Côte d’Ivoire/ Dr Nicole Deigna: « L’horizon de notre pays est sombre et nous avons le devoir de contribuer à la fin du mal… »

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire/ Dr Nicole Deignan « L’horizon de notre pays est sombre et nous avons le devoir de contribuer à la fin du mal… ».

Dr Nicole Deigna.

Très cher ( e) s Tous et Toutes Pour la Saint Valentin, journée que je vous souhaite pleine de joie et de tendresse, méditons la prière de Saint François d'Assise, l'hymne à l'amour : *Là où est la haine que je mette l'amour*, puis la pensée du père fondateur de notre jeune nation,
Feu le Président Félix Houphouet Boigny, le mantra de la paix, car l' horizon de notre pays est sombre et nous avons le devoir de contribuer à la fin du mal, en tant qu'enfants de Dieu : * La paix n'est pas un vain mot, c'est un comportement*, avons nous tous répété des décennies.

Chaque Ivoirien en a tiré la bonne graine de la tolérance, de la patience, de l'hospitalité, de la joie de vivre et de l'humour, l'innocence de l'âme. En effet, il n'y a pas un seul jour où on ne nous parle pas de politique.

Pas une seule journée où on ne nous parle pas des animateurs de la scène politique, des bruits de leurs états majors et de leurs chapelles respectives, avec tout ce qu'on peut y concocter comme plans machiavéliques pour humilier, traquer, faire chanter, manipuler, anéantir et détruire un adversaire gênant.

En termes de capacité de nuisance, on ne lesine pas sur les moyens, pour dire :, c'est calé, c'est verrouillé ! Pas une journée, sans que journaux et médias ne nous assaillent de leurs scoops cousus des mensonges, contre vérités, et intrigues provenant de ces arènes nourries de grandes adversities et rivalités. Ça doit être juteux d'entretenir une atmosphère visiblement malsaine ! ...

Malheureusement, les citoyens se laissent prendre à ce jeu politique, drôle de jeu qui nous musele, nous emprisonne et nous empoisonne tous la vie. Et pourtant, pour notre bien-être, notre confort, notre équilibre physique, psychique et moral, notre sécurité, nous ferions mieux de nous consacrer à ce bel espace, bel environnement, un beau cocon que nous avons gagné par l'amour et l'union sacrée : la Famille.

C'est un espace dont il faut prendre bien soin pour garantir l'épanouissement du couple avant tout, celui des enfants qui nous sont donnés par la grâce, et pour le rayonnement de la cellule familiale et celui de la société. En effet, la famille est le premier espace de paix, de fraternité, d'unite, de solidarité, de partage, d'échanges et d'intégration sociale, de règlement de conflits entre frères et sœurs et avec le voisinage. La famille porte en elle l'avenir de la société.

Si les Familles sont unies, elles assurent une nation solide et prospère. Les sociologues et psychologues de notre pays, qui devraient être souvent consultés et écoutes, ne me contradiront pas. Alors, les médias pourraient s'attarder bien plus sur les sujets qui touchent à la famille, à l'éducation des enfants, à la formation des jeunes, aux belles initiatives, bonnes actions entreprises par ci par là, par nos adolescents et jeunes adultes dans les quartiers.

Nos municipalités ont de la matière pour le bien-être des populations. Les premiers responsables doivent être très proches de leurs citoyens, être surtout créatifs et proactifs. Par exemple, nos rues de quartiers pourraient porter des panneaux de visibilité des noms de nos jeunes héros, question de les encourager, de les soutenir et de suivre leurs parcours et exploits. Évidemment, il faut que tous ces décideurs vivent la proximité pour être en adéquation avec les projets des familles, dans la cité.

Nous en sommes bien loin, au regard de ces reportages politiques qui nous envahissent de stress, d'angoisses, de tensions nerveuses et souvent de révolte fondée. Rien, pour le bien être des familles n'est prioritaire dans notre République. Déjà, il aurait fallu ne pas nous categoriser avec cette justice des vainqueurs et le rattrapage ethnique. Jardins et parcs pour s'oxygener sont rares. Rares, les salles de cinéma, de théâtre. Les centres de loisirs ne sont pas a la portée de toutes les bourses.

Et quand on y a pensé , c'est toujours financé par un cercle d'influence privé, pour faire du bon business. L'initiative citoyenne est ignorée ! Nous attendons tous, qu'on nous dise, comment de jeunes personnes entrées en politique sans un sou, se retrouvent avec des patrimoines colossaux ! Comment ne pas faire la guerre à cet égoïsme choquant ! Et si encore, ces nouveaux riches étaient discrets, humbles, effacés ! Mais ils sont d'une arrogance déconcertante. Le vice est érigé en vertu.

Avec de tels modèles, comment ne voulez-vous pas voir les pires désordres dans nos familles, à l'heure de l'internet et des technologies de l'information et de la communication ! Tontine sexuelle , drogues, cocktails de formules inimaginables pour nous les professionnels de santé publique. Il y a plus de boîtes de nuit pour nos jeunes ados que de bibliothèques et de musées ! Ils seront donc aussi friands des voyages virtuels qui les conduiront inéluctablement à la dérive !

N'oublions pas aussi qu'on apprend à tuer ses parents, à se pendre sur certains sites ! Quand on rend libre la consommation du chanvre , n'est ce pas là de grandes portes ouvertes pour le libertinage, dans ces sociétés modernes, sociétés de consommation, de mondialisation que nous imitons sans faire le tri des valeurs à promouvoir. Si nos belles et riches spécificités culturelles régionales étaient développées, bien organisées, quel bonheur pour nos adolescents qui découvrent les futuroscopes, parcs à thèmes à la télévision, où quand ils ont la chance inouïe de voyager.

Ce n'est pas donné à tous... Sans être alarmistes, nous vivons des moments graves, à quelques mois des élections présidentielles 2020. Toute la vie socio-économique et politique est focalisée sur ces échéances. La gouvernance ne fonctionne que pour cet objectif. Ces élections nous tiennent tous en haleine. Les autres volets de la vie publique, tels les hôpitaux, l'école, l'emploi des jeunes, ces dossiers sont secondaires, et pourtant, on n'ignore pas leur impact sur le bien être des populations !

C'est préoccupant et le paysage politique apparaît de plus en plus délétère. De grands malaises en écoutant les chantres des chapelles respectives. C'est déjà surchauffé et quand on y sera alors, ça va péter très fort.' Nous vivons sur une poudrière. On en éprouve des frayeurs pour les âmes aussi sensibles que les nôtres. Nous vibrons sous hautes tensions que diffusent les adversaires politiques soutenus par leurs clans, si passionnés et conditionnés à outrance.

Cela me projete en 1999. Je me souviens encore de la dernière réunion du BP (bureau politique) du Pdci-RDA, tenu en présence du Pr du parti, SEM Henri Konan Bedie. Je soutenais face au chahut de certains responsables présents dans cette assemblée, que nous étions au bord de grands bouleversements. Quelques mois plus tard, le peuple ivoirien était sous le choc : le Père Noël en treillis, avec les bruits de bottes et de kalachnikov.

Depuis, nous sommes entrés dans la culture de la mort avec le tsunami de 2011, dont nous ne sommes pas encore sortis et aguerris, malgré quelques plages d'aération. La libération de l'ex 1ere Dame, Mme Simone Ehivet Gbagbo, le retour de quelques exilés et l'acquittement du Président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé, mais libérés sous conditions. De hauts gradés de l'armée nationale croupissent encore en prison.

Malgré les circonstances douloureuses vécues, les enfants de Dieu que nous sommes tous, doivent être les témoins de la joie de Dieu. C'est par la Croix que la joie est entrée dans le monde. Voilà pourquoi, nous interpelons ici, tous nos responsables politiques, et en premier le chef de l'Etat, le Président Ouattara et son gouvernement,

le Président Henri Konan Bedie, président du Pdci-RDA, en sa qualité de doyen du paysage politique, nos responsables religieux et traditionnels, toute la classe politique et la société civile qui doit prendre toute sa place dans la vie de la nation, de mettre tout en œuvre, avec beaucoup de miséricorde, pour la libération de tous les prisonniers et de façon spéciale celle du Président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé, acquittés et retenus loin de leur pays.

Il y a là un hiatus politico-juridique que le premier magistrat de l'état de Côte d'Ivoire, le Président Ouattara, par souci de cohésion et de paix sociale, doit interpeller la Cour Pénale Internationale , au nom du peuple souverain de Côte d'Ivoire.

Il engagera ainsi, tout le peuple, à réussir ensemble la noble mission de réconciliation et de reconstruction nationale, mission imprégnée de non violence et de notre sens aigu de nos responsabilités citoyennes respectives. Entrons dans cette espérance qui ne déçoit pas. Que vive la Nation Ivoirienne

Une contribution de Dr Nicole Deigna