William Fitzgerald, sous-secrétaire d`Etat adjoint aux Affaires africaines : “Laurent Gbagbo ne sera pas au palais présidentiel dans un mois”

Le 22 décembre 2010 par le Nouveau Réveil - Le sous-secrétaire d`Etat adjoint aux Affaires africaines, William Fitzgerald, était l`invité de Rfi, hier. Il a invité l`ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, à céder le pouvoir qu`il veut

Laurent Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire.

Le 22 décembre 2010 par le Nouveau Réveil - Le sous-secrétaire d`Etat adjoint aux Affaires africaines, William Fitzgerald, était l`invité de Rfi, hier. Il a invité l`ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, à céder le pouvoir qu`il veut

confisquer au président élu, Alassane Ouattara.
Jeudi dernier, vous avez dit que Laurent Gbagbo avait un temps limité pour quitter le pouvoir. Qu`est-ce que cela signifie ?
Ça signifie que pour les Etats Unis, il y a quelques offres, quelques propositions pour le président Gbagbo. Il doit choisir ou il va risquer les prochaines étapes de mesures contre lui-même, contre sa famille et les conseillers qui travaillent avec lui.
Ce qui veut dire qu`il risque d`être interdit de voyager, non seulement en Europe, mais également aux Etats-Unis ?
Tout à fait. Ça peut être la même chose pour les filles, les enfants qui sont actuellement aux Etats-Unis.
Depuis plusieurs années, le Zimbabwéen Robert Mugabe est frappé par une telle sanction, mais cela ne l`empêche pas de rester au pouvoir à Harare.
C`est dommage. C`est le problème que les sanctions, de temps à temps, ne marchent pas. Alors, il y a d`autres mesures que la communauté internationale peut envisager d`utiliser pour faire partir M Gbagbo du pouvoir.
Quand vous dites d`autres mesures, ce sont d`autres sanctions ou des mesures encore plus fortes, voire des mesures militaires ?
Je crois en ce moment qu`il y a plusieurs actions qui restent sur la table.
On se souvient du discours du président Obama à Accra il y a dix huit mois : "L`Afrique n`a pas besoin d`hommes forts, elle a besoin d`institutions fortes". Est-ce qu`on peut parler d`une doctrine Obama qui s`applique aujourd`hui ?
Ça, c`est sûr. Le point primordial pour le président, pour nous aux Etats-Unis, c`est la démocratie. Les Ivoiriens ont voté. Les résultats étaient clairs : Président Ouattara a gagné l`élection. La personne qui a perdu doit quitter le pouvoir. La doctrine de Obama est que la démocratie est primordiale, tout comme la bonne gouvernance, le respect des Droits de l`Homme. Il y a des rapports d`informations qui viennent aujourd`hui de la Côte d`Ivoire par rapports aux violations des Droits de l`Homme de la part des forces de sécurité de M Gbagbo.
Est-ce que le président Obama s`est entretenu au téléphone avec M Gbagbo depuis l`élection du 28 novembre ?
Malheureusement, non.
Alors, on dit justement que le 03 décembre, le jour où le Conseil constitutionnel a annoncé la victoire de M. Gbagbo, le président Obama a essayé d`appeler M. Gbagbo au téléphone. C`est ça ?
C`est ça.
Et qu`est-ce qui s`est passé ?
M. Gbagbo n`avait pas répondu. Et ensuite, le président Obama a envoyé une lettre.
Est-ce que M. Gbagbo a répondu à cette lettre ?
Pas encore.
Ce qui frappe, William Fitzgerald, depuis trois semaines, c`est la synchronisation entre Washington et Paris. Est-ce que vous, les Américains, vous vous coordonnez avec les Français ?
Bien sûr ! Nous travaillons ensemble très étroitement avec les Français. Mais aussi on travaille avec les pays de la sous-région. Par exemple avec le Nigéria, le Ghana, le Sénégal, la Cedeao, l`organisation régionale de l`Afrique de l`Ouest. On travaille très étroitement aussi avec l`Union africaine, avec M. Ping et plusieurs pays d`Afrique.
Ces pressions occidentales sont rejetées par le camp Gbagbo qui affirme que tout cela, c`est du néo colonialisme.
Franchement, c`est difficile de penser ces choses. On imagine toutes les choses pour amadouer le peuple. Mais ça, c`est de l`histoire ancienne.
Ce que disent aussi les partisans de Laurent Gbagbo, c`est que la Côte d`Ivoire n`est pas le seul pays où les résultats d`une élection sont contestés. Et que vous les Américains, vous êtes beaucoup plus indulgents avec Moï Kibaki au Kenya ou avec Hosni Moubarak en Egypte.
C`est très intéressant ce qui s`est passé en Côte d`Ivoire. Selon la résolution de l`Onu, c`était la certification des résultats de l`élection. Avec le travail de la Commission électorale indépendante, tout le monde sait très clairement que M. Ouattara a gagné avec 54%. C`est-à-dire que c`est clair que M. Gbagbo a perdu et c`est tout.
Si les sanctions ne suffisent pas, le Premier ministre Kényan Raila Odinga, propose le recours à la force militaire pour faire partir Laurent Gbagbo. Qu`est-ce que vous en pensez ?
Je crois que le président en exercice de la Cedeao a dit la même chose. On voudrait éviter la violence, on voudrait éviter la nécessité d`envoyer des troupes par exemple de la sous-région. Mais de toutes les façons, toutes les mesures sont sur la table en ce moment.
Justement si la Cedeao, notamment le Nigéria, décide de lancer une opération militaire en Côte d`Ivoire, comment réagirez-vous ?
On va probablement soutenir chaque mesure sélectionnée par le Nigéria et le président Goodluck Jonathan.
Y compris s`il s`agit d`une mesure de nature militaire ?
Je vous ai dit que toutes les mesures sont sur la table en ce moment.
Est-ce que dans un mois, vous pensez que Laurent Gbagbo sera toujours au palais présidentiel ?
Non, absolument pas.
Et pourquoi êtes-vous aussi certain ?
Parce que je crois que c`est l`unanimité avec la majorité des Ivoiriens, le monde entier.
Propos recueillis par Paul Koff