Grève dans l’enseignement en Côte d’Ivoire : EDS appelle le gouvernement à prendre en compte les revendications des enseignants

Par IvoireBusiness - Grève dans l’enseignement en Côte d’Ivoire. EDS appelle le gouvernement à prendre en compte les revendications des enseignants.

Le président de la coalition EDS, Pr Georges-Armand Ouegnin, lors d'une conference de presse à son siège à Abidjan.

La coalition de l’opposition EDS (ensemble pour la démocratie et la souveraineté) dans une déclaration transmise mardi à Ivoirebusiness, s’est prononcée sur la paralysie du secteur de l’éducation en Côte d’Ivoire, avec la grève de la coordination nationale des enseignants et chercheurs (CNEC), largement suivie depuis son déclenchement.
Une situation dont EDS par la voix de son président, le professeur Georges-Armand Ouegnin, rend responsable le gouvernement ivoirien, coupable à ses yeux de durcissement en lieu et place de discussions franches et ouvertes pouvant aboutir sur des propositions concrètes, afin de sauver l’année académique gravement menacée.
Ci-dessous, le texte intégral de la déclaration de EDS.

DECLARATION DE ENSEMBLE POUR LA DEMOCRATIE ET LA SOUVERAINETE SUR LA GREVE DANS LE SECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT EN COTE D’IVOIRE

La Côte d’Ivoire va mal et l’embrasement du front social tel qu’il s’observe ces dernières semaines en est le marqueur le plus évident.

A l’appel de la quasi-totalité des syndicats, les acteurs de l’éducation nationale, tous niveaux confondus, observent une grève largement suivie (plus de 80%) qui entre dans sa troisième semaine d’action, quand l’université Félix Houphouët Boigny (la plus grande à l’échelle du pays) est, elle aussi, paralysée suite au mot d’ordre de la section locale de la CNEC (Coordination Nationale des Enseignants Chercheurs).

LES FAITS

Au motif d’une trêve sociale, le pouvoir en place a convenu avec les enseignants, d’une série de mesures visant à l’amélioration des conditions de vie et de travail de ces derniers. Devant la non réalisation de ces promesses, un mot d’ordre de grève a été lancé, du 10 au 14 décembre 2018. Elle a duré 72h.

Face à l’absence de réaction du gouvernement, un autre mot d’ordre de grève est alors lancé depuis le 04 février, avec comme exigence la satisfaction totale des points de revendications énumérés comme suit :

1. la suppression des cours du mercredi
2. l’organisation des concours exceptionnels de promotion des emplois des enseignants du préscolaire et du primaire de grades C3 au grade A4
3. la finalisation du Profil de carrière avec l’occupation de l’emploi d’inspecteur pédagogique du préscolaire et du primaire et celui de l’inspecteur à l’extrascolaire de grades A4 créés depuis 2009; La réforme de l’emploi de conseiller pédagogique du préscolaire et du primaire; La création de l’emploi de conseiller à l’administration scolaire de grade A3.
4. la promotion des instituteurs adjoints et des instituteurs ordinaires par la suppression du concours des instituteurs adjoints et la réinstallation de l’examen du CAP intégration; la réouverture du concours des IEPP (inspecteurs de l’enseignement primaire public) aux instituteurs ayant 10 ans d’ancienneté et 7 ans d’ancienneté et titulaires d’une licence.
5. la revalorisation de l’indemnité de logement.

Initialement prévue pour une semaine, la grève, largement suivie sur tout le territoire national, vient d’être reconduite pour une nouvelle période de huit jours.
Dans le même temps, le constat est fait d’une cessation des cours à l’université Félix Houphouët Boigny, en réaction à de lourdes sanctions disciplinaires prises à l’encontre de huit enseignants.

NOTRE ANALYSE

Sur tous ces fronts, s’observe un durcissement de la position des enseignants confrontés au silence assourdissant, ponctué de menaces, des autorités de tutelle quant à leurs revendications légitimes.
La conséquence en est que l’école est bloquée et s’enlise dans une impasse qui fait ressurgir le spectre d’une année blanche au demeurant brandie par les autorités, comme un épouvantail censé effrayer les acteurs de l’enseignement avec qui le pouvoir refuse de s’asseoir à la table des négociations.

Au regard de ce climat délétère, EDS s’interroge sur les motivations des autorités qui, en lieu et place d’une réponse claire aux revendications, se perd dans des mesures impopulaires, inefficaces, inapplicables et inadéquates.

Récemment, en effet, le gouvernement a pris une mesure visant à la suppression des congés de février, et au réaménagement des congés de pâques, en vue, dit-on, de combler le déficit induit par la grève.
Question : comment peut-on prétendre régler les effets d’une réalité quand la cause demeure ?
Il ne fait aucun doute que, par son incapacité à proposer pour l’école ivoirienne des solutions idoines, le régime en place hypothèque gravement l’avenir de la jeunesse, facteur de développement durable.

NOTRE POSITION :

Convaincu de ce que le durcissement des positions est induit par l’inadéquation de la réponse gouvernementale aux revendications légitimes des enseignants, EDS :

- Dénonce l’option prise par les autorités de tutelle, de brandir la carte des menaces en lieu et place de propositions concrètes ;
- Réaffirme sa solidarité et son engagement aux côtés de tous les enseignants qui se battent pour l’amélioration de leur cadre de vie et de travail ;
- Exhorte le gouvernement à s’asseoir avec les enseignants à la table des négociations franches, ouvertes et responsables ;
- Invite les autorités de tutelle à la prise en compte des revendications légitimes des enseignants ;
- Appelle les autorités gouvernementales à tout mettre en œuvre pour sauver l’année académique en garantissant aux enseignant et aux enseignés un cadre de travail propice à leur épanouissement intégral.

Fait à Abidjan, le 12 février 2019

Pour EDS,
Le Président
Pr Georges Armand Ouegnin