Scandale/Affaire CMU obligatoire : Les populations ivoiriennes grognent

Par pressecotedivoire - Scandale/Affaire CMU obligatoire. Les populations ivoiriennes grognent.

Les populations ivoiriennes grognent contre l'obligation d'avoir la carte CMU pour certaines prestations.

Le conseil des Ministres du 28 septembre 2022 a adopté un décret relatif à la mise en œuvre de l’obligation d’enrôlement à la couverture maladie universelle. Cette mesure, selon le Gouvernement de Côte d'Ivoire, vise à garantir le déploiement complet du système obligatoire de couverture du risque maladie au profit des populations vivant en Côte d’Ivoire.

Une décision qui n’est pas partagée par la population, toutes couches politiques confondues. De l’ouvrier au cadre supérieur, en passant par la ménagère, l’étudiant, ou encore le cadre moyen, tous sont unanimes quand ils affirment ne rien comprendre dans la volonté du gouvernement à « imposer » l’adhésion de la CMU ivoiriens qui ploient déjà sous le poids de l’inflation grandissante.

« Le système de santé offre-t-il les garanties nécessaires aux populations (ressources humaines qualifiées, plateaux techniques, disponibilité de poches de sang et de médicaments, etc.…) ? Les soins de santé "Gratuits" le sont-ils en réalité ? (Ex. : césarienne) Cette carte CMU ne crée-t-elle pas plus de confusions/ de difficultés au contribuable ? (Ex. : l'Ivoirien sans CMU n'est plus employable), s’est interrogé le responsable chargé de la communication et de la propagande du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon sur son profil Facebook officiel.

Comme ce chef d’entreprises, plusieurs ivoiriens se posent des questions sur la nécessité de rendre obligatoire la détention de la carte CMU pour des prestations diverses. Les salariés et même les travailleurs du secteur informel ne comprennent pas le sens de cette assurance qui qui en rajouter à leurs charges, mais qui ne sert pas à grande chose.

« La CMU ne doit pas être une contrainte pour le citoyen, parce que déjà nous qui avons peut-être un emploi, elle nous revient comme un fardeau. Il nous faut payer les cotisations pour les enfants et les parents qui sont à notre charge. Pour les concours, j’estime que les gens n’ont pas assez de moyens pour s’inscrire et s’ils doivent venir présenter la CMU encore qui est une autre contrainte ça rend les choses beaucoup plus difficiles. Je pense qu’il ne faut pas obligé quelqu’un à souscrire à une assurance. Une assurance doit être quelque choses de libre », nous a confié M. Job Kouho, entrepreneur basé à Abidjan.

Il est rejoint dans sa thèse par M. Kouamé Christopher, informaticien à Abidjan qui s’est fait enrôlé et qui détient sa carte CMU depuis 2017. Il pense que le principe est bon car il permet à tout le monde d’avoir au moins une assurance. « Mais le retour d’expérience que j’ai dessus est que la carte CMU ne me convenait pas dans la mesure où beaucoup de médicaments ne passaient pas dessus. Et, vu que j’ai une autre assurance, je pense que je n’ai pas besoin de celle-ci car elle me fait des dépenses inutiles », a-t-il regretté.

Même son de cloche pour certains étudiants que nous avons rencontrés. Pour Boli Romaric, « la carte CMU ne sert à rien » parce que cela ne permet pas d’avoir une réduction sur le coût des prestations dans les hôpitaux. « Si le médicament coûte 2000 f, tu vas payer les 2000f . On nous prélève de l’argent et on n’arrive pas s’en servir. Pour moi, je pense qu’on doit retirer la carte, on ne doit pas obliger les citoyens à avoir la carte », s’est-il plaint.

M Kablan Vincent, couturier à Abidjan s’indigne du fait que l’Etat veuille imposer la CMU aux populations. « Nous constatons que c’est nous qui avons les moyens plus que notre État. Parce qu’on se dit que nous sommes pauvres et que nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts. La preuve en est que le coût des fournitures scolaires a grimpé. On dit un enfant, une carte CMU pour pouvoir évoluer dans l’avenir. Si tu as dix enfants, tu dois payer 10 000f par mois alors que tu es un homme de métier comme moi n’arrive même pas à économiser ne serait que 10 000f par mois. Si c’était le père et la mère qui devaient avoir la carte CMU, cela aurait été mieux mais avec les enfants, c’est compliqué », a-t-il proposé.

Du côté des femmes, le discours ne diffère pas. Tout comme les hommes, elles estiment que l’obligation à avoir la carte CMU est un poids financier supplémentaire.

« La CMU nous coûte chère. Chaque fin du mois on prélève les salariés sans compter nous qui ne travaillons pas, avec des enfants à notre charge. La vie est chère. A quoi sert maintenant la carte d’identité si nous avons besoin de la carte CMU pour toutes nos opérations? », se demande Mme Kouadio, ménagère à Abidjan-Yopougon.

Abondant dans le même sens, Mme Akissi N’goran, Secrétaire, pense qu’on devrait pas obligé les gens à souscrire à la carte CMU. Je pense que cette stratégie ne va pas fonctionner. Peut-être par peur ou pas nécessité les gens vont le faire. Mais est-ce que c’est la bonne manière de faire ? Parce que j’estime que si c’est quelque chose de bon, on n’a pas besoin de forcer la main aux populations », a-t-elle ajouté.

Solange ARALAMON Col : Djeneba Diakité et Leticia Tanou (Stagiaires)