Traitement au rabais des employés de Carrefour, Abidjan Mall construit sur du faux (?) : vers la négation des droits des faibles en Côte d’Ivoire ?

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Traitement au rabais des employés de Carrefour, Abidjan Mall construit sur du faux (?). Vers la négation des droits des faibles en Côte d’Ivoire ?

A droite. Dapa Donacien, Juriste, Chroniqueur Indépendant,

Je ne reviendrai pas sur la ségrégation salariale à la multinationale Carrefour selon que l'employé travaille en Europe ou en Côte d’Ivoire. La web sphère en a eu l’écho à l'occasion de la grève des employés de ladite entreprise, qui fait l'actualité en Côte d’Ivoire.

Au-delà de la différence de niveau de vie d’un espace géographique à un autre qui pourrait expliquer un certain apartheid salarial, il y a lieu tout de même de s’étonner du silence (complice ?) de l’Inspection du Travail de notre pays sur les écarts effarants d’une insolence notoire, si l’on s’en tient aux dénonciations faites par les grévistes.

À l’avenir, ne serait-il pas ingénieux d’imposer aux multinationales qui s'installent en Côte d’Ivoire, un certain parallélisme entre le niveau des salaires au siège dans la métropole et une certaine justice ?

Ce qui pose la sempiternelle problématique des faiblesses des institutions étatiques à protéger les droits et la survie des faibles, face à la puissance de l'argent.

Le cas des ayant droits de feu Boundy dans la scabreuse affaire d'expropriation de leur possession familiale, il y a peu à Marcory avec l’indignation générale de la population ivoirienne (toutes tendances idéologiques confondues), achève de convaincre. Pour la première fois, dans un élan national de solidarité, la fibre patriotique a contraint des adeptes de la goujaterie à reculer.

Dans cet élan de solidarité patriotique, comment ne serions-nous pas choqués de tomber sur des documents probants qui frisent la négation des faibles ? Et qui indiqueraient, selon toute vraisemblance qu’Abidjan Mall se serait approprié illégalement l’espace occupé, sans la moindre transaction contractuelle, ni financière avec le détenteur légal reconnu de manière in-dé-lé-bile depuis 1960 à ce jour dans les livres de l’Agence de gestion foncière (AGEF).

Si les Investissements directs étrangers (IDE) constituent un apport incontournable à toute économie qui se veut dynamique, les garants de la réglementation devraient cependant veiller à ce que ces investisseurs ne tombent dans les griffes de fripouilles, goujats et autres gougnafiers. Ces malhonnêtes qui prospèrent à travers l'industrie du faux et usage de faux impunément dans notre pays, notamment dans la contrefaçon et la falsification de documents administratifs.

Le Super marché, Abidjan Mall dont la qualité des produits a dépassé les limites de nos frontières est dans l’œil du cyclone. Les premiers responsables auraient traité avec un tiers indu en lieu et place du propriétaire légal, reconnu dans les livres de l’AGEF, feu Manké André.

https://youtu.be/qpYVHPuXH9w

Votre serviteur, tout comme l'ensemble des Ivoiriens si fiers des locaux et clients assidus à Abidjan Mall seraient frustrés à l’image des chocolatiers américains et européens qui avaient décidé unanimement de boycotter le cacao ivoirien au seul motif que des enfants exploités travailleraient dans les plantations ivoiriennes.

Alors, principe de réciprocité oblige, c’est un défi pour les journalistes investigateurs de mener une enquête dans l’intérêt des consommateurs que nous sommes. Nous ne saurions rester inactifs quand les intérêts de cet natif d’Anono, village Atchan, sont bafoués.

Le disque dur des livres de l’Agence de gestion foncière (AGEF) confond les rapaces et autres vautours qui s’accordent les violons de malhonnêtes corbeaux administratifs pour prospérer dans le faux.

Le Droit Administratif des Biens (DAB) et les experts de Domanialité Publique n’auront aucune difficulté à reconnaître que les droits de propriété foncière de la famille Manke demeurent entiers et jamais éteints sur l’espace dont se prévaut Abidjan Mall.

Toutefois, l’administration de la preuve contraire incombe à Abidjan Mall. Mais alors, avec qui et pourquoi l’acte de vente n’a pu être inscrit dans les livres de l’AGEF ?

Les autorités publiques devraient se saisir de cette question afin que les investissements directs étrangers ne riment pas avec dépossession des vrais détenteurs des droits de propriété foncière à zéro franc.

Avons-nous un droit à agir ou la qualité pour agir ?

Oui, absolument. Les Atchan (déformation de Djaman = ceux qui ont déserté leur terroir initial au Ghana avant d'arriver les premiers dans la région actuelle d'Abidjan) ont été engendrés par les Ashanti (Asante), eux-mêmes engendrés par les Koulango à savoir les Oyoko (ceux qui ont déménagé définitivement de Saye, actuel parc national de biodiversité de la Comoé ou parc de Bouna).

Rappelons que la dynastie Oyoko constitue le gisement ou la lignée où se recrutent les dignitaires ayant qualité pour régner sur le trône des Ashantis.(Cf archives du Ministère du Plan de Côte d'Ivoire, Peuplement de Bouaké, Page 19, (1962-1964).

Le roi d’Anan (village atchan derrière Bingerville,voir photo à titre d'illustration de toute l'attention dont nous étions l'objet de la part du roi de Annan et sa famille ) ne vous dira pas le contraire. Les Atchan pour la plupart sont une ramification des Ashanti.

Au surplus, nous avons eu le privilège d’être invité puis adopté par la notabilité de ce village en 2018, aux fins de nous témoigner de leur hospitalité en réciprocité de la légendaire hospitalité des Koulango dont le roi d’Anan et certains de ses notables disent avoir été l’objet, alors qu’ils étaient élèves dans les villages Koulango de Bondoukou.

C’est la raison pour laquelle ils ont ténu à inviter et recevoir l’auteur de la Fabuleuse Epopée Koulango Exhumée (Editions Universitaires Européennes), votre serviteur.

Devenu fils atchan par adoption et résident sur le territoire Atchan,le moindre acte de gratitude de notre part,c’est de venir spontanément au secours d’un membre de la Communauté Atchan dépossédé irrégulièrement de son patrimoine foncier au profit du plus imposant hyper marché d’Abidjan.

Enfin, citoyen ivoirien, de surcroit juriste, notre intérêt pour agir, réside dans un but d’intérêt général à ce que les investissements directs étrangers (IDE) à venir ne soient tentés de contourner les détenteurs de droits légaux consignés dans les livres de l’AGEF pour contracter avec des tiers non enregistrés et non reconnus par l’organe officiel habilité à savoir l’AGEF dont les livres font foi pour la Conservation foncière.

Et c’est bien le cas ici dans le cas d’espèce : aucune trace de transaction n’a jamais eu lieu ni entre Monsieur Jalal Kawar PDG d’Abidjan Mall et Monsieur Manké André le propriétaire foncier légal à l’AGEF ni entre monsieur Jalal Kawar et les ayant-droits de feu Manké André, décédé avec ce chagrin dans le cœur et inhumé en juillet dernier.

Triste non seulement pour ses ayant droits, mais aussi pour la sécurité juridique des investissements dans notre pays, si l’AGEF sensée garantir les droits de propriété dans ses livres puisse être outrepassée par des nageurs en eaux troubles pour « déposséder » allégrement les détenteurs légaux de foncier, ce serait fini pour la confiance du citoyen aux gestionnaires dépositaires de la domanialité publique.

Fort heureusement, l’AGEF ne connait que Manké André dans ses livres et nul autre propriétaire sur l’ilot 43 du plan de lotissement, autrement dit, le foncier supportant les installations de l’hyper marché Abidjan Mall.

Est-ce une nouvelle affaire Boundy en perspective si le bras de fer perdurait ou les conseils juridiques d’Abidjan Mall couperaient court l’affaire en trouvant un accord avec la famille de Manké André ?

Nul doute que les associations de consommateurs qui pensent de plus en plus au boycott systématique des produits violant les intérêts vitaux des nationaux ne manqueraient pas de se faire un écho bruyant de cette violation outrancière des règles relatives à l’achat de terrain en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan.

Car depuis que les industries chocolatières et les lobbies américains et européens ont indiqué la voie du boycott ( à partir d’allégation au sujet du cacao ivoirien) lorsque les conditions de production des biens et services heurtent la conscience humaine ou procèdent d’une exploitation illégale des droits d’autrui insuffisamment rémunérés, l’opinion publique ivoirienne entend de plus en plus appliquer le principe de réciprocité.

C'est ainsi que lorsqu'au sortir de la COVID, constat a été fait sur la hausse sauvage des tarifs de transport par car, les consommateurs avaient ménacé de lancer un boycott des transports publics le 8 août dernier avant que les prix baissent drastiquement. Les consommateurs ont alors compris qu'ils détiennent une arme efficace: le boycott des commerces.

Ouvrir un hyper marché sur les terres atchan, c’est bien. Encore faut-il que les droits de propriété foncière ou coutumière soient purgés dans les bonnes mains et non dans des mains indues.

A bon entendeur !

Une contribution de Dapa Donacien

Juriste, Chroniqueur Indépendant,

Promoteur du Festival de la Renaissance Koulango, résident sur un territoire Atchan

Email:dapadonacien@gmail.com