International: La France rappelle son ambassadeur en Italie après une série d'«attaques sans précédent»

Par Le Figaro - La France rappelle son ambassadeur en Italie après une série d'«attaques sans précédent».

La rencontre avec des «gilets jauens» fait déjà suite à une série de propos d'une rare violence à l'encontre de l'exécutif français venant de Luigi Di Maio ou du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, patron de la Liga. Remo Casilli/REUTERS.

Après la rencontre en France du vice-président du Conseil Luigi di Maio avec des «gilets jaunes», le Quai d'Orsay déplore une série de «déclarations outrancières» et «d'attaques» sans «précédent» de responsables italiens. Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont réagi à cette annonce en se disant prêts à rencontrer Emmanuel Macron.

La rencontre entre le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, avec des «gilets jaunes» a fait déborder le vase. L'ambassadeur de France en Italie a été rappelé pour «des consultations», annonce ce jeudi le ministère des Affaires étrangères. «Cela n'a pas de précédent, depuis la fin de la guerre», souligne la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès von der Mühll. «Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus.» Et d'ajouter: «Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France.»

Rome ne veut pas de conflit avec la France, a dans la foulée déclaré l'autre vice-président du Conseil Matteo Salvini et Luigi Di Maio, par ailleurs chef de file du Mouvement 5 étoiles. Les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien se sont déclarés «disponibles» pour rencontrer Emmanuel Macron et «le gouvernement français». «Je ne veux de conflit avec personne, les polémiques ne m'intéressent pas», a déclaré Matteo Salvini. Dans son communiqué, il cite «trois questions fondamentales» à régler avec Paris. Le ministre italien demande «la fin des refoulements à la frontière». Ensuite, il réclame le retour en Italie d'«une quinzaine» de «terroristes italiens». Enfin, il demande à la France d'arrêter «de nuire à nos travailleurs frontaliers qui sont littéralement victimes de vexations tous les jours à la frontière française avec des contrôles qui durent des heures».

Luigi Di Maio a annoncé mardi sur les réseaux sociaux avoir rencontré des responsables des «gilets jaunes», en concluant: «Le vent du changement a franchi les Alpes. Je répète: le vent du changement a franchi les Alpes.» Cette entrevue s'est déroulée à Montargis, dans le Loiret. Christophe Chalençon, figure du mouvement dans le Vaucluse, était accompagné par d'autres candidats «gilets jaunes» aux élections européennes. Leur tête de liste, Ingrid Levavasseur, s'est elle-même avouée «stupéfaite» et assure n'avoir été prévenue de la rencontre que la veille au soir. Selon le M5S, les participants se sont fixé un nouveau rendez-vous «dans les prochaines semaines» à Rome.

Le «concours du plus bête»
Cette rencontre fait déjà suite à une série de propos d'une rare violence à l'encontre de l'exécutif français venant de Luigi Di Maio ou de Matteo Salvini, patron de la Liga. Ce dernier a notamment dit espérer que le peuple français se libère bientôt d'un «très mauvais président», des propos totalement inédits entre responsables de pays fondateurs de l'Union européenne. Début janvier, le patron du M5S, mouvement politique atypique né en 2009 du rejet de la vieille classe politique par une partie des Italiens, avait déjà apporté son soutien aux «gilets jaunes». Il leur avait aussi offert l'aide de la plate-forme internet du M5S, baptisée «Rousseau», pour «organiser des événements sur le territoire» ou encore «choisir des candidats» et «définir le programme électoral» via son système de vote.

L'ambassadrice d'Italie en France a d'ailleurs déjà été convoquée au Quai d'Orsay après des propos tenus par Luigi Di Maio le 20 janvier dernier. Il avait appelé l'Union européenne à des «sanctions» contre des pays comme la France, accusée «d'appauvrir l'Afrique» et de pousser les migrants à rejoindre l'Europe par sa politique de «colonisation». «En l'état, des visites de responsables français ne sont pas envisageables en Italie», avait par la suite prévenu la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, ajoutant que la France n'allait pas jouer au «concours du plus bête» avec les dirigeants italiens. «Le peuple italien est notre ami et mérite des dirigeants à la hauteur de son histoire», avait à son tour commenté le président Emmanuel Macron lors de sa visite au Caire fin janvier.
(Avec agences)

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