Un pays, deux présidents: Mba Obame tente le scénario ivoirien au Gabon

LIBREVILLE, 26 jan 2011 (AFP) - L'opposant et député gabonais André Mba

Obame, qui conteste l'élection d'Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon depuis 2009, s'est autoproclamé mardi président et a formé son "gouvernement",

LIBREVILLE, 26 jan 2011 (AFP) - L'opposant et député gabonais André Mba

Obame, qui conteste l'élection d'Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon depuis 2009, s'est autoproclamé mardi président et a formé son "gouvernement",

s'inspirant d'une dyarchie dont tente de sortir la Côte d'Ivoire.
Le ministre de l'Intérieur Jean-François Ndongou l'a accusé avec ses
compagnons politiques d'avoir "violé gravement" la Constitution et commis "un
crime de haute trahison" alors que le Parti démocratique gabonais (PDG, au
pouvoir) a dénoncé un "acte de sédition" en appelant à sévir contre lui.
Mba Obame, ex-ministre gabonais de l'Intérieur, a prononcé sa déclaration
et le serment constitutionnel d'investiture devant une foule de partisans et
journalistes à Libreville au siège de l'Union nationale (UN).
Il a toujours revendiqué la victoire à la présidentielle gabonaise (tour
unique) du 30 août 2009, tout comme la filiation spirituelle du président Omar
Bongo, père d'Ali Bongo, décédé deux mois avant le scrutin. Selon les
résultats définitifs validés par la Cour constitutionnelle, Ali Bongo a été
élu avec 41,79% des voix devant l'opposant historique Pierre Mamboundou (2e

avec 25,66%) et André Mba Obame (3e avec 25,33%)
"Le vote des Gabonais est plus fort que la décision d'une Cour
constitutionnelle aux ordres (...) Le Gabon doit être dirigé par celui que les
Gabonaises et les Gabonais ont réellement choisi", a estimé Mba Obame dans son

"adresse au peuple gabonais" diffusée par sa chaîne de télévision TV+.

Il a cité et répété avec insistance un article de "la déclaration des

droits de l'Homme et du citoyen de 1793" évoquant "l'insurrection" comme droit
et devoir "quand le gouvernement viole le droit du peuple".

"Mes chers compatriotes, nous y sommes! (...) Prenons nos responsabilités.
Personne ne le fera à notre place. Nous ne sommes pas plus lâches que les

Ivoiriens", a-t-il lancé, sibyllin, annonçant avoir nommé comme "Premier
ministre" Raphaël Bandega Lendoye, universitaire et cadre de l'UN. Le
"gouvernement" ensuite dévoilé par M. Bandenga Lendoye compte 18 ministres.
La Côte d'Ivoire tente de sortir d'une grave crise politique résultant de

sa présidentielle 28 novembre. Un bras-de-fer y oppose deux présidents
proclamés, chacun ayant formé son gouvernement et dont aucun ne semble prêt à
abandonner: Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur du scrutin par le Conseil
constitutionnel, et Alassane Ouattara, déclaré élu par la commission

électorale et reconnu par la quasi-totalité de la communauté internationale.
André Mba Obame a appelé à une adhésion populaire sans demander
explicitement une révolte mais, encore énigmatique, a précisé être lui-même
"prêt à tout".
S'il s'est inspiré du scénario ivoirien, à l'entendre, Mba Obame rêve
plutôt de l'exemple en Tunisie où une révolte populaire historique a renversé
le président Zine el Abidine Ben Ali.

"Nous ne sommes pas plus lâches que les Tunisiens. Alors, l'Histoire est en

marche, on y va!", a-t-il soutenu, assurant n'avoir "ni arme, ni armée" mais
avoir avec lui "le peuple gabonais et sa détermination."
Selon des observateurs, son initiative a peu de chances d'aboutir après 15
mois de pouvoir d'Ali Bongo dans ce pays pétrolier, havre de stabilité dans
une région éprouvée par des rébellions ou guerres civiles.
Au regard de la "lourde responsabilité" qu'ils ont prise, Mba Obame et ses
compagnons sont passibles de procès, levée d'immunité parlementaire,
dissolution de leur parti et radiation de la fonction publique, a prévenu le
ministre de l'Intérieur. Et le gouvernement pourra prendre à leur encontre
"toute autre mesure légale et réglementaire nécessaires".
AFP.