Invité Afrique/Martin Fayulu: «C’est un véritable putsch électoral» en RDC

Par RFI - Invité Afrique Martin Fayulu «C’est un véritable putsch électoral» en RDC.

Le 8 janvier 2019, Martin Fayulu, candidat de l'opposition à la présidence congolaise, prend la parole lors d'une conférence de presse à Kinshasa. REUTERS/Baz Ratner.

L'opposant Martin Fayulu, crédité par la Céni de 34,8% des voix contre 38,57% à Félix Tshisekedi, dénonce un « putsch électoral », quelques heures après que M. Tshisekedi a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle en RDC. Il répond aux questions de Florence Morice.

RFI : Comment réagissez-vous à ces résultats à la présidentielle qui vous place deuxième derrière Félix Tshisekedi ?

Martin Fayulu : Ridicules, ces résultats n’ont rien à voir avec la vérité des urnes. C’est une vilaine escroquerie de Monsieur [Corneille] Nangaa et son camp politique, le FCC [Front commun pour le Congo]. C’est un véritable putsch électoral.

Vous voulez dire que le candidat vainqueur dont la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a dit détenir le nom, c’est vous ?

Il faut demander à la Cenco. Les chiffres sont connus. Nous, nous avons des chiffres. Mais quelle honte, quelle honte ! La victoire dans une élection ne se négocie pas ! Mais où est-ce que Monsieur Félix Tshisekedi a été récolté les sept millions de voix ? C’est un résultat qui vient des laboratoires. C’est une construction éhontée. Monsieur Nangaa a reçu des pressions. Lui-même nous l’a dit clairement qu’il voulait démissionner. Cette pression continue. Et là, ils ont fait un arrangement éhonté, un arrangement de bas étage, des gens qui n’ont aucune valeur pour voler la victoire au peuple congolais.

Donc Félix Tshisekedi a accepté de négocier pour vous voler votre victoire, selon vous ?

Il faut lui poser la question. Je comprends simplement que Monsieur [Valentin] Mubake avait dit que les « dauphins » étaient dans l’opposition, les soi-disant ou la soi-disant opposition. Le peuple congolais n’acceptera pas ces résultats. Et moi, je suis serein parce que je ne me permettrais pas que la victoire du peuple congolais lui soit volée.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement : vous allez déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle ?

Monsieur Nangaa a cité le nom de dieu, le dieu qu’il sert. Si c’est ce dieu-là qui a envoyé son fils Jésus-Christ pour nous délivrer ici, si c’est ce dieu-là qu’il vienne nous donner les résultats bureau par bureau, les résultats que tous les Congolais ont vu le jour du scrutin, à la fin du scrutin, à la fin du dépouillement, les résultats affichés dans chaque bureau de vote. Nous demandons à Monsieur Nangaa de nous amener ces résultats. Vous voyez la construction de Monsieur Nangaa : il commence par donner les résultats des élections législatives provinciales, qui n’étaient pas prévues dans son calendrier, où la Dynamique [de l'opposition] n’a absolument rien dans ces élections législatives provinciales pour vous dire, voilà que ce candidat n’est pas un candidat qui fait le poids, et pour après faire passer la pilule. C’est malheureux, c’est méchant, c’est diabolique.

Votre parti est assez récent, même si vous êtes soutenu dans cette élection par deux poids lourds de la scène politique congolaise, Moise Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Est-ce que Félix Tshisekedi n’a pas bénéficié de la force de l’appareil de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui peut-être vous a fait défaut ?

S’il vous plaît madame. Soyons sérieux. Les résultats sont là, sont connus. Il n’y a pas de question de parti récent ou de parti ancien. Donc ce n’est pas une question d’ancienneté, c’est une question d’une élection présidentielle qui est une rencontre d’un homme ou d’une femme avec son peuple. Et j’ai fait cette rencontre. J’ai communié avec le peuple congolais. Le peuple congolais a dit : c’est vous qui devez être à la tête du pays pour nous sortir de trou où Monsieur [Joseph] Kabila nous a mis. Donc on ne peut en aucun cas prendre ou voler la victoire du peuple congolais.

Qui a gagné cette élection alors ?

C’est le peuple congolais qui a gagné. Le peuple congolais a démontré clairement le choix qu’il a fait. Les chiffres sont là. Ce n’est pas à moi de donner des chiffres. L’ancien président malien a dit clairement « nous connaissons les gagnants ». Donnez les vrais résultats. Vous ne pouvez pas trafiquer les résultats. Les résultats, les vrais seront connus.

Vous demandez à la Cenco de rendre publics les résultats qu’elle a compilés ?

Je demande à la Cenco, à l’Eglise du Christ au Congo, à la Symocel [Synergie des missions citoyennes d'observation électorale], et à tous ceux qui ont observé les élections, de nous dire la vérité, de publier les résultats. On ne peut pas se taire. C’est une escroquerie. C’est une blague qu’on ne peut pas aujourd’hui accepter.

On vous a volé la victoire ?

On a volé la victoire du peuple congolais. Et le peuple congolais n’acceptera jamais que sa victoire lui soit volée.

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