Côte d’Ivoire/Alpha Blondy se livre comme jamais : « Mon cœur pleure car si le pays brûle, où vais-je aller ? »

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire/Alpha Blondy se livre comme jamais « Mon cœur pleure car si le pays brûle, où vais-je aller ? ».

Alpha Blondy. Image d'archives.

LU POUR VOUS
« Quand je vais dans ces pays, j’y rencontre des Ivoiriens, notamment au Brésil, même dans les petits coins perdus. J’ai rencontré un Ivoirien en Nouvelle-Calédonie, à 6 heures de route de Nouméa. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là-bas. Il m’a répondu qu’il est venu ‘’se chercher’’, à cause du « gbangban». Ça m’a fait un pincement au coeur. A Tahiti et en Australie, j’en ai vu. J’ai même rencontré à Marie-Galante, une île de la Guadeloupe, une famille de Français. Leurs enfants partaient au Collège Mermoz avec mes enfants. Quand je les ai vus, mon cœur a pleuré. A Saint-Martin, où on a fait le clip du titre « Vuvuzela », j’ai aussi rencontré des Ivoiriens. Vous êtes mon miroir. J’ai besoin de vous voir. J’ai besoin d’entendre vos compliments, même vos insultes, j’en ai besoin. Si le pays brûle, où vais-je aller ? Notre âme est ici. Quand je gagne 10 FCFA ailleurs, je réfléchis à l’endroit où je pourrai l’investir en Côte d’Ivoire. Je n’ai pas de passeport français. Ma femme est Française d’origine Coréenne. Mes enfants sont Ivoiriens et Français. Ils sont tous nés en France, sauf Ismaël Agana. Je peux donc avoir droit aux papiers français, mais je ne veux pas. Pour moi, c’est comme si je trahissais le pays. Quelque part, les Ivoiriens ne comprennent pas ce qu’ils représentent pour moi. (Il fond en larmes). Désolé, je suis comme mon grand-frère Benson, je pleure vite. Je connais tout le monde. C’est à cause de vous qu’on m’a nommé Ambassadeur de l’ONU, de la Cedeao. Donc, quand des responsables d’un pays te respectent à une certaine dimension, tu es ému. Moi, j’ai peur de ceux qui me respectent, parce que je ne veux pas faillir. Bédié m’a honoré, Gbagbo m’a honoré, Ouattara m’a honoré. Le seul honneur que je ne voulais pas, c’est celui de l’autre (ndlr, le Général Guéi), parce qu’il m’avait fait peur. Les Ivoiriens m’ont toujours honoré. Je leur serai toujours redevable. Je peux entrer dans n’importe quelle maison en Côte d’Ivoire, les gens vont m’accueillir à bras ouverts. Je suis dans la circulation, des agents de la police m’appellent papa, mon premier fils a aujourd’hui 45 ans. Et ceux qui sont plus âgés que moi m’appellent petit-frère. Y a-t-il plus grande richesse que ça ? Certains comptent les richesses en billets numérotés, c’est gentil. Mais, Dieu m’a donné plus que ça : l’estime des Ivoiriens. Et cela, je tiens à cela. Le jour où Dieu m’enlève le souffle de vie, ce que je demande à l’Etat ivoirien, qu’il m’enterre chez moi à la maison. Je vais avoir l’impression de continuer une longue nuit. »

ALPHA BLONDY