menée par Bédié. Pourtant, c’est sous Gbagbo qu’il est le plus décisif, déclenchant une rébellion qui le propulsa à la tête du gouvernement du pays. A la chute de Laurent Gbagbo suite à la guerre à laquelle prit part son armée, Guillaume Soro devint le ténor de la galaxie Ouattara et son premier ministre. Mais le temps dégrade les relations entre les deux hommes. Soupçonné de déstabiliser le régime à l’occasion de plusieurs soulèvements militaires, Soro en vient à perdre tous ses appuis dans l’administration. Son ambition de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2020 n’arrange rien et exacerbe la colère de Ouattara qui le pousse à la démission.

Le comportement de Soro est d’autant plus impardonnable qu’il s’allie avec Henri Konan Bédié, le président du PDCI, qui comme lui refuse d’adhérer au RHDP.

C’est cette intolérance que l’ex-président du parlement a dénoncé samedi en recevant les populations de Ferkessédougou à son domicile de Marcory. « Chacun est libre de militer dans le parti de son choix. On ne devrait pas vous maltraiter à cause de moi », dit-il plus que jamais persuadé de l’existence d’une politique anti-sénoufo dans l’administration ivoirienne.

SEVERINE BLE

NB: Le titre est de la rédaction.