Côte d’Ivoire – Damana Pickass : « Laurent Gbagbo doit pouvoir rentrer au pays »

Par Jeune Afrique - Côte d’Ivoire – Damana Pickass « Laurent Gbagbo doit pouvoir rentrer au pays ».

Damana Pickass, ex-leader des jeunes du Front Populaire Ivoirien (FPI), en exil politique au Ghana, le 5 décembre 2018. © Ruth McDowall pour JA.

Réservé aux abonnés | 19 février 2019 à 16h21 | Par Vincent Duhem - envoyé spécial à Accra

Comme lui, une dizaine de cadres du parti de l'ancien président ont choisi de rester au Ghana, estimant que les conditions de leur retour n'étaient pas encore réunies.

En ce jour de décembre 208 à Accra, Damana Adia Pickass débarque au rendez-vous d'une vieille Nissan immatriculée au Benin. Elle a quelques kilomètres au compteur et lui, une poignée de cheveux blancs. « Montez », lance-t-il avant de s’engouffre dans le dédale poussiéreux de Madina, un quartier populaire de la capitale du Ghana.

Depuis son départ de la Cote d’ivoire en avril 2011, à la chute de Laurent GBAGBO, Damana Pickass habite une petite maison avec son frère, sa sœur, sa femme et trois de ses cinq enfants. Sur la terrasse, un tableau porte encore la trace d’exercices de calcul. »

Les enfants vont à l’école ghanéenne. Ils y parlent anglais, précise Damana Pickass. Quand on fait les courses, ils m’aident à traduire. »

L’homme est détendu. Fini le temps où il craignait d’être arrêté et devait se « camoufler » pour voyager dans la sous-région. Chemise rouge et blanche à manches courtes, il a l’air de revenir de la plage. On aurait presque du mal à croire que cet administrateur civil de formation, ancien directeur de cabinet du directeur général de la décentralisation, vit en exil depuis 08 ans et qu’il fut l’un des acteurs de la crise postélectorale en côte d’ivoire.

Que c’est lui qui, au soir, du 30 novembre 200, avait arraché les résultats provisoires du second tour de la présidentielle des mains du porte-parole de la Commission Électorale Indépendante, Yacouba Bamba, empêchant leur proclamation. Filmée en direct, la scène avait fait le tour du monde.

Damana Pickass fait partie des 6585 réfugiés ivoiriens encore présents au Ghana, selon le HCR auxquels il faut ajouter entre 1500 et 2000 exilés non enregistrés. Leur nombre s’est considérablement réduit depuis l’ordonnance d’amnistie signée le 6 Août 2018 par le président Alassane Ouattara.

MEFIANCE
Le mouvement s’est encore accéléré ces dernières semaines, après l’acquittement de Laurent Gbagbo par la Cour Pénale Internationale : le 31 janvier , 54 exilés, dont cinq de ses anciens ministres ( Emile Guiriéoulou , Angle Gnonsoa , Lazare Koffi Koffi , Richard Kouamé Secré , et Thomas Yao N’Guessan)ont décidé de rentrer au pays. Selon nos informations, un nouveau groupe de 80 pro-gbagbo devrait faire le même trajet dans les prochaines semaines.

Damana Pickass ne sera pas du voyage, pas plus que la dizaine de personnalités du Front Populaire Ivoirien (FPI) encore présentes au Ghana. Tous ont joué un rôle important dans les derniers mois du régime GBAGBO. On citera pêle-mêle Justin Katinan Kone, qui est toujours le porte-parole de Laurent Gbagbo , le colonel Alphonse Mangly ( l’ancien directeur générale des douanes), le Pr Felix Tanoh (ex-membre du conseil constitutionnel) , le magistrat hors grade Etienne Véhi Tokpa ( ancien directeur de cabinet du ministre Désiré Tagro), l’ex conseiller special de Gbagbo , Etienne Tahi zué, l’ancien Ministre de l’énergie Leon Emmanuel Monnet, ou encore l’ex procureur de la république Raymond Tchimou Fehou.

Les raisons pour lesquelles ces « irréductibles » préfèrent pour l’instant rester à accra sont diverses. Certains ne rentreront qu’après avoir eu la certitude que Laurent Gbagbo pourra lui aussi regagner son pays. D’autres veulent attendre la fin de la scolarité de leurs enfants ou du bail de leur logement. « On se prépare, mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies, résume Damana Pickass. Notre retour doit aussi être intégré dans un vaste mouvement qui prendra en compte nos camarades dans les camps de réfugié qui ont tout perdu. Tout cela mettra plusieurs semaines à se concrétiser. »

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