Présidentielle en Côte d’Ivoire : face aux craintes de tensions, Alassane Ouattara joue l’apaisement

Par Jeune Afrique - Présidentielle en Côte d’Ivoire. Face aux craintes de tensions, Alassane Ouattara joue l’apaisement.

Le président ivoirien, Alassane Ouattara. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA.

Les Ivoiriens seront appelés aux urnes en 2020 pour élire un nouveau président de la République. Face aux craintes d'un regain de tension, comme lors de la crise post-électorale de 2010-2011, le président Alassane Ouattara a assuré qu'« il ne se passera rien en 2020 ».

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire s’annonce tendue. Le président ivoirien Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié du PDCI ont rompu leur alliance et n’ont pas réussi à s’entendre sur la création du parti unifié RHDP. Leurs partis s’affronteront donc en 2020. Cette question de leadership a déjà ravivé les tensions lors des élections locales des 13 octobre et 16 décembre et coûté la vie à au moins six personnes en Côte d’Ivoire.

Le 7 janvier dernier, le corps diplomatique en Côte d’Ivoire n’a pas hésité à exprimer son inquiétude lors de la présentation des vœux au chef de l’État ivoirien à la salle des pas perdus du palais présidentiel d’Abidjan-Plateau.

L’ombre d’un regain de tension

Faustin Mounguengui-Nzigou, ambassadeur du Gabon en Côte d’Ivoire, dont le pays a été victime d’une tentative de coup d’État le jour même, a lancé un message au nom de ses pairs à l’endroit de tous les acteurs politiques ivoiriens pour « créer des conditions objectives de la pérennisation et la consolidation de cette paix si durement acquise ». Il a les a invités à bannir « dans leurs propos et leurs actes tout type de violence. »

Dans la capitale ivoirienne, comme dans le reste du pays, les événements de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts, n’ont pas été oubliés.

Les Ivoiriens marchent sur « un chemin qui a connu des épisodes douloureux », s’est alarmée Henriette Dagri Diabaté, présidente du Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, lors de la cérémonie de décoration du Nouvel An, le 10 janvier à Abidjan. Selon la Grande chancelière, « le ton » actuel des échanges et des débats dans le pays prépare « les esprits à l’affrontement ». Pour cette proche du président ivoirien, les « gros mots des années de crise sont de retour parmi nous. »

« La peur de nouvelles violences est légitime », selon Alain Toussaint, homme de médias et ancien conseiller en communication de Simone et Laurent Gbagbo. La faute « aux chapelles politiques qui attisent les tensions et les rivalités entre leaders du même camp ».

Alain Toussaint appelle ainsi à « un vrai débat sur les enjeux de la présidentielle de 2020, les projets et la vision des futurs candidats ». Selon lui, « ceux qui pensent qu’ils ont déjà gagné se trompent lourdement. »

Les craintes des Ivoiriens sur la présidentielle de 2020 sont « fondées car les raisons profondes de nos crises passées sont d’actualité », explique Innocent Gnelbin, président du parti politique Force aux peuples (FAP). Selon lui, « les conditions de la sécurité du processus électoral ne sont pas encore réunies ».

Il prend pour exemple les élections locales de 2018. « Six morts pour une simple élection locale sans véritable enjeux. Cela nous amène à nous poser des questions sur le scrutin présidentiel de 2020 ». L’un des principaux problèmes, selon lui, est la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne, qui « n’a jamais été indépendante ».

« Il ne se passera rien en 2020 »
Face à ces craintes, Alassane Ouattara, le président ivoirien, s’est voulu rassurant : « Il faut arrêter de se faire peur » car « il ne se passera rien en 2020 », a-t-il déclaré.

Pour Nicolas Djibo, proche du parti au pouvoir et maire de Bouaké – la ville d’où est partie la rébellion de 2002 conduite par Guillaume Soro – « il faut faire confiance au président de la République quand il dit qu’il n’y aura rien en 2020 et ce malgré les oiseaux de mauvais augure ».

Selon le maire de Bouaké, la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) annoncée par le chef de l’État ivoirien le 31 décembre dernier contribuera à « l’apaisement général en Côte d’Ivoire. »

Même son de cloche pour l’ambassadeur du Gabon en Côte d’Ivoire, pour qui « l’engagement résolu [du président ivoirien, ndlr] à réviser de manière consensuelle la Commission électorale favorisera sans nul doute l’organisation d’élections apaisées ».

L’heure est à la prudence à l’approche de l’élection présidentielle de 2020. Un entrepreneur de la diaspora ivoirienne a déjà pris ses précautions et protégé son outil de travail. Ce propriétaire depuis 2017 d’un magasin d’optique à Adjamé, un quartier au nord d’Abidjan, relativise cette crainte : « 2020 ne sera pas un bis repetita de 2010. Ce n’est ni le même contexte ni la même réalité. On ne peut pas reproduire deux fois les mêmes erreurs », espère-t-il.

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