Soldats français tués en Afghanistan: HOLLANDE MAINTIENT LE CALENDRIER DU RETRAIT FRANÇAIS EN AFGHANISTAN

Le 10 juin 2012 par LIBÉRATION - REPORTAGE L'attentat qui a tué quatre soldats ce samedi «n'accélère ni ne ralentit» le retrait des troupes, a affirmé le chef de l'Etat depuis

François Hollande à Tulle, pour la cérémonie de commémoration du massacre de civils par les nazis le 9 juin 1944. (Photo Reuters - pool.)

Le 10 juin 2012 par LIBÉRATION - REPORTAGE L'attentat qui a tué quatre soldats ce samedi «n'accélère ni ne ralentit» le retrait des troupes, a affirmé le chef de l'Etat depuis

Tulle, lors d'une cérémonie en mémoire des 99 habitants pendus en 1944 par les Nazis.
D’un hommage l’autre. Des sonneries aux morts lourdement symboliques. François Hollande avait prévu, comme il le fait chaque année, de consacrer sa journée du 9 juin à saluer la mémoire des 99 habitants de Tulle pendus en 1944 par les Nazis. Mais l’aller-retour de 24 heures - vote pour les législatives compris – dans son fief a été percuté par l’actualité internationale et l’annonce de la mort de quatre soldats français en Afghanistan – les premiers depuis qu’il a remporté la présidentielle. Cinq autres ont été blessés lors d’un attentat suicide dans la vallée de la Kapisa, au nord-ouest de Kaboul.
« Face à cette épreuve, qui n’est hélas pas nouvelle, les Français resteront rassemblés. C’est ainsi que sera honorée la mémoire des 87 compatriotes tombés en Afghanistan » depuis 2001, déclare le chef de l’Etat à la mi-journée, annonçant un « hommage national » pour les quatre nouvelles victimes, jeudi, aux Invalides. L’allocution de quatre minutes à la préfecture de Tulle s’est glissée dans les interstices de son programme du jour entre une rencontre avec le « comité des Martyrs de Tulle » et un déjeuner avec ses anciens collaborateurs du Conseil général.
L’occasion de préciser - enfin - le calendrier de retrait des « forces combattantes » françaises, l’une de ses promesses de campagne présidentielle. Les premiers départs sont programmés en juillet – 200 à 300 hommes selon l’Elysée – avant d’attendre octobre « pour sortir massivement ». « Il n’est pas possible d’aller plus vite sans exposer »les militaires français, dit-on de même source. Mais pour « le plus gros du matériel », la présidence parle de « après janvier » 2013.
Tout est risqué
Pour Hollande, « ce qui s’est passé ne change rien, n’accélère ni ne ralentit » le processus de retrait. Mais cela le renforce dans sa détermination à mener à bien ce retrait, comme l’ont déjà fait les Canadiens et les Néerlandais. « Ce sera une opération risquée,concède-t-on de source française. Tout est risqué. Le danger, c’est d’être en Kapisa et de revenir de Kapisa ».
Le chef de l’Etat, qui avait effectué une visite surprise sur la base de Nijrab où étaient basés les soldats attaqués ce samedi, a appris la nouvelle vers 9 heures samedi matin, soit « quelques minutes après l’explosion », alors qu’il avait pris la route de Paris pour rejoindre Tulle. Avant de s’entretenir depuis sa voiture avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, attendu à Kaboul dimanche. « J’ai immédiatement revu des visages des soldats que j’avais rencontrés », confie le président aux journalistes en fin de journée.
A son arrivée à Tulle, Hollande a décidé de zapper son traditionnel passage du samedi matin par les marchés de la ville. « Les images d’embrassades n’étaient plus possible avec quatre morts », glisse un de ses proches. Mais en fin d’après-midi, il y a la marche entre les deux « monuments aux Martyrs » de Tulle – deux kilomètres à pieds que Hollande effectue tous les ans depuis 1988 – son hommage à lui à la Résistance. Comme François Mitterrand, qui gravissait la roche de Solutré ou Nicolas Sarkozy, qui avait choisi, lui, le plateau des Glières.
Glaïeuls
Mais sous un ciel de traîne, le silence peine à se faire et la cérémonie vire vite au bain de foule avec autographes, sourires et force« bisous ». Le chef de l’Etat et sa compagne, Valérie Trierweiler, remontent la route entourés d’un bon millier de personnes – familles des pendus, anciens combattants, enfants des écoles de Tulle mélangés aux simples badauds espérant une photo-souvenir. Il se met à pleuvoir. Encore. « Je le fais exprès, s’amuse Hollande. Il y a tout le temps de la pluie. Pendant cinq ans de la pluie, rendez-vous compte. »
Avec les élus du cru, dont Sophie Dessus qui brigue dimanche sa succession à l’Assemblée, tout en marchant, il fait un tour d’horizon électoral à quelques heures du premier tour des législatives. La troupe passe devant les balcons et les lampadaires où ont été pendus 99 hommes le 9 juin 1944 par la division SS Das Reich qui voulait venger la mort de quarante soldats nazis tués par les résistants la veille. Dans les rues, pour chaque mort français, une composition florale y a été attachée, des œillets ou des glaïeuls sur une grande feuille de palme.
Devant les stèles, la solennité l’emporte enfin quand monte le Chant des partisans et la sonnerie aux morts. On entend la rivière Corrèze couler en contrebas quand des collégiens égrènent un à un les noms des pendus et des 149 déportés. De Charles Albert, qui ouvrit lui-même la porte aux Allemands venus officiellement pour vérifier ses papiers, à René Wetta, un serrurier de 25 ans, mort six mois plus tard dans le camp de Flössenburg.

Par LAURE BRETTON Envoyée spéciale à Tulle